Ceux qui s'en prennent au syndicaliste Edouard Martin sont des sots ou des aigris. Ou les deux. Le long combat pour le site industriel lorrain de Florange, dont il avait été l'âme et le cerveau, ne s'est pas terminé par un triomphe complet. Mais la négociation a été payante pour les salariés. Garder les hauts fourneaux en fonctionnement n'entrait pas dans la stratégie de l'entreprise, qui a choisi de les installer ailleurs, à Dunkerque par exemple. Mais par la vertu du dialogue, grâce à l'intervention opportune de l'autorité politique, non seulement il n'y a pas eu de licenciement sec, mais création de nouveaux emplois et de nouvelles activités. On peut dire que Florange va prospérer dans le proche avenir en tant que site industriel.
L'action syndicale ayant rendu, au terme de cette phase critique, tout ce qu'elle pouvait rendre, Hollande s'étant même personnellement engagé à visiter les travailleurs une fois par an pour faire le point, le citoyen Martin, la conscience en paix, pouvait passer, à l'âge de 50 ans à une autre étape de sa vie personnelle et professionnelle. La CFDT est une confédération réformiste, d'esprit social-démocrate. Rejoindre le PS constitue une démarche naturelle, chargée de logique.
Depuis la victoire de la gauche en mai 2012 les conflits sont localisés et dispersés. Au niveau hexagonal, voire européen, tout se passe comme s'il n'y avait pas de pilote en cabine confédérale. Le corporatisme a trop souvent pris le pas sur la lutte syndicale. Celle-ci n'offre plus de perspective globale. La seule exception concerne la CFDT. Depuis le début des années 70 avec Edmond Maire la relation avec le PS est permanente. On se respecte, on s'écoute, sans que ce soit pour autant de l'amour fou. Les autres organisations, CGT incluse, n'ont pas fini de se chercher. Certaines ne se retrouveront jamais. FO et les syndicats enseignants sont en lambeaux, vagabondent au gré de conflits localisés, la main tendu vers tout micro passant à proximité.
La décision personnelle d'Edouard Martin se situe dans le droit fil du syndicalisme ouvrier originel, quand syndicats et partis ouvriers étaient complémentaires. Ce n'est pas en maniant l'insulte et en bavant de haine, à l'image du leader CGT d'Aulnay, que l'on fera avancer les choses dans notre environnement européen actuel. Mais en préparant des dossiers solides pour imposer son point de vue dans des négociations souvent planétaires.
Antoine Blanca