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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 10:21

Le Brésil s'installe solidement dans la démocratie. Le plus important pays latino (n°2 aux Amériques derrière les USA), a pourtant vécu, de 1964 à 1985, sous les bottes des militaires. Il y aura 50 ans le 31 mars, les Brésiliens et leurs amis à travers le monde (j'en étais et je me souviens) apprirent que le gouvernement librement élu de Joao Goulart avait été renversé et que les Forces Armées allaient exercer le pouvoir. La surprise fut totale. A l'exception du vaillant travailliste Leonel Brizola, qui résista un moment les armes à la main dans son Etat de Rio Grande do Sul, le nouvel ordre s'installa sans difficulté. La jeunesse de gauche universitaire s'organisa dans la clandestinité. La répression fut impitoyable et de nombreux Brésiliens (dont l'actuelle Présidente Dilma Rousseff) portent encore sur leur corps les traces de la torture qui avait été institutionnalisée comme arme de répression. Un enseignement des différentes manières de torturer fut même instauré dans des amphithéâtres à l'intention d'officiers et de sous-officiers. Le Pentagone envoya des spécialistes. Par dérision on appela cette sinistre université 'a Sorbona'.

Si j'insiste pour marquer cet anniversaire, c'est pour rappeler qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat militaire comme les autres. Il était simplement à l'avant-garde d'un plan voulu par Washington à l'échelle du continent. Le plan Condor. C'était transporter la guerre froide chez les latinos pour empêcher 'un nouveau Cuba'. Le Paraguay étant déjà sous contrôle, La Paz, Montevideo, Santiago, Buenos-Aires suivirent. Pour parvenir à leurs fins les militaires utilisèrent tous les moyens.

Je suis conscient de ma lourdeur auprès de mes lecteurs. J'ai tant de fois parlé de ça! Mais je ne peux laisser passer ce cinquantenaire sans insister sur sa signification historique. Aujourd'hui l'Amérique Latine ne préoccupe plus les Etats-Unis. Et les citoyens de la région n'en sont pas fâchés. La démocratie prévaut un peu partout. Et, ici et là (surtout en Argentine), les anciens tortionnaires sont jugés et condamnés.

Les latinos n'ont pas oublié ces années noires. Mais ils en ont tiré les leçons. La violence n'est plus de mise. Les militaires ne tournent plus leurs armes contre leur propre peuple. Et les civils qui se proclament révolutionnaires cherchent leur légitimité dans les bulletins de vote. A El Salvador et en Uruguay les présidents sont d'anciens maquisards. Les citoyens paraissent apprécier ça...

Antoine Blanca

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  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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