Le jeune et (donc?) bouillant fondateur de "Podemos", un nouveau parti politique qui exhibe, pour tout programme, la traduction hispanique du slogan du candidat Obama, "yes we can", va devoir revoir sa copie. La raison? Dans l'heure qui avait suivi la victoire électorale de Syriza en Grèce, il s'était précipité à Athènes pour poser devant tous les photographes et les télés aux côtés de Tsipras, à la veille de son investiture comme Premier Ministre. Le message porté par cette identification (pour ne pas parler de confiscation) était clair, destiné aux citoyens espagnols: portez nous au pouvoir, et nous ferons plier l'Europe comme va le faire le gouvernement Syriza.
Or les réalités ont pris le dessus sur les proclamations. Les institutions européennes ont imposé leurs vues. Tsipras s'est engagé à présenter, avant l'été, un plan de réformes se pliant, point par point, à la vision allemande. Certes, la Grèce a gagné du temps et son exécutif va faire prévaloir, ici et là, certaines de ses priorités sociales. Je serai le premier à m'en réjouir. Mais pour continuer de recevoir l'aide de Bruxelles, la gauche dite radicale va appliquer un programme réformiste. Social-démocrate pour tout dire.
Dans ces conditions Pablo Iglesias, patron charismatique de "Podemos", devrait logiquement manger son chapeau.
Antoine Blanca