Je l'ai écrit il y a déjà cinq mois, quand des chaînes et des radios occidentales identifiaient les forces armées
combattant Assad comme celles de la liberté face à l'oppression. Chaque jour plus nombreux, des groupes djihadistes, instruits dans les camps de la zone tribale au Pakistan, et dans les régions
de l'Afghanistan échappant à l'armée et à la police régulières, arrivent en Syrie ou à ses frontières. Aujourd'hui, reconnaît un colonel syrien en rupture avec le régime Assad, "nous ne pouvons
plus nous passer des djihadistes internationaux, car nous en avons d'autant plus besoin que ce sont des soldats exceptionnels". Et j'ajouterais: motivés. Si Damas venait à tomber dans leur
scarcelle, c'est une ancienne capitale califale qui serait 'récupérée' par les 'vrais croyants'. Un puissant symbole.
A l'origine c'est la confrérie des Frères musulmans, dont les membres vivaient en prison ou dans la clandestinité, qui a appelé le salafisme de guerre à la rescousse. Des sunnites comme eux, mais partisans de la prédication par les armes.
Dans l'armée rebelle, ils sont désormais en terrain conquis, organisent des attentats kamikazes, imposent la loi de la terreur, maniant des armes modernes redoutables.
Désormais la chose est connue de tous les services secrets occidentaux: le commandement Al Qaïda a donné l'ordre de donner la priorité absolue à la Syrie pour l'envoi de nouveaux soldats ayant reçu une formation guerrière et terroriste. La mot d'ordre est: pas un djanoud pour le Mali. Tout pour la Syrie.
C'est une bonne nouvelle pour ceux qui, comme les Tchadiens, les Maliens et les Français, sont en train de liquider les dernières poches de résistance des groupes terroristes. Mais un signal d'alerte pour nos diplomates et nos humanitaires qui agissent autour du drame syrien. Le massacre des minorités religieuses existant en Syrie est déjà en cours.
Antoine Blanca
NB: Les centres d'entraînement et l'appréciation des priorités à accorder à différents fronts constituent la seule activité ayant un centre décisionnel centralisé d'Al Qaïda.