Les réactions des démocraties européennes à la mort du président Hugo Chàvez m'ont éclairé davantage sur les raisons des incompréhensions persistantes entre la majorité de nos concitoyens et l'ensemble des latino-américains. A Paris, à Berlin ou à Rome, on retient de l'action du leader charismatique vénézuélien ses proclamations, parfois provocatrices, d'amitié à l'égard de certains régimes dictatoriaux. On se dit par exemple, puisqu'il aimait tant Ahmadinéjad, Assad ou Poutine, c'est qu'il était comme eux. Erreur.
Cela équivaudrait à penser que, puisque les Américains sont étroitement associés aux autocraties wahabbites du Golfe arabique (ils disposent même d'une base militaire gigantesque chez les saoudiens), ils considèrent ces régimes comme un modèle pour leur propre société. Soyons convaincus de ce que la priorité presque exclusive de la diplomatie du pays bolivarien est focalisée sur les pays frères du continent et des Caraïbes. Le reste obéit à une tout autre préoccupation, diversement appréciée par les occidentaux: comment amoindrir l'influence impériale des Etats-Unis. L'Iran est moins observée comme une autocratie des mollahs, que comme une puissance pétrolière avec laquelle le grand producteur de brut qu'est le Venezuela pourrait former une sorte de front.
Je m'empresse de dire que je ne partage pas cette manière de voir. Mais il est injuste de faire croire que Caracas considère Téhéran* comme un modèle à imiter...
En revanche toutes les nations voisines du grand pays sud-américain, sans exception ou presque, saluent Chàvez comme un allié qui a contribué à faire progresser, à pas de géant, l'intégration latino-américaine et caraïbéenne. Celle à laquelle rêvait Simon Bolivar.
Je n'esquiverai pas l'intimité du chavisme avec Cuba. Horrible, crieront en coeur Le Figaro, ARTE ou Le Point. Sans exiger parallèlement que les Etats-Unis mettent fin à un embargo criminel qui vise à étouffer le peuple cubain, à le faire courber l'échine. En revanche la quasi totalité des capitales latinos approuvent, ou comprennent, cette grande proximité qui a rétabli un certain équilibre économique et culturel dans la région.
Très modestement cet article vise à expliquer les raisons d'une incompréhension persistante concernant l'interprétation de la démarche du président disparu**. Et à aider à la surmonter.
Antoine Blanca
* Le Venezuela est, depuis son indépendance, un pays laïc. Malgré les dérapages verbaux de Chàvez sur le petit Jésus...Folklore qu'il aurait pu nous épargner.
** En dépit du fait que Chàvez a été élu et réelu dans une compétition pluraliste incontestée, on est parvenu à faire
croire à beaucoup d'Européens qu'il a été un dictateur. Une grande partie de la presse, de chaînes privées et des stations de radio sont indépendantes ou hostiles au gouvernement.