Dans le débat politique, une saine polémique peut s'avérer enrichissante.
Dans la visite que le candidat Hollande avait effectué sur le grand site industriel lorrain de Florange, des pistes avaient été ouvertes vers la recherche de solutions. Elles portaient sur la sauvegarde du site industriel, des emplois et, plus ambitieuses encore, sur la réactivation des hauts fourneaux.
Le candidat Hollande s'était engagé à se battre, s'il était élu, pour les emplois et pour le grand site lorrain. A se battre avec opiniâtreté, détermination. Mais il s'était gardé d'assurer les travailleurs de sa certitude de réussir. Tout ne dépendait pas de l'Etat. Il y a un propriétaire, sorte de prince de l'acier à l'échelle mondiale. En France, son groupe représente par ailleurs 20000 salariés.
Une fois élu Hollande, comme il s'y était engagé, s'est battu avec toutes ses armes. Et il a fait prévaloir son point de vue sur deux points: l'emploi et le site. En revanche il n'a pas convaincu l'industriel sur la mesure la plus emblématique: le maintien en activité des hauts fourneaux. Cela ne figurait pas dans le projet stratégique planétaire de M. Mittal. Et les arguments du gouvernement français ne l'ont pas ébranlé.
Il demeure que la droite, la plupart des commentateurs, même les plus réputés, n'ont cessé de mentir, depuis plus d'un an. François Hollande n'a trahi aucun de ses engagements car il n'avait fait aucune promesse qu'il ne pouvait tenir. Il a dit qu'il mettrait tout en oeuvre pour préserver le site et l'emploi. Ce qu'il a fait avec un certain succès. Mais les hauts fourneaux sont en train de s'éteindre. Dans la société qui est actuellement la nôtre, évoquer la nationalisation, totale ou partielle, d'un grand groupe serait un non-sens que l'on nous ferait payer très cher. Battons nous pour que la France reste un grand pays industriel et pour que nous retournions au plein emploi.
La polémique sur les meilleurs moyens d'atteindre ces objectifs est ouverte. Elle est même souhaitable. Mais pas l'utilisation massive du mensonge, actif ou passif. Condamnable quand elle concerne l'opposition, elle devient répugnante quand elle touche la partie la plus respectable, du moins le croyait-on, de la grande presse.
Antoine Blanca