17 juillet 2012
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Tenir compte des réalités constitue-t-il un comportement de gauche? C'est la question que l'on refuse de se poser dans certains milieux se réclamant du progressisme. Pour ma part je considère que
cette forme de négationnisme est surtout une fuite devant la dure vérité. Et, d'une certaine manière, une lâcheté. En tout cas, le contraire de la notion de courage proclamée par Jean Jaurès dans
son célèbre discours à la jeunesse.
La démarche de François Hollande est la seule juste. Elle consiste à affronter les difficultés résultant d'un héritage empoisonné, à inscrire son action dans le cadre des engagements signés par
la France au sein de l'Union européenne, à prendre acte des limites que nous imposent les partenariats que la France a conclus, en Europe comme dans le monde. Les proclamations révolutionnaires,
économiques et sociales, font sans doute du bien à l'âme des socialistes, mais relèvent du film de science-fiction si l'on observe objectivement le monde autour de nous.
En 1981 la gauche s'était donné un programme audacieux. Sans être, à proprement parler, socialiste, il faisait un pas important dans cette direction. Un héritage précieux que j'aime, pour ma part
à revendiquer. Mais nous en avons tiré aussi les leçons de la part d'échec de la mise en application de ce projet. On avait vu, par exemple, combien était grande la différence entre
nationalisations (avec les colossales compensations financières qui les accompagnent) et 'appropriation' des biens de production et d'échange. Augmenter de manière volontariste les salaires, le
pouvoir d'achat, c'est aussi accroître l'inflation et le déficit commercial. On dira du côté d'une certaine gauche radicale: faisons la révolution, dénonçons tous les traités, quittons cette
Europe bourgeoise, changeons la valeur de la monnaie etc...etc...Ceux qui disent cela nous mentent ou, plus probablement, se mentent.
Le seul chemin, c'est celui de l'Europe. Il faut la transformer, Oui, mais ensemble. Renforçons l'union des partis socialistes et réformistes, progressistes du continent, la concertation de
l'action syndicale, multiplions les propositions communes. Apprenons à travailler ensemble sans nous contenter de vagues déclarations de congrès sans consistance. L'Europe est notre meilleure
chance si nous lui donnons une orientation, un contenu démocratique économique et social d'avant-garde. Le véritable courage, c'est de nous préparer à ce combat sans céder au confort des slogans.
Antoine Blanca
Antoine Blanca