Tous les observateurs l'ont constaté: alors que les Palestiniens de Gaza subissaient bombardements et pénuries, ceux de Cisjordanie vaquaient à leurs occupations normalement; et les rares manifestations de solidarité avec les 'frères gazaouis' étaient très loin d'attirer les foules. Le nouveau conflit ouvert entre la bande de Gaza gouvernée par le Hamas, et l'Etat d'Israël a creusé davantage encore le fossé séparant les deux Palestines.
On avait pu croire, il y a peu de mois, que le rapprochement affiché entre Gaza et Ramallah allait fortifier, au contraire, la volonté d'unité du peuple palestinien opprimé. Les chefs se rencontraient, il y avait des embrassades, des promesses de nouvelles rencontres. On se trompait. Plus que jamais les palestiniens de Ramallah ont pour premier objectif celui d'être enfin reconnus comme formant un Etat régulièrement doté d'un statut par l'ONU. Dans ses différentes instances, en commençant par l'Assemblée Générale. Le président Abou Abbas met tout en oeuvre pour inspirer respectabilité et sens de la mesure. En fait, aujourd'hui, seuls les Etats-Unis sont un obstacle à l'obtention d'un tel statut.
Le Hamas est, lui, prisonnier de ses tuteurs et de ses alliances chiites ( Iran, Hezbollah du Liban). Si l'on ne saurait mettre en doute le sentiment de fraternité du peuple de Cisjordanie, des territoires occupés et de la vaste diaspora, avec les victimes des bombardements israéliens, la dictature fondamentaliste qui impose la loi brutale aux gazaouis est jugée avec sévérité, sinon avec hostilité.
Comment ce conflit peut-il trouver un dénouement pacifique, du moins provisoire? Dans la mesure où Tel Aviv n'a pas décidé
d'une sorte "d'offensive finale", une solution est envisageable avec la médiation de l'ONU et la bonne volonté égyptienne qui vient de renouer oostensiblement avec le pouvoir en place à Gaza. La
France souhaite le retour à la paix, fut-elle armée, et n'a pas manqué de le faire savoir en envoyant Laurent Fabius sur le terrain.
Pour ma part, et je suis en bonne compagnie, j'estime que la communauté internationale se grandirait en reconnaissant l'Etat palestinien avec Ramallah pour capitale provisoire. Et en
déployant toute sa diplomatie pour convaincre Israël de mettre fin à la colonisation illégale de terres, source permanente de conflits. Sur ce point nous ne saurions nous situer que du côté des
victimes, c'est à dire des Palestiniens spoliés.
Antoine Blanca