30 décembre 2011
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Le Nigéria devrait être un pays africain prospère, une sorte de phare pour le continent. Son sous-sol déborde de pétrole dont l'exploitation et le commerce pourraient garantir le progrès soutenu
dans tous les domaines. Les réalités sont bien différentes: pauvreté, sous-développement culturel et éducatif, insuffisance alimentaire, anarchie administrative de ce Etat fédéral. Et pour
couronner le tout, guerre de réligions. Hélas, le Nigéria n'a pas l'exclusivité de ce type de conflit criminel, destructeur et sanglant. Les derniers chrétiens irakiens sont contraints de quitter
le pays de leurs ancêtres, 12 millions de coptes vivent en Egypte dans l'alerte permanente. La faute aux salafistes et autres adeptes du djihad? Pas du tout, si l'on se tourne vers l'actualité ou
vers l'histoire. Les sectes extrémistes juives veulent imposer leur loi à leurs frères de Jérusalem, comme ils sont en train d'exclure les Palestiniens de cette ville qui devrait être le centre
de la tolérance religieuse. Et les terroristes sunnites d'Irak multiplient les assassinats de masse de chiites, dans un pays où ces derniers sont majoritaires.
L'histoire nous apprend que les guerres de religion n'ont jamais cessé. En Espagne, de 711 à 1492, Chrétiens, Musulmans et Juifs ont cohabité, de manière chaotique, mais authentique, pour la plus
grande gloire des Arts, des Lettres, des Sciences et d'une agriculture performante. Mais dès la chute du royaume de Grenade, l'intolérance fut érigée en principe et en système. Islam et Judaïsme
ont disparu de la péninsule, par la force brutale. L'Espagne est devenu un pays pauvre, ratatiné sur des certitudes imposées, en même temps que ce royaume se transformait en puissance
planétaire...
De 1O95 à 1099, la première croisade ouvrait un cycle qui ne s'est jamais refermé. Croisade, Djihad, les grands maux étaient lachés. Franco qualifia la guerre contre la démocratie en "glorieuse
croisade contre le communisme", et Bush jr., son invasion de l'Irak, de "croisade contre le terrorisme". Sans oublier le "djihad" d'al Qaïda, des Talibans et consorts (Et le drame algérien, au
nom des mêmes principes, qui endeuilla la fin du XXe siècle dans le grand pays nord-africain). Partout le paroxysme de l'intolérance.
Que peut faire la Communauté internationale pour changer cet état de choses. Rien. Ou peu de chose. En revanche les peuples et leurs explosions d'indignation peuvent beaucoup. Contrairement à ce
qu'on veut nous faire croire, les "printemps arabes" sont en train de faire progresser le principe de tolérance. Même si des partis d'inspiration religieuse gagnent des élections, les extrémistes
sont marginalisés et le débat sur le fond s'ouvre, pas à pas. Chez les intellectuels et les jeunes citadins d'abord. Il ne peut que s'étendre.
Antoine Blanca
Antoine Blanca