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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 17:12

Au moment où j'écris ces lignes, Kofi Annan, l'ancien patron de l'ONU agissant comme envoyé spécial de l'actuel Secrétaire général, s'entretient avec Bachar el Assad. Voilà des mois que la communauté internationale cherche la voie de sortie du labyrinthe syrien. Il est vraisemblable que la quête durera encore longtemps.

M.Annan est sans doute le diplomate onusien le plus expérimenté. Elevé dans le sérail, il connaît ses classiques, après avoir côtoyé plusieurs mondes: celui des indépendances et de leurs luttes, celui des délimitations des frontières entre les nations nouvellement libérées du colnialisme, les combats pour le développement et les conférences des non-alignés. Non alignés, bien entendu, sur l'une ou l'autre des super-puissances, du système politique et économique que, grossièrement, elles incarnaient. Il a mûri dans cet univers où la plus extrême prudence n'interdit pas la témérité calculée. S'il a accepté la mission confiée par Ban Ki Moon, c'est qu'il espère trouver une ouverture. Mais les massacres se succèdent sur le terrain et la fragilité de sa démarche diplomatique est de plus en plus apparente. Comme le sont les rides sur son visage.

Bachar n'est pas un tyran isolé. Ils sont des dizaines de milliers à avoir lié leur sort au sien. A l'intérieur du pays ils se battent le dos au mur. Au delà de ses frontières, tout est encore plus complexe. Les Russes veulent à tout prix préserver leur base militaire maritime ouverte sur la Méditerranée, les chiites d'Irak et d'Iran ne veulent pas d'un pouvoir sunnite, contrôlé par les Frères musulmans, s'installer à Damas, la Ligue arabe, un moment impliquée, a fini par quitter ce qui leur apparaissait comme un guêpier mortel.

Quant aux forces d'opposition, c'est devenu un imbroglio de partis et de religions, de compétition entre chefs militaires dissidents et ils n'ont pas vocation à la sainteté.

Le régime de Damas paraît décidé à jouer toutes les cartes. Y compris celle de la menace d'un conflit embrasant toute la région. Le Liban*, en premier lieu. Et la guerre de la communication bat son plein, chacun interprétant à sa manière les mêmes images, les mêmes tueries. La lassitude peut jouer en faveur du pouvoir en place. Le cynisme sans limite d'un système, face  aux incertitudes d'une opposition sans vrai visage.

Antoine Blanca

* Au Liban le régime Assad a de puissants alliés, l'organisation du Hezbollah, mouvement politique armé, majoritairement chiite.
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  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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