3 octobre 2012
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La presse est parvenue à imposer cette idée comme allant de soi : la sécurité citoyenne serait avant tout une spécialité de la droite conservatrice. Franchissant un pas supplémentaire dans cette
direction, on vous expliquera doctement que la réussite du ministre Valls, tant auprès de l'opinion publique que d'une bonne part des élus de la République, est le résultat de son positionnement
supposé à droite, au sein de son propre parti.
Une manière indirecte d'accepter que la notion de 'gauche' est fatalement liée à celles de laxisme, voire d'angélisme. Rien n'est plus artificiel. La droite, il est vrai, a monté une machinerie
médiatique pour faire mousser les rodomontades stériles de ses ministres de l'intérieur, à commencer par Sarkozy lui-même, au point de les faire passer pour des réussites en matière de sécurité.
Or le résultat est bien là, quand on regarde les chiffres calmement. La droite a presque toujours échoué. Mais la presse a surtout retenu des mots et des défis verbaux très forts. Du type
'karcher', outil ou produit avec lesquels on comptait nettoyer les banlieues...
En revanche des grands ministres socialistes ont, eux, durablement marqué la Place Beauvau de leur empreinte, par des réformes profondes. Sans remonter à l'immédiate après-guerre (Jules Moch,
Edouard Depreux), des hommes comme Gaston Defferre, Pierre Joxe et, dernièrement Daniel Vaillant (police de proximité) ont mérité le respect de tous les fonctionnaires qu'ils avaient sous
leurs ordres. A commencer par les Préfets et les grands policiers.
Manuel Valls ne doit donc nourrir aucun complexe. Rassurons-nous dès à présent : ce n'est pas son genre...L'actuel locataire de l'Hôtel de Beauvau s'est préparé, depuis belle lurette, à exercer
les fonctions qu'il occupe. On dit 'premier flic de France', mais on oublie qu'il a en charge, aussi, les collectivités territoriales, les préfectures...Après avoir gagné ses galons dans les
grands cabinets ministériels (gouvernement Jospin), il a affronté avec succès le suffrage universel (maire d'Evry, député...).
Alors? PS de l'aile droite? Sans doute: il le revendique d'ailleurs. Ce qui n'est pas en cause c'est sa compétence et, que je sache, sa loyauté vis à vis du Président et de Matignon. Mais déjà
des journalistes impatients instruisent un autre procès: faire du jeune ministre un nouvel Iznogoud, ce personnage de bande dessiné, Grand Vizir de son état, qui veut à tout prix 'être Calife à
la place du Calife'.
Antoine Blanca
Antoine Blanca