27 septembre 2011
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Dans la manifestation de notre solidarité vis à vis des révoltés du monde arabophone, il y a eu beaucoup d'artifice, un évident et coupable retard à l'allumage et beaucoup de prudence dans la
phase actuelle de tentative de reconstruction des Etats concernés. Tant en Egypte qu'en Tunisie, nos gouvenements avaient pratiqué, jusqu'au bout, la politique de l'autruche. Ils s'étaient même
commodément installés dans une bienveillante indifférence vis-à-vis des tyrannies en place, forts d'un alibi très convenable: des régimes durs, même outrageusement corrompus, nous protégeaient du
terrorisme islamiste d'Al Qaïda et consorts. Ils protégeaient aussi, soit dit en passant, nos braves touristes aux brioches suantes et débordantes sur des shorts crasseux. Les destinations
n'étaient pas chères, le soleil était au rendez-vous et on se sentait en sécurité.
Il a fallu beaucoup de manifs, des multitudes d'hommes et de femmes en colère qui affrontaient la mort, semaine après semaine, pour que la conscience démocratique de nos gouvernements émerge de
leur inertie embarrassée. Les services dits d'intelligence, trop englués dans leurs compromissions avec leurs homologues locaux, n'avaient apparemment rien vu venir. Le feu couvait déjà,
pourtant, quand Sarkozy plaçait Bachar el Assad à sa droite pour présider notre défilé du 14 juillet, et multipliait les caresses sur le dos burnoussé du capricieux mégalomane Kadhafi, en visite
à Paris.
Aujourd'hui on peut comprendre que l'on soit attentif aux contrats potentiels avec la Libye de demain. Il y aura de la concurrence et il vaut mieux se placer aux premiers rangs. En espérant que
le pays ne sombre pas dans un chaos propice à l'instauration d'un nouveau despotisme. En Egypte la mise en place d'un pouvoir démocratique civil est sans cesse retardée. Les Frères musulmans et
l'Armée détiennent toujours, nous dit-on, la clé de l'avenir. Voilà une réalité peu rassurante. Il n'y aura pas davantage de démocratie en Syrie dans un proche avenir, pas plus qu'en Jordanie
dont la monarchie est singulièrement affaiblie. Mon meilleur espoir est encore placé en Tunisie dont la jeunesse, les femmes et les intellectuels demeurent mobilisés face à des "barbus" tenus en
respect.
Alors, demandons aux gouvernements occidentaux de demeurer solidaires des mouvements libérateurs et vigilants contre ceux qui veulent les abattre. Baisser la garde serait une erreur. Une faute,
même, sans doute.
Antoine Blanca
Antoine Blanca