28 mai 2016
6
28
/05
/mai
/2016
11:15
Je souhaite simplement attirer l'attention de mes lecteurs sur un événement considérable qui passe presque inaperçu en France: les sinistres acteurs, encore vivants, du "plan Condor" sont depuis des années jugés et condamnés en Argentine, seul pays des cinq concernés (Argentine, Uruguay, Chili, Paraguay, Brésil) à avoir entrepris de châtier les tortionnaires et assassins en uniforme (képi étoilé). Rappel: le "plan Condor" avait été mis au point conjointement par les cinq dictatures militaires pour liquider les militants de gauche*. Une mise en commun des moyens et des hommes de main. Les Uruguayens ont payé le prix le plus fort avec 49 "liquidations". Il est important de noter que ledit plan a été approuvé, par écrit, par Kissinger (il disait en synthèse: faites ce que vous croyez devoir faire. Mais faites vite et ensuite retournez à la normalité en matière de justice...).
Le dernier condamné à Buenos-Aires a été le général Reynaldo Bignone, ultime dictateur avant l'installation régulière de Raùl Alfonsin à la présidence en décembre 84. Ce dernier décida aussitôt de traduire les responsables de la dictature devant un tribunal spécial. La marche de la justice a été ensuite chaotique, avec un coup d'arrêt sous Menem, mais avec une intensification sous le "règne" des Kirchner.
Je note qu'aucun des quatre autres pays touchés par ce drame n'a ouvert le moindre procès aux assassins avec ou sans uniforme. Honneur donc à l'Argentine...et aux Argentins.
Antoine Blanca
* Par exemple, le dernier ministre de la Défense d'Allende, le général Carlos Prestes, fut assassiné avec son épouse à Buenos Aires, où il avait cru pouvoir se réfugier. Videla n'avait pas encore pris le pouvoir avec les forces armées. Mais "la triple A" fondée par Lopez Rega fonctionnait déjà comme machine de mort et "rendait des services" à ses voisins...
Antoine Blanca