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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 11:44

Dimanche 25 mai les citoyens colombiens sont appelés aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle. On notera la coïncidence de date avec les Européens, même si les enjeux sont différents, tout comme l'ambiance. Car dans le grand pays sud-américain ( très marqué par sa côte Caraïbe et par sa fenêtre ouverte sur le Pacifique*), aller voter est une fête. C'est du moins encore une fête, car cette heureuse tradition a tendance à se perdre dans le brouillard de la modernité. Mais aussi, et c'est positif, parce que la démocratie a gagné beaucoup de terrain aux Amériques Latines et le libre suffrage a cessé d'être un pied-de-nez aux dictatures civiles et militaires. La banalisation tue la fête. Même la banalisation de la liberté.

On s'attend à ce que ce premier tour place le président sortant, Juan Manuel Santos, en position d'être confortablement élu au tour décisif. S'il est ainsi admis à un second mandat consécutif, il le devra curieusement à celui qui est devenu son féroce ennemi, son prédécesseur Alvaro Uribe. Lequel, au sommet de sa popularité, mit fin au principe du mandat unique de quatre ans "pour pouvoir achever son oeuvre". Santos était alors son ministre le plus puissant. Mais ce dernier, une fois assis sur le fauteuil présidentiel en 2010, retrouva l'âme réformiste de sa famille libérale; quand Uribe s'enfonça, comme jamais, dans les sombres profondeurs du conservatisme.

On reviendra ainsi à la tradition du pays. Libéraux contre Conservateurs, Rouges contre Blancs. Les changements de sigle adoptés par les deux vedettes du scrutin, Santos contre la marionnette d'Uribe (ce dernier n'a plus droit de candidature par disposition constitutionnelle). Un interminable duel commencé, par les urnes ou par les armes, dès le lendemain de l'indépendance**.

Gabriel Garcia Màrquez, observateur amusé et passionné depuis sa ré Carsidence mexicaine, de tout ce qui se passait dans son pays, aura manqué de peu ce dernier épisode.

Antoine Blanca

* Au lendemain de l'ouverture au trafic du canal de Panama, les Etats-Unis jugèrent opportun d'aider la province colombienne de Panama à proclamer son indépendance en 1903. La Colombie se trouva ainsi amputée de la partie de son territoire qui lui donnait autorité sur la nouvelle voie d'eau stratégique unissant les deux grands océans. Les Etats-Unis ananexèrent alors ce qu'ils appelèrent 'Zone du Canal' qui leur permettait de contrôler la voie d'eau et les terrains qui la bordaient où les fonctionnaires de Washington s'installèrent dans leurs confortables villas, leurs clubs de golf, leur paradis gazonné. Les Panaméens, libérés de la tutelle de Bogotà, contemplaient ce paradis américain derrière le haut mur grillagé. Les 'Accords Carter/Torrijos' mirent fin à cette situation en 1968.
** En 1821 fut proclamée l'indépendance de ce qu'on appela 'Grande Colombie', un rêve de Simon Bolivar. Outre l'actuelle Colombie (dont Panama faisait alors partie), il y avait l'Equateur et le Venezuela. En 1829 Quito et Caracas 'reprirent leurs billes.

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  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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