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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 11:30

Ce matin il eut semblé logique de parler de la réélection de Barack Obama. Mais j'ai estimé que je me serais trouvé en nombreuse et talentueuse compagnie. Seule la défaite est orpheline. Alors j'ai rapatrié ma plume sur le vieux continent. J'ai trouvé qu'il était pertinent de répondre à l'inquiétude de nombreux sympathisants de gauche qui, presque par instinct, condamnent le principe même d'extradition concernant un militant politique. Or pour ces compatriotes, l'activiste d'ETA qui va être extradée vers l'Espagne, en exécution d'une demande de la Justice, est une militante progressiste.

Je souhaite rétablir la vérité des mots:

1) En premier lieu une personne armée, appartenant à une bande terroriste n'est pas, à proprement parler, une militante. A mes yeux cela revient à dégrader ce terme qui, en démocratie ou dans la lutte pour la conquérir, qualifie un engagement en faveur d'une idée, d'un idéal. Ce n'est pas le cas pour ETA qui n'a jamais formellement renoncé à la lutte armée. Or 30 années après l'adoption, en 1977, d'une constitution faisant de l'Espagne une démocratie authentique, ETA a multiplié les attentats, a collectionné les assassinats. Au Pays Basque (Euskadi), dans le reste de l'Espagne et, trop souvent, en territoire français considéré comme sa base arrière. Pour les exécutions ETA a ses propres professionnels de la gâchette*.

2) L'extradition, en application d'une décision de justice, ne serait condamnable que si le pays requérant ne garantit pas un procès équitable. Tel n'est pas le cas de l'Espagne. Et nous pouvons affirmer que l'inculpée bénéficiera de toutes les garanties auxquelles a droit un (une) inculpé(e).

3) ETA d'hier et d'aujourd'hui: pendant l'interminable dictature franquiste ETA faisait partie, comme d'autres mouvements nationalistes basques, de la coalition informelle contre la dictature militaro-cléricale. Elle utilisait d'autres moyens de lutte, mais nous devions reconnaître que certaines de ses actions, essentiellement la liquidation physique du numéro 2 du régime, l'amiral Carrero Blanco, avait été saluée par tous les anti-fascistes**. Aujourd'hui le Pays Basque, Euskadi, bénéficie d'un statut de large autonomie, avec son gouvernement, son président (Lendakari), son parlement, sa police, sa langue etc...

ETA veut l'indépendance? Qu'elle renonce publiquement à la lutte armée pour l'obtenir. Et manifeste sa revendication sécessionniste par la voie des urnes. Ce que, d'une certaine manière elle fait déjà d'ailleurs. Dans ce cas que fait cette activiste en France avec son arme?

Antoine Blanca

* Si vous en avez l'occasion voyez le film "Un tir dans la tête", véritable documentaire relatant l'assassinat, à Mont-de-Marsan, de 2 jeunes garde-civils espagnols. Tout est authentique, au millimètre près, et donne froid dans le dos.
** Les  auteurs de cette opération ('operacion Ogro'), ont condamné la voie terroriste en démocratie.
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  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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