19 juin 2012
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Je compatis avec nombre de mes amis restés attachés au Parti communiste. Le voir disparître lentement, avec quelques périodes de rémission, des rechutes brusques et d'intenses tentatives de
recourir à de nouvelles médecines, fait très mal au bout du chemin. Surtout quand on a cru voir le bout du tunnel. Le dernier traitement de choc, 'la mélenchonine', avait provoqué un sursaut. On
a même cru à un nouveau printemps. En défilant de la Nation à la Bastille, en entonnant 'l'Internationale' sur la place du Capitole à Toulouse, en retrouvant la ferveur d'être ensemble au Palais
des Sports de Lille, les militants jeunes et moins jeunes se sont vus transportés trente-cinq ans en arrière, ou ont retrouvé les récits de leurs aînés qu'ils ne pensaient jamais vivre.
Jean- Luc Mélenchon avait soufflé sur les quelques braises encore vivantes, le feu était reparti et des copains, des copines ne cessaient d'apporter de nouvelles bûches bien sèches pour
l'alimenter. "Bientôt une nouvelle jeunesse viendra au devant de nos rangs!" L'ancienne marche des 'jeunesses' murmurait aux oreilles nostalgiques qui ne demandaient qu'à croire en la
résurrection.
Je regardais tout cela avec tendresse et scepticisme. L'homme de peu de foi a, hélas, triomphé de nouveau en moi. Les vents nouveaux n'ont soufflé que pour nous, réformistes de gauche, toujours
suspects de timidité, de préférer le pédalo qui finit par arriver sur une plage abritée, au torpédo qui s'écrase presque toujours contre une barrière du port en béton armé.
Au soir du 17 juin le résultat a été pire que dans le plus sinistre des cauchemars. Le PC a perdu la moitié de ses sièges. Après avoir abandonné la Seine-Sait-Denis, voilà qu'il abandonne le
Val-de-Marne. Pis: Ivry-sur-Seine, Maurice Thorez et Georges et Pierre Gosnat. Le PS, mon parti, rafle la mise. Et je ne masque pas une certaine tristesse, comme quand on perd un vieux compagnon.
Antoine Blanca
Antoine Blanca