5 octobre 2011
3
05
/10
/octobre
/2011
11:05
Ce n'est jamais impunément que l'on jongle avec les appartenances en politique, et que l'on ridiculise ceux qui ont voulu participer ou applaudir au spectacle. M.Borloo avait déjà tenté en vain,
pendant des semaines, de faire pression sur le Président pour se faire nommer Premier ministre. Une nouveauté absolue sous la Ve République. Moralement obligé, après son échec retentissant, de
quitter le gouvernement, il s'était lancé dans une opération plus noble: préparer sa candidature à la présidentielle, au nom du Parti radical valoisien, qu'il est supposé présider. De bonne foi,
ou par calcul ( difficile à démêler...), certaines personnalités de la majorité sont venues l'appuyer. Et voilà qu'il les a abandonnées, en rase campagne, pour revenir, la crête basse et
repentant, au bercail sarkozien. Rama Yade l'accompagne jusqu'à une porte dérobée de l'Elysée, le coeur gros et la parole humble de la femme trompée mais consentante. Elle croyait participer à
une aventure. Ce n'était en fait qu'une médiocre escapade. Un tour de prestigiditateur en fin de carrière. Jongleur ou prestigiditateur, c'est toujours du cirque et des propos de comptoir.
Borloo se sera fait tailler, au passage, un costume de velléitaire dont il ne pourra plus changer. Tout ce qu'il peut espérer, désormais, c'est un retour en mairie de Valenciennes. Il n'a pas su
apprécier la longueur du saut à effectuer pour atteindre les sommets de l'exécutif. Mais, surtout, il a trahi des fidélités naissantes. Un suicide en politique. De ceux qui sont, l'effet de
surprise passé, totalement ignorés.
Quant au radicalisme ordinaire, celui qui occupait un siège prestigieux, rue de Valois, et qui a joué un rôle fondamental pendant toute la IIIe République, il lui aura porté un coup qui peut
s'avérer mortel sur un corps déjà bien fragilisé par l'incurable maladie de l'inutilité. Une mmaladie sans remède. Son dernier président authentique, Robert Fabre, était d'ailleurs pharmacien
dans une petite ville du Rouergue. Les remontants qu'il avait alors tenté de lui administrer n'avaient eu aucun effet.
Depuis, les radicaux de gauche sont les seuls héritiers présentables d'une tradition plus ou moins glorieuse. Les valoisiens eux, sont entrés, grâce au citoyen Borloo, en état de coma dépassé. A
moins qu'ils ne le fussent déjà auparavant. Sans le savoir, naturellement.
Antoine Blanca
Antoine Blanca