Hier soir vers 19 heures, j'arrive à France 24 pour participer à une table ronde sur les élections au Brésil. On m'apporte les dernières dépêches sur le plateau tout en me priant de rester pour intervenir au 20 heures en direct. Les infos qui nous parviennent sont d'autant plus confuses que le mouvement violent de policiers protestant pour la remise en cause de quelques primes a pris tout le monde par surprise. Le Président de l'Equateur, Rafael Correa, un homme de 47 ans, a été récemment réelu, dans la limpidité, dès le premier tour. Classé "homme de gauche", il avance dans le changement, sans ralentir ni forcer la marche à l'excès.
En fait l'alarmisme manifesté par le gouvernement ("une tentative de coup d'Etat") m'a paru tout de suite précipité. Si le Chef de l'Etat est allé à l'hôpital, c'est qu'il avait été molesté par des gaz lacrymogènes et que sa garde a préféré le protéger sur place. Très vite une armée fidèle à l'Etat de droit reprenait les choses en mains et les mutins étaient réduits.
Pourquoi tant d'émoi?
Parce que, à la veille des élections brésiliennes, on était fondé à penser que certaines officines bien connues, voulaient créér un environnement défavorable à la victoire prévisible du parti de Lula;
que le précédent hondurien (président démocratiquement élu, chassé par un coup de force civil et militaire) a laissé un goût d'amertume, puisque les Etats-Unis ont approuvé ensuite des élections sans avoir exigé, comme le demandait l'OEA, que le président élu retrouve son fauteuil au préalable;
que dans ce qui fût la Grande Colombie bolivarienne du début du XIXe, la menace plane en permanence d'une tentative de destabilisation des forces progressistes (Venezuela, Colombie, Equater, Bolivie).
Mais le retour en force de Correa, la remise en ordre, à sa manière qui peut être musclée, des hommes et des choses, la ferveur populaire qui l'a immédiatement entouré et la solidarité, spontanément manifestéé, de tous les Etats américains sans exception, laissent bien augurer de l'avenir.
En Europe, seul le gouvernement espagnol a manifesté dans l'heure son soutien à la Démocratie.
En résumé, si la vigilance reste de mise, tout ceci paraît surtout témoigner de la nostalgie désespérée d'esprits archaïques.
Antoine Blanca