Mes informations sont claires. Nicolàs Maduro a gagné face à son concurrent Henrique Capriles, gouverneur de l'Etat de Miranda, proche de la capitale. Il l'emporte avec seulement 50,66% des suffrages contre 49,07% à son adversaire.
Ce résultat, beaucoup plus serré que lors du récent triomphe de Chàvez face au même adversaire (56 contre 44) démontre, a contrario, la transparence du scrutin. L'opposant a demandé que les votes soient recomptés, un par un. Le sortant a accepté. Le Conseil National Electoral va donc entreprendre ce travail. Mais cela ne changera pas grande chose car les observateurs internationaux, et l'armée vénézuélienne, ont suivi de très près les opérations électorales sur tout le territoire. Et aucune irrégularité sérieuse n'a été notée.
Maduro sera bel et bien le Président de cette république fédérale que Hugo Chàvez avait proclamée 'bolivarienne'.
S'il venait à me demander conseil je dirais au nouvel élu:
1--La coupure dans le pays n'est pas seulement électorale. Une victoire à 50,66% n'a jamais, dans une démocratie stable, handicapé l'exécutif. D'autant que le 'chavisme' peut s'appuyer sur une large majorité parlementaire et sur 21 gouverneurs d'Etat sur 24. Il demeure que deux sociétés s'affrontent dans une atmosphère de guerre civile froide. Le peuple chaviste vit dans les quartiers pauvres. Aujourd'hui, ils le sont beaucoup moins. Ils ont pleinement accès aux soins de santé et à la culture. Et ses habitants pouvaient dialoguer chaque semaine avec Chàvez-Jésus, et obtenir des réponses empreintes de fraternité et d'évocations du Très Haut.
Les battus d'aujourd'hui ont toujours, ou presque, occupé le pouvoir dans le passé. Par la voie des urnes ou par celle de la force. Mais Maduro aurait tort de penser qu'ils représentent uniquement la société des riches. Ces derniers, au fond, n'ont aucun besoin de l'Etat. Ils vivent, sur-protégés, dans leurs propriétés et leurs appartements de luxe, envoient leurs enfants étudier aux Etats-Unis et méprisent leurs compatriotes trop bronzés ou trop métissés. La plupart d'entre eux sont de 'petits blancs' qui trouvent difficilement leur place dans le nouvel univers 'bolivarien'. Ni trop pauvres, ni suffisamment riches, ils se sentent exposés à la violence quotidienne , à la vétusté des services publics, à l'inefficacité et à la corruption des fonctionnaires.
2--L'armée a fait preuve de neutralité en garantissant le bon déroulement des processus électoraux succéssifs. Mais chavistes et anti-chavistes appellent les officiers à prendre parti. Maduro devra s'engager à préserver l'apolitisme des forces armées.
3-- La priorité donnée par Chàvez aux habitants des quartiers pauvres devrait perdre son côté exclusif. C'est le pays tout
entier qui est en soins intensifs. Coupures d'électricité à répétition, routes défoncées, service d'eau potable détérioré. Le pays est riche en pétrole, mais pauvre en
infrastructures et en maintenance.
4--Last but not least: la sécurité. Les quartiers qui proclament leur adoration pour Chàvez paraissent résignés à vivre en permanence dans une sorte d'auto-défense. Mais la majorité des
vénézuéliens veulent une police efficace et honnête. Et pensent que le pays a les moyens de se l'offrir.
Bref, si le culte de Chàvez a permis d'assurer cette victoire posthume étriquée, il n'y en aura pas de nouvelle sans que de changements profonds ne soient conduits par le nouveau gouvernement. Sa composition doit sortir des dosages entre courants chavistes, entre copains et entre cousins pour devenir celui des ministres compétents, probes et efficaces.
Antoine Blanca