Mohamed Morsi, président péniblement élu au 2e tour, membre de la Confrérie des Frères musulmans, dont il n'est d'ailleurs pas le leader, s'est attribué, en quelques jours, et sans que les démocraties occidentales fassent les gros yeux, des pouvoirs totalitaires.
Seul point positif, à plus long terme en tout cas pour l'Egypte: gauche et laïcs, qui avaient affronté les processus électoraux dans la plus affligeante des divisions, se sont retrouvés enfin, au coude à coude, massivement, sur les places et dans les rues. Beaucoup de jeunes, beaucoup de femmes. Pour rappeler aux partis religieux que, dans les faits, l'actuelle opposition "libérale", au meilleur sens du terme, avait obtenu près de 70% des voix lors des premières élections libres. La dispersion des listes, le manque d'expérience, avaient toutefois permis aux 'frères', bien structurés, eux, de s'emparer du pouvoir. Et, aujourd'hui, de TOUS les pouvoirs. Personne n'imaginait pourtant que, une fois proclamé élu, Morsi défierait l'opinion internationale, l'appareil judiciaire au plus haut niveau, et les forces armées de son pays. Désormais il concentre autour de la présidence plus de force autoritaire que le dictateur déchu Hosni Moubarak.
Comment a-t-il osé franchir de tels pas? Parce que les Etats-Unis, Israêl, les pays arabes dirigés par les sunnites et...même le Hamas par tactique à court terme, ont décidé de tout mettre en oeuvre pour isoler l'Iran devenu, aux yeux de Washington et de Tel Aviv, l'ennemi numéro un. A neutraliser absolument.
La démocratie, la traduction libertaire du mouvement du printemps arabe, ne comptent pas au regard de la stratégie politique et militaire.
C'est en tout cas l'analyse que font la plupart des observateurs indépendants, ainsi qu'une bonne partie de la presse israélienne.
Les faits paraissent corroborer ce qui, à mes yeux, est une aberration. Et peut-être une faute.
Antoine Blanca