Quand Michel Rocard, à partir de 94, siégea au Parlement de Strasbourg, il s'impliqua corps et âme dans ce qui allait être sa dernière fonction élective. Travail ardu, compétent et productif tant en commission qu'en assemblée générale. Aujourd'hui il a le droit, à plus d'un titre, d'exprimer son opinion sur la crise qui secoue les institutions européennes. Et nous, pauvres Etats membres, avec.
Pour ceux qui n'auraient pas lu son article (Le Monde du 5 juin), je prends la liberté de résumer sa pensée:
1) Britanniques, nous vous aimons beaucoup, nous vous devons beaucoup depuis 1940, mais vous n'avez rien à faire dans l'Union européenne. Vous en profitez, sans jamais donner.
2) Vous favorisez tous les élargissements, mais c'est pour affaiblir, non pour fortifier.
Aussi votre départ serait une bonne chose pour tout le monde. D'autant qu'un peu d'éloignement n'empêche pas l'amour. Rocard cite opportunément Churchill (1946 à Zurich): Pour prévenir le retour de tels malheurs, VOUS AUTRES Européens devriez construire quelque chose comme les Etats Unis d'Europe. Y réussiriez vous que vous recevriez l'approbation enthousiaste de la Communauté britannique...
Depuis 42 ans que le Royaume Uni est entré dans ce qui était alors la Communauté, la majorité des britanniques n'a cessé de partager la pensée du grand Winston. Sauf qu'ils étaient à la fois dedans et dehors. Churchill, lui, ne prônait pas cette conduite hypocrite. Il était prêt à nous applaudir...depuis son île.
"I want my money back", exigeait déjà l'impayable Mme Thatcher. Voilà qui traduisait clairement l'état d'esprit majoritaire chez nos alliés.
Antoine Blanca