Certains se délectent par avance: après le deuil, le débat politique va enfin reprendre ses droits. C'est le contraire qui eut été étonnant. Sur la forme de traiter le problème d'une incertaine jeunesse dévoyée, les différences existent, qu'on serait bien coupables de dissimuler.
La droite, Sarkozy en tête, ressortent, plus ou moins ouvertement, l'arsenal du tout répressif. Elle a repris, un peu essoufflée, la course derrière le FN. En dépit, d'ailleurs de leurs amis et des spécialistes étrangers, britanniques en tête, qui mettent en garde contre ce type de riposte, expéditif et simpliste."Il a échoué chez nous", avertit le patron de la lutte anti-terroriste du Royaume-Uni, où une législation impitoyable existe depuis quelques années. Cette méthode ne devrait séduire que ceux qui ne souhaitent pas s'attaquer au fond du problème.
Le gouvernement français, lui, paraît vouloir consulter le plus largement possible avant d'engager un programme d'action de longue haleine. Bien entendu, face aux dangers les plus immédiats, on se donne tous les moyens d'intervenir. Mais pour aller plus loin il faut comprendre les raisons pour lesquelles, dans les drames majeurs de la semaine dernière, nos services de renseignement ne sont pas parvenus, comme ils l'ont fait souvent, à prévenir le passage à l'acte des Kouachi/Coulibaly.
A long terme notre société doit s'interroger sur les raisons qui font qu'une partie de la jeunesse française, provenant de la tradition musulmane, se trouve si mal dans sa peau et éprouve tant de peine à s'intégrer dans la république laïque. Comment, par exemple, un individu médiocre, ignorant presque tout du Coran (il est aujourd'hui infirmier-stagiaire dans un grand hôpital parisien et voudrait se faire oublier), a pu séduire en se proclamant 'prédicateur' de mosquée de quartier, sans qu'une autorité religieuse (mais peut-être n'y en a-t-il pas?) ne dénonce son imposture.
Pour préparer l'avenir, il faut comprendre avant d'agir. J'entends ceux que d'aucuns disent: "ceux qui ne sont pas contents, renvoyons-les chez eux!". Le problème c'est que le seul chez-eux, c'est...chez nous...
Antoine Blanca