Kofi Annan, qui a occupé la fonction de Secrétaire général de l'ONU de 1996 à 2006 (deux mandats de cinq ans), vient de donner au "New-York Times" son opinion sur les blocages qui empêchent l'organisation mondiale de remplir pleinement la première de ses obligations: garantir la paix et la sécurité sur la planète*. Et de faire quatre propositions de nature, selon lui, de corriger cette situation.
La première, et la seule que je retiendrai dans le présent article, concerne le rôle du Conseil de Sécurité. Donc sa compostion. Est-il logique, souligne-t-il que, 70 ans après la fin de la 2e guerre mondiale, les cinq pays vainqueurs de la conflagration conservent seuls les clés de la maison en tant que membres permanents, disposant d'un droit de veto? Comment veut-on que, dans ces conditions, les quelque 200 Etats membres reconnaissent la représentativité du Conseil?
Si je fais le même constat que mon ami ghanéen, je fais en revanche des réserves sur ses propositions de changement. Il serait certes logique de donner une meilleure place à l'Asie, à l'Afrique, à l'Amérique du Sud, alors que l'Europe est sur-représentée. Voilà longtemps qu'on le répète sans définir, pour autant, les contours précis du Conseil rénové et nommer les Etats qui disposeraient d'un éventuel droit de veto. La France, par exemple, se dit prête à ouvrir la maison, mais attend que les grandes nations, potentiellement concernées (Inde, Pakistan, Brésil, Mexique, Afrique du Sud, Egypte...) se mettent d'accord pour présenter des propositions communes. En son for intérieur Paris estime qu'on risque d'espérer longtemps la fumata bianca...
En attendant, faisons face aux réalités: l'ONU ce sont aussi les grandes agences de développement qui composent son "système" (UNESCO, BIT-OIT, OMS, FAO et PAM, UNICEF, PNUD, PNUE, Haut-Commissariat aux réfugiés...). Quant au Conseil de Sécurité, s'il est bancal, ne correspond-il pas toujours à une nécessité face aux situations d'urgence?
Ne touchons pas à un vase de fragile cristal, de crainte de le briser.
Antoine Blanca
* Avec la fin de la guerre froide certains avaient espéré la fin aussi du blocage des décisions du Conseil par l'exercice du droit de veto. On a pu voir que cette accalmie n'a guère duré...