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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 17:25

Tout commence le 18 juillet 1994, quand une camionnette piégée explose devant le siège de l'AMIA (Association mutuelle israélite argentine). 85 morts, 231 blessés, le spectacle d'un quartier bombardé au centre de Buenos-Aires. Depuis cet événement aucune enquête n'a abouti. En revanche les rumeurs n'ont jamais cessé, mettant en cause un pays, l'Iran (puis la Syrie et le Hezbollah des chiites libanais). Les accusations se succèdent. Des policiers sont arrêtés qui seront relaxés, faute de preuves. La presse internationale (New-York Times par exemple) ouvre des tribunes à d'anciens agents secrets de Téhéran. Le président Menem, en place au moment de l'attentat (lui-même d'origine syrienne), est lourdement mis en cause. Sans qu'aucune suite ne vienne confirmer ces soupçons. Les noms de juges et procureurs chargés de l'enquête deviennent un moment célèbres. Voilà donc bientôt vingt-et-un ans que cela dure. Et l'on continue à évoquer sombres intérêts pétroliers, transfert de technologie atomique. Mossad, CIA. Tandis que les chefs des "services" argentins sautent les uns après les autres.

Quand on apprend le suicide, le 19 janvier, du procureur Alberto Nisman, en charge du dossier AMIA depuis 2004. On le découvre mort d'une seule balle dans la tête dans la salle de bains de son domicile. Suicide? Thèse aussitôt suspecte aux yeux de l'homme de la rue et de la presse d'opposition. Le scandale est de nature à s'éterniser. D'autant que la présidente Cristina Fernandez de Kirchner décide de dissoudre l'agence argentine "d'intelligence". On venait de découvrir le brouillon du rapport que Nisman devait lire au Parlement (26 pages trouvées dans une poubelle). Il met en cause des personnalités du pouvoir. Cristina elle-même? Pas formellement. En tout état de cause on voit mal pour quelle raison le procureur, appelé à rapporter devant la représentation nationale et rentré précipitamment de ses vacances espagnoles pour le faire, aurait brutalement mis fin à ses jours.

Les argentins aiment les romans noirs. Pas autant que le foot. Mais presque. Et celui sur la mort suspecte du procureur va continuer de passionner les masses. Et à créer un climat irrespirable jusqu'aux prochaines élections.

Résultat: on ne saura sans doute jamais la vérité sur l'attentat du 18 juillet 1994 contre la communauté juive argentine...

Antoine Blanca

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  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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