29 juillet 2011
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Une première dans l'histoire de la diplomatie française, ou quand l'insolite le dispute au grotesque: la conférence de presse improvisée de BHL à l'entrée de l'Elysée où il venait d'être reçu par
le Chef de l'Etat accompagné d'une délégation de la Libye rebelle. Avec une assurance de voltigeur de cirque, le philosophe à la chemise ouverte immaculée a tranquillement pris le contre-pied du
Ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. "Non, monsieur Juppé, a-t-il dit en substance, le Président, moi même et l'insurrection libyenne n'accepterons jamais que Kadhafi puisse rester dans
son pays s'il accepte de quitter sa fonction de Guide. Ni même qu'il puisse s'installer dans un pays voisin". Juppé, qui avec d'autres collègues occidentaux et Arabes, négocie discrètement une
possible solution à une situation inextricable, a encaissé l'affront sans piper mot. Il venait publiquement d'envisager la solution rejetée avec ostentation par le diplomate de
Saint-Germain-des-Prés.
Monsieur le philosophe a ainsi humilié, avec la haute complicité de Sarkozy, toute la diplomatie française. Laquelle choisit, hélas, de s'incliner en silence et en toute humilité.
L'événement, qui n'a pas paru émouvoir plus que cela l'opposition ou la presse, illustre pourtant nos échecs répétés, souvent sanglants en Afrique, au Moyen Orient comme en Afghanistan où 70 de
nos soldats "ne sont pas morts pour rien". On avait déjà fait une démonstration d'imprévoyance, parfois d'incompétence, en Tunisie et en Egypte. Notre silence est assourdissant en Syrie où nous
affichions pourtant nos ambitions (Bachar el Assad co-présidant le défilé du 14 juillet il y a très peu de temps). En Afrique nous nous trouvons toujours alliés des dictateurs et des corrompus.
En revanche la France n'a répondu que de l'extrême bout des lèvres à l'appel à l'aide de la FAO pour secourir les populations moribondes de la Corne de l'Afrique.
Or il paraît que c'est sur son action internationale que Sarkozy est jugé le plus positivement par les électeurs. Grâce à son action européenne, nous dit-on. Espérons que, sur la durée, la lourde
mise en scène confirme l'ambition électorale du scénariste.
Antoine Blanca
NB: ce blog va interrompre ses activités pendant quelques jours...
Antoine Blanca