On s'était étonné, à droite comme à gauche, de voir le président Sarkozy garder Patrick Buisson auprès de lui aussi fidèlement. Etait-il concevable de suivre les conseils d'un ancien patron de l'hebdo fascisant Minute? Mais quelques mois avant l'échéance suprême, assuré par tous les sondages d'une défaite cuisante, le maître de l'Elysée n'hésita pas: il donnerait à l'électorat d'extrême droite des signes de plus en plus clairs d'adhésion à ses idées.
A l'occasion de chaque débat, de chaque interview, de chaque meeting, il envoyait les mêmes messages. Et il notait qu'ils étaient bien reçus par ses audiences. Attention: on se rapprochait des idées, pas du parti et des personnes qui les avaient portées.
Cette tactique, si elle ne lui apporta pas la victoire, contribua à atténuer la défaite.
On ne pensait pas toutefois que ce serait François Fillon qui deviendrait, à son tour, le disciple de Buisson. Même si on voyait mal pourquoi, lors des primaires de l'UMP, des hommes aussi marqués à droite qu'Estrosi et Ciotti s'étaient résolument rangés derrière la bannière de l'ancien Premier Ministre. On se trompait: après analyse de la situation électorale, peut-être sans conviction intime mais sans restriction, Fillon a décidé de pousser aussi loin que possible son flirt avec l'électorat FN.
Et tant pis pour Juppé et Raffarin accablés. Et tant mieux si Copé reste sans voix...
Antoine Blanca