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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 09:43
Le jour où l'hyper-libéral Cardoso a été reconduit danns ses fonctions à Bruxelles, Felipe Gonzàlez a su qu'il ne serait pas le premier président de l'Union européenne. Deux ibériques occupant les deux positions les plus visibles dans l'organisation voulue par le Traité de Lisbonne, était chose inconcevable.
L'ancien président du gouvernement espagnol (pendant quatorze ans), n'avait pas exprimé publiquement son souhait, mais il espérait secrètement qu'on finirait par se tourner vers lui. Il n'avait pas quarante ans quand il a pris la tête du pouvoir exécutif de la jeune démocratie espagnole. Il n'en avait que cinquante quatre quand il a entamé une nouvelle carrière: celle de chômeur de luxe,.un "ex" plus jeune que ses pairs Depuis 1996 il dirige un institut de recherche politique qui porte son nom, est appelé par des universités pour des conférences ou des séminaires. Il observe en spectateur un monde où il a été l'un des acteurs. Et, au fond, il s'ennuie ferme.
La campagne orchestrée contre lui, qui l'avait décidé au départ, concernait un aspect obscur de la lutte contre ETA. Rien d'infamant en tout cas. C'est aujourd'hui un ancien homme d'Etat jeune et expérimenté, plein de vitalité retenue.
De mon point de vue, c'était, pour l'avenir de l'Union,  "l'homme introuvable". Mais visiblement on n'a pas voulu le trouver. Sans doute a-t-on estimé qu'à une Europe sans couleurs et sans saveur, il fallait une présidence molle, floue, inconsistante, ne faisant de l'ombre à personne. Surtout pas à Merkel et à Sarko.
Cette déconvenue secrète n'a pas empêché Felipe de donner son opinion sur les grands thèmes qui préoccupent ceux qui aiment, malgré tant de déconvenues, l'idée européenne. Il s'est confié au quotidien EL PAIS de Madrid.
Ci-dessous, quelques extraits de son entretien:
-- Les citoyens des pays membres ne nous entendent pas. Les chefs de gouvernement eux-mêmes, ceux qui rédigent les résolutions, ne les entendent pas...
-- Prétendre que les Européens défendons des valeurs qui nous sommes communes est une simplification hâtive. Chacun défend des intérêts, ceux qui lui sont propres...
-- J'entends que la relation spéciale franco-allemande continue d'être nécessaire. Mais, déjà de mon temps, elle n'était pas suffisante...
-- Nous avons du mal à accepter qu'un espace partagé, l'Europe, c'est autre chose que la somme des intérêts de chaque Etat...
-- Si nous nous efforcions de disposer d'une voix unique au Conseil de Sécurité de l'ONU, nous avancerions sur le bon chemin...
-- Cessons de tripoter les traités. Nous n'avons pas besoin de les modifier pour arrêter une politique commune en matière d'énergie...
-- La distance technologique entre l'UE et les Etats-Unis a encore augmenté. Et les pays émergents se mettent à nous talonner...
-- En 2050 il manquera à l'Europe 70 millions de personnes actives. Quelle solution va-t-on trouver à ce problème essentiel...

Il s'est agi d'un très long entretien et je ne suis pas certain de vous avoir communiqué autre chose qu'un avant-goût de cette analyse qui vient d'un homme de pouvoir, d'un homme qui a conduit son pays à l'Europe et qui a toute autorité pour en parler sans que l'on songe à mettre en doute sa sincérité. 


Antoine Blanca
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  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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