A droite il leur faut improviser pour éviter la panique absolue. On passe à la hâte la sébile. Il y a suffisamment de
riches à l'UMP pour que la trésorerie sauve provisoirement les meubles. Ce qui nous permet de revenir à l'essentiel: le conflit, encore inavoué, mais qui sera bientôt révélé, opposant Sarkozy à
Fillon.
Si l'ancien président avait renoncé à la politique, il n'aurait pas provoqué la réunion des chefs, forcément ultra-médiatisée, avec son discours comme unique point de l'ordre du jour. En
relisant le propos sarkozyen on voit qu'il était destiné à freiner séchement les ambitions de François Fillon pour 2017. Grosso modo il lui a dit: "mon bilan est aussi le tien. Alors,
ferme-la..."
L'ancien Premier ministre a assisté, en spectateur muet, à cette mise en garde. Il peut pourtant être satisfait: il ne reste, face à lui, qu'un seul adversaire, Sarkozy lui-même.
Le duel Fillon-Copé a bel et bien été gagné par le Sarthois parisianisé. En abandonnant la présidence de l'UMP au député-maire de Meaux, il a paru faire une concession de taille. Fausse impression. Copé va devoir se dépatouiller seul avec un parti ruiné. Déjà endetté à hauteur de 44 millions d'euros, il vient de voir le trou se creuser des 11 millions que l'Etat ne remboursera pas pour la dernière campagne présidentielle. Une calamité dont l'imprévoyance et la folie de grandeur de Sarkozy sont les sources uniques.
Ce dernier, et tous les hauts grades du principal parti de la droite, se disent solidaires. Et mettent modérément la main au portefeuille. Mais les temps s'annoncent durs pour un chef UMP bien démoralisé. Il a le sentiment d'avoir perdu sur tous les tableaux.
Fillon, lui, est regaillardi à la veille de la longue bataille qui s'annonce. Son récent conflit ouvert avec Copé lui a permis de compter ses troupes. A l'Assemblée il avait constitué, pour quelques jours, son propre groupe bien fourni. Un bon coup de poker. Une petite démonstration de force. Copé est devenu un canard boîteux. Sarkozy, lui, est parti retrouver Carla au Cap Nègre. Quant à Fillon, il est déjà doucement en campagne et fait figure de favori.
Antoine Blanca