Patrick Buisson vient de "Minute", hebdo fascisant qu'il dirigea longtemps. Il se proclame 'nationaliste', mais préférerait la France sans les Français. Ils ont beau être 66 millions, aucun d'eux n'aurait la carrure d'un Chef d'Etat.
A l'exception, bien entendu, de Sarkozy. Son ancien et toujours conseiller le dit et le répète: notre pays est orphelin du grand homme que ses électeurs ont renvoyé étudier les lois au Conseil Constitutionnel. Le propos destructeur du conseiller vise moins François Hollande que François Fillon. Un ingrat qui vient de répéter que l'ancien Chef d'Etat devrait affronter ses amis de parti dans une primaire. Si d'aventure il venait à se représenter. Une offense qui a mis l'ancien maire de Neuilly/s/Seine dans un état proche de la furie.
Mais revenons à Buisson. On dit dans la presse et dans les cercles politiques qu'il fut le conseiller qui parvint à convaincre le président-candidat, de droitiser au maximum sa position, pour piquer des voix au 'le pénisme'. Je suis convaincu que les choses ne se sont pas passées comme cela. C'est trop commode d'accréditer une interprétation qui arrange beaucoup de monde dans l'ancienne sarkozye. Ainsi la droite parlementaire aurait été prise par surprise, à contre-pied en quelque sorte, par le brutal changement de ton du Chef. 'Il avait des mauvaises fréquentations'; ou encore: 'il faisait trop confiance à des esprits malhonnêtes'. Dans les familles on trouve ainsi toujours un bouc émissaire extérieur pour expliquer le détestable comportement de l'enfant qui file un mauvais coton. Le patron flirte un max avec la droite extrême? "C'est la faute à Buisson et Sarkozy est sa victime...
En l'occurrence j'ai la conviction que l'ancien Président a recruté Buisson en pleine connaissance de cause. Il tenait ainsi, dans son cabinet, la 'voie facho' en réserve. Il sortirait le diable
de sa boîte si nécessaire, le moment venu. Ce qu'il a fait à la vue des sondages difficiles de mars 2012. Celui que M.Buisson tient pour 'seul français ayant carrure d'homme d'Etat' est avant
tout un joueur cynique qui calcule très en avance ses coups. Et si Buisson demeure à ses côtés pendant sa rentable traversée du désert (conférences à 100000 dollars pièce, tout de même), c'est
que la montée électorale du FN l'incite à sauvegarder la possibilité de se représenter sur un programme musclé.
Rien n'est encore décidé...Mais on peut dire que, d'ores et déjà, Buisson joue son rôle de brouilleur de pistes. Quant à l'UMP, elle a déjà éclaté.
Personne n'envisage sérieusement de voir le paysage se dégager à droite au cours des quatre prochaines années.
Antoine Blanca