6 septembre 2011
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La droite gouverne sans partage dans la quasi totalité des pays de l'Union européenne. Partout elle a échoué. Elle n'a pas su prévoir la crise. Quand cette dernière a été là, elle n'a pas
su la gérer. Ou plutôt, elle a bricolé des mesures destinées à protéger sa clientèle électorale. Un néo-libéralisme à la petite semaine qui est en train de nous conduire au désastre.
La Démocratie socialiste se prépare à assurer la relève dans bon nombre de pays. En France ce sera en 2O12. Les militants et leurs experts sont toujours au travail. Il s'agit d'actualiser le
projet adopté en y intégrant, le moment venu, des propositions nouvelles surgies pendant la campagne des primaires.
La gauche est habituée à être taxée de rétrograde quand elle annonce des mesures de justice sociale sur le terrain de la fiscalité, de l'économie et de l'emploi. Or ses représentants trouveront
peut-être réconfort à lire les articles de deux grands maîtres à penser du conservatisme: Charles Moore dans le Daily Telegraph de Londres, et Frank Schirrmacher dans le Frankfurter
Allgemeine Zeitung de Francfort. L'un et l'autre viennent de disserter longuement sur le thème: Et si la gauche avait raison?
Extraits: "Les riches dirigent un système mondial qui leur permet d'accumuler du capital et de payer le travail le moins cher possible. Ils sont les seuls à profiter de la liberté qui en
découle. La majorité doit se contenter de travailler plus dur, dans des conditions toujours plus précaires, pour enrichir une minorité. Le système démocratique, qui vise à enrichir le plus grand
nombre, est en fait confisqué par ces banquiers, barons de la presse et autres magnats qui dirigent et possèdent tout..." Charles Moore, dans le Daily Telegraph.
Ou encore, dans le même article:"La force de l'analyse de la gauche tient au fait qu'elle a compris comment les puissants se parent d'un discours libéral de droite pour défendre leurs
privilèges...La mondialisation, par exemple, ne devait à l'origine signifier que le libre échange à l'échelle du monde. Or, aujourd'hui, cela signifie que les banques accaparent les bénéfices
réalisés au plan international et distribuent les pertes aux contribuables dans chacun de leurs pays. Les banques ne rentrent à la maison que lorsqu'elles n'ont plus d'argent. C'est alors que nos
gouvernements leur donnent de l'argent frais..."
Dans le Frankfurter Allgemeinee Zeitung, Frank Schirrmacher développe les mêmes thèmes, se référant, par des citations, au papier de Moore. Il adapte son écrit à la situation proprement
allemande. "Angela Merkel, conclut-il, n'a pas été en mesure d'aborder les répercussions morales de la crise de la zone euro".
Si un analyste de gauche avait développé la même argumentation, cela aurait eu une portée limitée. Mais dans ce qui nous occupe aujourd'hui ce sont d'éminentes plumes du camp conservateur
qui montent au créneau. Et ils disent à des millions de lecteurs: nous devons admettre que nous avons tort et que les autres ont raison. Une telle révolution de l'esprit chez des intellectuels de
droite, devrait retenir l'attention de la gauche française dont les dirigeants négligent souvent de lire la grande presse internationale.
Antoine Blanca
Antoine Blanca