Je prends connaissance d'un nouveau sondage qui se veut pervers: le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, serait plus populaire que son Président et camarade de parti. Si ce résultat ne surprendra personne, tant la situation et les responsabilités exercées par l'un et l'autre sont différentes, chacun comprend la finalité de l'exercice. Encourager la supposée vocation présidentielle du ministre. Entretenir un sentiment de méfiance à son égard de la part du Chef de l'Etat.
Les vrais initiés savent que cette opération est vaine.
Pourquoi? Les explications ne manquent pas: sauf accident majeur, l'échéance considérée est encore lointaine; l'opinion
militante et sympathisante du PS (électorat de la primaire ouverte) reste, pour une bonne part, à conquérir pour le challenger potentiel (lequel sait que la droite finit tojours par rassembler
son propre camp); le chemin à parcourir pour une remise en ordre de la Place Bauveau* est encore long...Or cela demeure l'objectif prioritaire de Manuel Valls qui se préparait, depuis des années
dans l'opposition, à réussir dans cette haute mission. En mai 2012, il avait assimilé depuis longtemps tous les dossiers disponibles la concernant.
Mais ceux qui connaissent bien les deux hommes savent que leur complicité est totale. Ils sont amis, presque complices, trop intelligents et astucieux pour tomber dans les pièges grossiers qu'on leur tend. Ceux qui croient ou veulent faire croire que Hollande ne garde son ministre que pour atténuer les effets de son impopularité actuelle font une mauvaise analyse. On peut nourrir de grandes ambitions et savoir gérer le facteur temps. Ce que ces deux personnalités savent très bien faire.
Valls n'a pas besoin de le dire: c'est dans sa haute mission qu'il se sent le mieux pour organiser son avenir. Fidélité affichée à son camp, travail acharné et méthodique, concret dans son discours. A l'opposé de l'agitation brouillonne et bavarde d'un Sarko auquel les malveillants voudraient le comparer.
Antoine Blanca
* siège du Ministère