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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 11:31

Ilich Ramirez Sànchez, dit Carlos, terroriste professionnel à causes multiples, est à la fois sous les verrous en France, et sur les écrans de télévision de notre pays (en attedant mieux...). Outre la qualité exceptionnelle du film en trois épisodes que diffuse Canal+,  le retour sur le devant de l'actualité du Vénézuélien le plus célèbre , après Bolivar et Chàvez, nous permet de nous remettre en mémoire les années secouées par une forme de terrorisme bien différent de celui qui nous mobilise et nous inquiète aujourd'hui.

Les "brigades rouges" en Italie, la "fraction "armée rouge" au Japon, la "bande à Baader" en RFA...et puis aussi les groupes criminels du Moyen Orient que certains Etats finançaient, manipulaient, pour empêcher Arafat de conclure un traité de paix solide avec Israël sur l'avenir de la Palestine. D'ailleurs ces terroristes n'avaient d'autre objectif que de s'opposer à de possibles accords:  les "brigadistes" italiens, par exemple, sont parvenus à miner la négociation d'un "compromis historique" entre Démo-chrétiens et communistes.

Ces mini-réseaux vivaient avec la guerre froide en toile de fond. Ils n'avaient rien à voir avec les activistes qui combattaient pour une reconnaissance nationale, comme les catholiques irlandais, ou les petits groupes ayant choisi la voie de la violence pour venir à bout de la dictature franquiste.

Le monde dans lequel se mouvait Carlos, en Europe et au Moyen Orient, avait le visage (ou les cagoules) des hommes de main, mais d'autres forces avançaient, dans les coulisses, masquées et maîtresses du jeu. Certains gouvernements arabes, frères ennemis baassistes syriens ou irakiens, tiraient les ficelles en fournissant kalachnikovs et liasses de dollars. De toute manière tous les pays arabes jouaient entre eux des jeux compliqués.
L'originalité de Carlos fut de comprendre, d'interpréter et de tenter de tirer profit de ces "combinazzione" nauséabondes. Et d'essayer de se mettre à son propre compte. Bref il termina sa vie active comme chef mafieux du terrorisme moyen-oriental, comme super-tueur à gages. Gages millionnaires mais émoluements qui le rendaient encore plus dépendant en matière de sécurité.

Carlos a été au centre de nombre de sinistres aventures. Mais il n'a jamais incarné d'autre idéal que celui de l'utilisation cynique de l'histoire parallèle souterraine, sombre. Et des perturbations existentielles de compagnes et compagnons occasionnels qui faisaient les coups avec lui.

Parce que dans une séquence du film il est vêtu et coiffé à la Ché Guevara (du moins de celui que  les tee-shirts ont popularisé), des journalistes mal avisés ont osé faire un rapprochement entre les deux hommes. En vérité l'Argentin était un guerrier, un guérillero qui utilisait la lutte armée pour créer d'autres "Sierra Maestra" en Afrique ou aux Amériques.  A partir de ces nouveaux foyers  il espérait convaincre les masses de la justesse des objectifs révolutionnaires. Mais il  n'a jamais utilisé le terrorisme indiscriminé comme instrument de son combat.

Carlos est même l'anti-Ché par excellence.


Antoine Blanca

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 14:27

A propos du film "Hors la loi" projeté à l'occasion du festival de Cannes, je me permets d'attirer votre attention sur mon article, publié sur ce blog sous le titre "Sétif: commencement de la fin de l'Algérie française". En date du 10 mai.

 

Le festival, vu au travers des émissions en direct de Canal+, et des commentaires de la presse, aura été particulièrement terne.

En vérité, le seul événement digne d'être relevé est la projection du film "Hors la loi". Le réalisateur et les principaux acteurs en sont des Français d'origine Nord-africaine. Comme cela avait été le cas pour "Indigènes". La critique l'a très bien accueilli et j'ai hâte de le voir. Nous devrions tous être fiers de pouvoir partager notre histoire, aussi douloureuse fût-elle, avec cet univers humain auquel nous demeurons intimément liés. Et de pouvoir relever que, en dépit des événements, des cicatrices toujours à vif, nous avons une culture en commun qui s'exprime ave force et talent dans les domaines cinématographique et littéraire.

Nombre d'énergumènes qui ont protesté contre la projection d'un film qu'ils n'avaient pas vu (et qu'ils ne veulent pas voir de toutes façon: un "film de bicots"), applaudissent bruyamment nos sportifs dont les familles sont originaires de cette même partie du monde. Alors pouquoi conspuent-ils leurs frères quand ils écrivent ou réalisent des oeuvres cinématographiques?

L'explication est simple: parce qu'ils sont les héritiers d'une tragique tradition de connerie indélibile.

Oublions les. Continuons d'avancer sans eux. Ils appartiennent à un passé dont ils incarnent la partie la moins acceptable.

 

Antoine Blanca

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 10:59

La preuve du caractère fallacieux du gigantesque débat national sur le voile intégral voulu par la droite, a été involontairement fournie par un simple agent de police nantais. Il a été, je le rappelle, légalement en mesure de dresser procès-verbal à une conductrice en burqa pour "conduite dangereuse". De la même manière la dissimulation du visage par le port d'un masque est interdite par la loi.

Alors pourquoi tout ce ramdam parlementaire, cette mobilisation médiatique digne d'une déclaration de guerre, ces discussions qui ont parfois jeté le trouble dans les familles et les cercles d'amis ? A gauche même certains ont osé lever l'étendard sacré de la laïcité, pour justifier leur attitude ambigüe face à cette offensive conservatrice. Personne autour de moi, musulman ou pas (j'en connais des centaines) ne s'est jamais déclaré en faveur d'une telle mutilation de la femme!

On mobilise l'artillerie lourde, la flotte de Brest et les escadrilles de Rafales, là où le stylo pointe Bic d'un flic provincial suffit à punir la contrevenante.

Pour découvrir(si j'ose dire) quoi, d'ailleurs? Que cette dernière se couvre contre la volonté de son époux, musulman de naissance, lui, et qu'elle est, comme une bonne partie de la poignée de nymphes burquisées, une catholique convertie à l'Islam... La triste héroïne s'auto-flagelle donc volontairement, avec  délice semble-t-il, en vertu d'une interprétation aberrante du Coran. Pour des raisons que seuls des psychanalystes, voire des psychiâtres pourraient éventuellement déterminer. Un effet de nouvelle mode, peut-être. Personnellement je préférais celle de la mini-jupe! But nobody is perfect...

 

Antoine Blanca

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Tout, dans ce dossier,  est à la fois grotesque et dangereux.

Dangereux parce que l'on fait appel, comme il n'y a pas si longtemps dans le phénomène anti-sémite, aux réflexes les plus obscurs de l'âme humaine.

Il faut mettre fin à ce type de discrimanation, avant que tout ne dégénère.

 

Antoine Blanca

 

 

 

 



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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 13:15

"Tiens, voilà le petit français!" Dans la salle des pas perdus, je vois arriver Sarkozy. Cela me fait quelque chose de le voir seul. Au Brésil il a toujours son mannequin d'épouse avec lui. Enfin...à Rio. Parce que, comme elle me l'a dit avec son sourire enjôleur, Brasilia, notre capitale, c'est trop barbant. "Pourquoi avoir abandonné Copacabana aux touristes?", m'avai-elle dit avec une moue boudeuse et un regard chaste de reproche.

Ici, au sommet en Espagne, le président français est de passage. Pas question pour lui, c'st bien visible, de s'attarder à la réunion UE-Amérique latine. Il a tant à faire ailleurs. Des choses autrement importantes, laisse-t-il entendre.

On me traduit la presse française: tous les journalistes disent la même chose. Sarko veut me remercier, et c'est pour cela surtout qu'il a fait ce déplacement éclair, portable ouvert et rictus d'impatience aux lèvres.

Me remercier de quoi? D'être intervenu pour accélérer la libération d'une petite française retenue à Téhéran. Je me dis, en me grattant derrière mes oreilles en éventail, ne pas avoir conscience d'avoir fait quelque chose de si remarquable. A peine deux mots lâchés en passant à cet autre agité, Ahmadinejad.
Vraiment, cela ne valait pas la peine de me remercier pour si peu...

Mais je  découvre vite la vérité sur ces manifestations de tendresse: cette vérité a nom Rafale, l'avion invendable et invendu de Dassault.

Il sait bien, le bougre, que mon entourage, généraux d'aviation en tête, sont hostiles à cette énorme contrat. J'ai bien signé un compromis...mais je fais en sorte de prolonger l'attente. Peut-être, pourquoi pas, jusqu'en octobre, date de l'élection de mon successeur.

Je m'efforce de rassurer mon interlocuteur énervé comme d'habitude. Sans m'engager au-delà du raisonnable.

Son portable sonne. Un regard d'excuse. Puis un petit signe de la main: suivi de ses gardes et de sa petite suite, il part.

A la vitesse d'un "Rafale". Certains participants au sommet n'ont pas même remarqué son passage...

 

Antoine Blanca

 

 


 


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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 10:25

Comme il convenait de s'y attendre, la tragédie vécue par Haïti, ses gens et sa terre, a cessé d'être au centre de l'actualité. Rien de plus naturel: d'autres catastrophes, de nouveaux drames l'ont, sinon effacée, du moins relégué au second plan. Nous-mêmes, riches (dans la relativité) Européens avons des soucis plus immédiats, proches de notre vie quotidienne. Et susceptibles d'affecter  de front notre avenir et celui de notre descendance. Pourtant, une fois les morts mis en terre, les blessés soignés ou amputés, Haïti peut se frayer les voies d'une renaissance. Gardons à ce pays frère un petit coin de notre vigilance solidaire.

La renaissance dont je parle est soumise, de mon point de vue, à plusieurs conditions:

-- qu'un gouvernement national soit investi dans la clarté, qu'il exerce effectivement son autorité légitime, que l'esprit de responsabilité citoyenne prenne le pas sur le clanisme et les divisions religieuses et  (ou) politiques; faire front tel un peuple engagé malgré lui dans une guerre d'agression;

-- que ce soient les organisations du système des Nations Unis qui, en  bonne intelligence avec le pouvoir d'Etat, prennent en mains les projets, la coordination des budgets alimentés par l'aide internationale; et non les associations caritatives et les ONG. Si l'action de ces dernières, le dévouement de leurs militants,  la générosité de leurs donateurs, ont donné un immense souffle à la solidarité internationale, la phase de reconstruction dans laquelle Haïti vient d'entrer cahin-caha ne peut se réaliser dans l'émiettement et la douce anarchie;

-- que le libéralisme économique cède la place à la planification, notamment dans les domaines de l'agriculture (laquelle doit bénéficier de prix protégés) , du  principe de priorité nationale dans les secteurs de la production traditionnelle telles celles du café, des fruits tropicaux et, surtout, celle du riz, denrée qui constitue, avec la viande de porc, la nourriture de base des habitants;

-- que la main-d'oeuvre haïtienne soit recrutée sur les chantiers qui  continuent de s'ouvrir et que les cadres émigrés soient encouragés au retour  en faisant appel à  un élan patriotique enfin digne de l'histoire de cette nation. Une nation  qui fut la première, en Amérique latine, à proclamer son indépendance (et à accueillir Simon Bolivar lors de son premier exil politique).

 

Haïti fait partie de notre famille francophone. Ne l'oublions pas. Apprenons à mieux connaître ses réalités et ses potentialités: ainsi, chassons une autre idée reçue, celle qui ignore, entre autre, que c'est essentiellement la capitale Port-aux -Princes et se région qui ont été ravagés. Non la totalité du territoire. Du même coup, ce sont les campagnes et les petites villes qui, avec la deuxième cité du pays, Port Haïtien, qui ont vu arriver par centaines de milliers parents, amis et...simples sinistrés.

C'est un fait dont il faut absolument tenir compte dans l'oeuvre de reconstruction. Evitons donc de surpeupler, une nouvelle fois, les lieux qui se sont trouvés au centre du séisme.

 

Antoine Blanca

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 14:19

Ce n'est pas l'actualité littéraire qui inspire cet article. Romancier de talent, Mario Vargas Llosa n'a rien produit de significatif depuis longtemps.

Ce ne sont pas non plus ses chroniques hebdomadaires dans la presse de langue espagnole. La plupart d'entre elles sont d'une banalité insupportable.

Mon article n'est pas davantage lié au prochain voyage que je dois effectuer au Pérou, pays de naissance de l'écrivain dont il est question. Vargas Llosa n'y met le pied que de manière très occasionnelle, lui préférant l'Europe, l'Espagne plus précisément, depuis plus de vingt ans.

En vérité c'est l'homme politique qu'il voudrait être qui vient torturer ma plume. Et l'ampleur de ses reniements successifs qui justifie que je la trempe dans le vitriol dès que je vois son nom  imprimé dans la presse. Rappelons un peu son histoire.

Jeune homme de gauche, un long moment révolutionnaire universitaire (puis de salon), il s'attaquait  alors avec talent aux castes civiles et militaires qui dévalorisaient son pays et ses hommes, maniait l'humour et l'autodérision avec dextérité et justesse, dénonçait sans lourdeur, mais avec un esprit créatif, les pesanteurs de l'impérialisme yankee...

Tout changea avec l'attribution du prix Nobel de littérature à son ami et complice Gabriel Garcia Màrquez. La rupture fut brutale. Gabriel, il n'en doutait pas un instant, lui avait volé un prix qui lui était dû. Il alla jusqu'à attaquer le vieux copain, dans un couloir d'un hôtel mexicain, à coups de poing, par surprise, tel  un gamin jaloux dans une cour de récré.

Et puisque Gabriel professe des idées de gauche, Mario devint la voix et la plume de la droite. Puisque le Colombien sympathise avec les projets économiques socialistes, il se transforma en champion du libéralisme économique le plus intransigeant.

Et puisque "el Gabo" était demeuré l'ami de Fidel, il devint son pourfendeur le plus virulent.

D'où mon article de ce jour: Vargas vient en effet de réunir, péniblement, d'ailleurs, une grosse vingtaine de signatures d'intellectuels espagnols et latinos pour condamner "la plus longue dictature de l'Amérique latine". On devine à laquelle ils prétendent se référer...Pas un mot, bien entendu, sur l'embargo criminel, imposé unilatéralement par un puissant voisin, pas un mot sur les prisonniers politiques cubains aux Etats-Unis, pas un mot pour reconnaître les succès de Cuba dans les domaines culturels, de recherche scientifique et de développement culturel. Ils sont pourtant l'honneur de l'Amérique latine tout entière.

Le Péruvien, (l'Espagnol, devrais-je dire désormais), intimément lié aux puissants de l'exil cubain de Miami (dont il se fait le porte-parole empressé), exprimerait davantage le fond de sa pensée en disant clairement son espoir de voir le grande île caraïbe redevenir ce qu'elle était avant la victoire des révolutionnaires: un gigantesque casino ouvert à tous les vices du jeu et du stupre, un bordel offrant des services à toutes les catégories de perversité, un paradis pour trafiquants et mafieux. Las Végas, mais avec la seule loi du milieu pour système judiciaire. Car c'est là l'unique version de la "démocratie" qu'a connue le peuple cubain avant le 1er janvier 1959.

Pauvre Vargas Llosa qui se trompe toujours en matière politique: sa tentative de devenir Président, avec un appui multi-millionnaire en dollars de toute origine, s'était soldée par l'installation solide de Fujimori au pouvoir à Lima. Certes, nul n'est prophète en son pays. Mais lui ne l'est nulle part. Il ferait bien de se remettre à écrire des romans. C'est ce qu'il fait de mieux.

 

Antoine Blanca

note de l'auteur:

Vargas Llosa avait consacré un long papier, publié par la revue péruvienne "Caretas", à critiquer la gauche française en général et le Président Mitterrand en particulier, pour leur conception "étatique de l'économie" et leur répugnance à se plier à la puissance souveraine du "marché". Je lui répondis longuemen, la semaine suivante, dans la même revue (je représentais alors la France à Lima). J'en profitais pour le défier: accepterait-il un débat public, dans un cadre universitaire par exemple, sur les thèmes évoqués. Mario ne me répondit jamais...

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 12:57

Nous serons tous d'accord pour le reconnaître: Winston Churchill aura marqué l'histoire de l'humanité par sa résistance, un long moment solitaire, au nazisme. Saluons encore une fois la mémoire du fumeur de "havanes" et amateur de liqueurs  de qualité qui aimait à la fois les bonnes choses et la démocratie.

Mais la vie du grand homme a connu des moments beaucoup moins glorieux. En Afrique du Sud, par exemple. Mais aussi, au Moyen-Orient, quand il était jeune ministre des colonies et que le Royaume Uni dessinait les frontières des futurs Etats arabes libérés du joug ottoman. A coups de ciseaux sélectifs, à partir de critères incluant la richesse du sous-sol en pétrole. Mais aussi en ayant soin de faire parler la sainte devise, jamais usée, de "diviser pour régner". Il avait de quoi faire entre sunnites et chiites, maronites et orthodoxes arméniens, druzes et nestoriens, alaouites et coptes, Arabes et Juifs. Et puis il y avait les Kurdes qui réclamaient un Etat indépendant. Hors de question. Surtout avec les potentialités en or noir de Kirkuk et Mossoul. Pour les mater, Churchill préconisait les grands moyens (lettre du 19 mai 1919 au War Office):

"Je ne comprends pas cette délicatesse exagérée à propos de l'utilisation du gaz...C'est pure affectation que de lacérer un homme avec les fragments pernicieux d'une explosion d'obus et d'éprouver des velléités...à l'usage de gaz empoisonné contre des tribus non civilisées. L'effet moral  devrait être tel que la perte de vie humaine devrait être réduite au minimum..."

Il y a peu de mois Ali El Takriti , cousin germain de Saddam, surnommé par les médias "Ali le chimique" , a été  pendu à Bagdad. Cet ancien chef de la sécurité du régime baâssiste irakien, avait réprimé une révolte kurde en utilisant  la méthode Churchill contre ces mêmes "tribus non civilisées". Pour les mêmes raisons : empêcher une région riche en pétrole d'accéder à  sa pleine souveraineté.

Mais il est évident qu'un tel rapprochement, entre les motivations patriotiques d'un gentleman conservateur british et celles d'un serviteur zélé d'un dictateur arabe, ne peut être qu'iconoclaste.

Je m'excuse d'y avoir même songé.

 

Antoine Blanca

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 11:09

Le 8 mai 1945 la ville de Sétif, dans l'Est algérien, fêtait la victoire des alliés par un défilé populaire auquel participaient toutes les associations de la société civile, anciens combattants et clubs sportifs inclus. La note discordante vint des "Scouts musulmans": ils arboraient fièrement un drapeau nationaliste. Celui qui est devenu celui de l'Algérie indépendante en 1962. 

Qui déclencha la fusillade? En tout cas il y eut très vite des morts et un affolement général qui s'étendit dans toute le ville, puis dans les villes, villages et douars des environs. Des Européens furent massacrés (100, 1000 ?, nul ne l'a jamais déterminé avec objectivité). Pas plus que les chiffres de la répression qui suivit. Entre 10000 et 40000 "indigènes" furent en tout cas massacrés par milices civiles improvisées, policiers locaux jouant au shérif et unités militaires. Un incroyable bain de sang le jour où l'on fêtait, partout dans le monde, la fin du fascisme et du nazisme.

Les événements de Sétif et de Guelma rencontrèrent peu d'écho dans la presse nationale et internationale, occupées l'une et l'autre à commenter les conséquences de la Victoire. Quant au gouvernement tripartite (SFIO, MRP, PCF) présidé par le général De Gaulle, il balaya ces incidents d'un revers de main. Il était confronté à d'autres problèmes qu'il jugeait autrement prioritaires. Citons simplement le leader communiste et vice-président du Conseil des ministres, Maurice Thorez :"Ce n'est pas au moment où la France avance vers la démocratie que nous pouvons tolérer de tels désordres!"

Je pense pour ma part que ces "désordres" furent le premier épisode de ce qui serait, quelques années plus tard, qualifié de "guerre d'Algérie". Quant aux milices de colons qui prirent part à la répression, elles étaient la préfiguration de l'OAS.

Je vous recommande d'aller voir, dès sa sortie sur nos écrans le film consacré à ce moment de notre histoire commune à Français et Algériens. Il est une suite logique à "Indigènes" qui fut justement salué par la critique.

 

Antoine Blanca

PS: Cette même année 45 les forces de répression massacrèrent aussi des dizaines de milliers  de Malgaches. Puis viendrait le bombardement provocateur de Haïphong par l'Amiral d'Argenlieu qui donna la coup d'envoi à la guerre d'Indochine. La Victoire des Alliés ne fut donc pas mise à profit pour une préparation ouverte, adéquate, de la fin, inévitable, de l'ère colonialiste.


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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 09:57

Je suis bien obligé de constater que, depuis quelques jours, les sujets que je traite et, sans doute, ma manière de les traiter, intéressent un lectorat décroissant. Over-blog ne cesse de me dire que "je ne suis pas au top des blogs". Sans doute parce que les priorités que je donne à la vie politique, internationale principalement, les références anecdotiques ou non à une longue expérience militante et diplomatique, ne sont pas grande chose si on les compare au bling-bling et aux commérages de toute sorte.
Je ne renonce pas. Mais je vais réfléchir avant de reprendre "ma plume".

A bintôt, donc, sans doute.

 

Antoine Blanca

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 10:15

Au cours de ma longue expérience, militante, dipomatique et onusienne, j'ai beaucoup entendu parler du FMI. Plusieurs personnalités françaises, toutes des belles pointures en matière d'économie et de finances, en ont assuré la Direction générale. Leur dévouement n'est pas en cause. Mais je dois dire que la seule prononciation de ce sigle, F M I, me met un goût d'amertume à la bouche et me donne des douleurs à l'estomac. Pour tout dire, j'ai toujours vu ce Fonds laisser, après son passage, une longue et persistante traînée de misère accrue pour les catégories sociales les plus exposées. Sans exception aucune, quel que soit le pays et quelle que soit la région du monde concernés.

En fait, le Directeur général ne doit pas être regardé comme le premier responsable de cette triste réalité. Il n'en est que la figure la plus visible. Les maîtres du système, pour tout dire, sont les grandes nations qui ont le contrôle absolu de son conseil directeur. Et par dessus tout les Etats-Unis. J'ai été le témoin direct, en tant qu'Ambassadeur de France en Argentine de mai 84 à Noël 88, d'une tentative du patron du FMI, alors notre compatriote Michel Camdessus, de régler "définitivement et radicalement" (m'avait-il dit avec un enthousiasme contengieux), le problème de la dette colossale du pays de ma résidence. Mais au bout du compte, quand il vint avec six semaines de retard à Buenos-Aires, il n'avait plus rien à proposer. Malgré ses pauvres dénégations il était évident que l'administration Reagan s'était fermement opposée à ce type de réglement. Conséquence, l'Argentine est toujours aujourd'hui un pays plombé par une dette gigantesque dont seuls les gouvernements militaires (et leurs ministres de l'Economie, fortement soutenus par le capitalisme international) étaient responsables. Avec les taux d'intérêt internationaux, passés, sous le régime républicain américain, des années 80, de 4 à 13%. Il fallait bien payer le budget mirobolant de la Défense, "guerre des étoiles" comprise. Washington décidait, le reste de la planète payait.

Et là aussi, en Argentine, il appartenait à la démocratie renaissante de payer la facture. Et le reaganisme adorait maintenir la tête des démocraties authentiques le plus longtemps possible sous l'eau. Washington les voulait vulnérables.

Je ne méconnais pas les raisons désespérantes qui ont obligé Papandréou à recourir à cette organisation financière internationale. J'ai la certitude que l'actuel DG, Dominique Strauss-Kahn, mettra beaucoup de coeur, de capacité de conviction, d'imagination, et de générosité personnelle, au service de sa délicate mission.

Au bout du compte, toutefois, la machine et le système mis en place par les puissants du monde et les maîtres de la  grande spéculation, finiront par écraser les citoyens grecs, demain peut-être aussi les Portugais, qui vivent essentiellement du produit de leur travail.

Quand ils en ont un.

 

Antoine Blanca

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Présentation

  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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