Ilich Ramirez Sànchez, dit Carlos, terroriste professionnel à causes multiples, est à la fois sous les verrous en France, et sur les écrans de télévision de notre pays (en attedant mieux...). Outre la qualité exceptionnelle du film en trois épisodes que diffuse Canal+, le retour sur le devant de l'actualité du Vénézuélien le plus célèbre , après Bolivar et Chàvez, nous permet de nous remettre en mémoire les années secouées par une forme de terrorisme bien différent de celui qui nous mobilise et nous inquiète aujourd'hui.
Les "brigades rouges" en Italie, la "fraction "armée rouge" au Japon, la "bande à Baader" en RFA...et puis aussi les groupes
criminels du Moyen Orient que certains Etats finançaient, manipulaient, pour empêcher Arafat de conclure un traité de paix solide avec Israël sur l'avenir de la Palestine. D'ailleurs ces
terroristes n'avaient d'autre objectif que de s'opposer à de possibles accords: les "brigadistes" italiens, par exemple, sont parvenus à miner la négociation d'un "compromis historique"
entre Démo-chrétiens et communistes.
Ces mini-réseaux vivaient avec la guerre froide en toile de fond. Ils n'avaient rien à voir avec les activistes qui combattaient pour une reconnaissance nationale, comme les catholiques irlandais, ou les petits groupes ayant choisi la voie de la violence pour venir à bout de la dictature franquiste.
Le monde dans lequel se mouvait Carlos, en Europe et au Moyen Orient, avait le visage (ou les cagoules) des hommes de main,
mais d'autres forces avançaient, dans les coulisses, masquées et maîtresses du jeu. Certains gouvernements arabes, frères ennemis baassistes syriens ou irakiens, tiraient les ficelles en
fournissant kalachnikovs et liasses de dollars. De toute manière tous les pays arabes jouaient entre eux des jeux compliqués.
L'originalité de Carlos fut de comprendre, d'interpréter et de tenter de tirer profit de ces "combinazzione" nauséabondes. Et d'essayer de se mettre à son propre compte. Bref il termina sa vie
active comme chef mafieux du terrorisme moyen-oriental, comme super-tueur à gages. Gages millionnaires mais émoluements qui le rendaient encore plus dépendant en matière de sécurité.
Carlos a été au centre de nombre de sinistres aventures. Mais il n'a jamais incarné d'autre idéal que celui de l'utilisation cynique de l'histoire parallèle souterraine, sombre. Et des perturbations existentielles de compagnes et compagnons occasionnels qui faisaient les coups avec lui.
Parce que dans une séquence du film il est vêtu et coiffé à la Ché Guevara (du moins de celui que les tee-shirts ont popularisé), des journalistes mal avisés ont osé faire un rapprochement entre les deux hommes. En vérité l'Argentin était un guerrier, un guérillero qui utilisait la lutte armée pour créer d'autres "Sierra Maestra" en Afrique ou aux Amériques. A partir de ces nouveaux foyers il espérait convaincre les masses de la justesse des objectifs révolutionnaires. Mais il n'a jamais utilisé le terrorisme indiscriminé comme instrument de son combat.
Carlos est même l'anti-Ché par excellence.
Antoine Blanca