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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 11:55

Dimanche dernier on votait au Pays Basque espagnol et en Galice. Les observateurs s'accordaient tous à pronostiquer une poussée nationaliste (il s'agit de deux régions très sensibles au chant des sirènes indépendantistes), et à un affaiblissement des deux grands partis espagnols, PSOE et Parti populaire. Les électeurs ne l'ont pas  entendu de la même manière.

Le PP, parti de Mariano Rajoy, représentant la droite parlementaire a fait bonne figure et a même renforcé sa position en Galice, la Bretagne espagnole, d'où le Président du gouvernement est originaire. Ici les indépendantistes n'ont pas de place. Ils l'abandonnent aux groupes partisans d'une autonomie renforcée, notamment sur le plan culturel. La gauche, elle, est marginalisée.

En Euzkadi, la victoire des souverainistes est totale. Le Parti national basque (PNV), démocrate chrétien, pourra gouverner la région à son aise. Le futur Lendakari, chef du gouvernement autonome, sortira de  ses rangs. Les ultra-indépendantistes, ceux qui s'exprimaient il y a peu de temps encore, au travers des actions criminelles d'ETA, montent, pour employer une expression sportive, sur le podium, le triumvirat de tête. Quant au PS d'Euzkadi, il a perdu toute chance de peser sur l'Exécutif qui sera formé demain. Or le PSE/PSOE jouait, hier encore, un rôle déterminant, puisque le lendakari sortait de ses rangs. On louait partout son style consensuel, l'équilibre de sa gestion. Mais les louanges n'ont pas suffi. Il est passé à la trappe...

Pour résumer la situation post-électorale: la droite a globalement gagné. C'est clair en Galice, ce qui va renforcer Rajoy face à ses adversaires (notamment dans son propre parti). D'une autre manière au pays basque où les démocrates chrétiens vont reprendre les clés  du pouvoir exécutif (ils ne les auront lachées que pour bien peu de temps, une parenthèse somme toute). La droite souverainiste se retrouve ainsi confortée, alors que l'on s'apprêtait à prendre acte de son affaiblissement progressif.

Cette poussée de la droite, au moment où elle gouverne en plein crise économique et sociale, nous désoriente. Elle n'est pas logique. Le PSOE aura bien du mal à se remettre en selle. Et son prochain congrès promet d'être dramatique. Il faudra que la base choisisse enfin le terrain sur lequel la gauche livrera bataille. Avec José-Luis Rodriguez Zapatero, on avait choisi celui de la modernisation de la société. Une manière d'avouer son impuissance sur l'économique et le social. Quel pacte d'alliance le vieux parti ouvrier qu'il fût, va-t-il signer avec les syndicats (essentiellement l'UGT, autrefois organisation soeur, et les Commissions ouvrières, autrefois phagocytées par le PCE), et avec l'union de la gauche radicale?

Voilà de bons thèmes de réflexion pour l'action. Au moment où se brouille la perspective d'une alternance gauche (dominée par le PSOE), droite PP. 

Cela assurait un équilibre et paraissait renforcer la démocratie dans un pays qui l'avait tellement malmenée. La fronde régionale, indépendantiste ou souverainiste,  va compliquer, d'une manière différente, cette perspective. Alors que ETA a déposé les armes, renoncé au terrorisme, c'est sur le plan électoral que la faiblesse des institutions a été mise à nue. Cela peut faire oublier, un moment la profondeur de la crise mondiale. Un moment seulement. Or les indépendantistes refusent de regarder en face ces dures réalités auxquelles Basques et Catalans n'échapperont pas. Tôt ou tard le moment de vérité arrivera

Antoine Blanca.

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 11:29

Le rapprochement est frappant: quand les fondamentalistes catholiques s'efforcent de nous convaincre qu'ils sont les croisés des temps nouveaux, les extrémistes du nouveau djihad ressortent le drapeau défraîchi du glorieux Salah-el-Din, Saladin pour les intimes, le héros qui reprit Jérusalem aux soldats du Pape.

Mais aucun des deux camps ne fait un effort de pédagogie historique pour situer les combats dans leur véritable contexte. Ainsi assiste-t-on à d'étranges comparaisons. Pour les uns les Américains et leur allié israélien, sont les nouveaux soldats du Christ, et ceux qui les combattent, qu'ils utilisent ou non l'arme du terrorisme, sont les héritiers fidèles de Saladin. Quelle place occupe Oussama ben Laden dans cette iconographie imaginaire? Celle d'un héros entré dans la légende pour les jeunes en perdition qui sont à la recherche, désespérée, d'une raison de vivre ou de mourir en héros. Mais si la majorité ne dépasse pas le domaine du rêve, d'autres, minorité d'exaltés, finissent par attirer l'attention de 'sergents recruteurs' de la mouvance Al Qaïda. Ils se retrouvent un jour ou l'autre dans un centre d'endoctrinement (où on leur donne les rudiments des textes sacrés). Mais le but final est d'en faire des moudjahiddine, des combattants de la Foi et, si les conditions sont remplies, des martyrs qui exploseront, bourrés de dynamite, à l'endroit choisi par les stratèges cirminels.

Les chrétiens d'extrême droite ont pour leur part utilisé croisés et croisades comme point de référence de leur combat douteux. Le général Franco et ses troupes carlistes et phalangistes proclamèrent, en lançaant le coup d'Etat le 18 juillet 1936, le début de la nouvelle et glorieuse croisade 'contre l'athéisme, le communisme et la franc-maçonnerie'. Au nom du Christ Dieu, de la Vierge, de la vraie Foi, on fusilla allègrement, dans les zones où la subversion avait pris le pouvoir sans combat, tous ceux qui n'allaient pas à la messe. A commencer par les instituteurs, professeurs des écoles publiques, intellectuels en général. Et naturellement ceux qui possédaient une carte de parti de gauche ou d'un syndicat. On massacra pour le plaisir de tuer du rouge.

Bien entendu on nous dira, avec raison, qu'il n'existe pas d'équivalent chrétien d'Al Qaïda. Que le parallèle que je fais est artificiel. La discussion pourrait être longue et diversement argumentée. Mais le temps des guerres entre chrétiens et musulmans est revivifié chaque année, en Espagne, dans de centaines de vllles et gros bourgs. On y célèbre les fêtes des 'Moros y Cristianos'. Les fanfares, les costumes, les danses et, naturellement pétards et feux d'artifice, font partie du folklore local au même titre que la corrida de la Saint Jean ou de San Isidro. Désormais, c'est le plus pacifique des spectacles de rue.

Peut-être qu'un jour on célébrera de la même manière festive la bataille de Poitiers...

Antoine Blanca

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 10:41

Claude Cheysson aura été le seul Ministre des Relations Extérieures de la France. Après son départ en juin 1984, le Président Mitterrand se hâta de revenir à l'appelation traditionnelle d'Affaires étrangères. Changement significatif d'une sorte de retour à la normalité. Un retour à la bonne vieille sagesse diplomatique. Finies les actions audacieuses qui mettaient en pétard l'administration Reagan et Margaret Thatcher. Les gouvernements de gauche qui se succédèrent de 1988 à 1993, puis avec Jospin à Matignon de 1997 à 2OO2 s'efforcèrent de n'effaroucher aucun de nos alliés. Encore que, Hubert Védrine sut, quand il le jugeait utile, marquer sa différence.

Mes relations avec Claude Cheysson, ce personnage impressionnant furent, au départ, délicates. Mitterrand m'avait fait nommer en Conseil des ministres 'Ambassadeur itinérant pour les pays d'Amérique du sud, d'Amérique centrale et des Caraïbes'. C'est presque sous la contrainte qu'il dut demander l'approbation de ses collègues à partir d'un texte définissant des fonctions tout à fait nouvelles. Furieux, il se vengea en refusant de me  faire attribuer un bureau et un secrétariat. Je n'eus droit à aucune prime. Mes premiers voyages s'effectuèrent en classe éco alors que je devais traverser l'océan dans les deux sens au moins une fois par semaine. Parfois trois. Et puis tout s'arrangea soudain*. Je me trouvais au Costa Rica lorsque je reçus un TD** de Jakarta. Cheysson me faisait une véritable déclaration d'amour: 'ce que tu fais est formidable. Viens me voir dès ton retour! Encore bravo!'

Tout Cheysson était dans ce style. Bouderies et envolées lyriques. Comme il n'avait aucune expérience latino américaine, il me donna mission d'organiser, pour lui et son équipe, de sortes de voyages initiatiques. Il fut surtout enthousiasmé par la personnalité de Fidel qui le reçut comme on reçoit un égal et un ami. Nous étions devenus très proches  et, d'une certaine manière, complices. C'est alors que le gouvernement Mauroy dut céder sa place à Fabius 'le plus jeune Premier ministre que je donne à la France'. Cheysson partit ainsi dans le même train que Pierre Mauroy qu'il n'aimait pas. Moi j'étais déjà installé à Buenos Aires en ayant compris que le Quai d'Orsay avait abandonné le cap militant. Claude Cheysson se fit oublier, lui le fougueux chevalier de la lutte pour le développement, le Commissaire européen bondissant qui impresssionnait tous ses interlocuteurs par sa sincérité brutale et sa connaissance lumineuse des dossiers. Il avait tout réussi jusque là. Normalien, polytechnicien, c'était un passionné de la diplomatie de combat. Son départ du Quai d'Orsay ne présageait rien de bon pour les progressistes. En Amérique latine, les dictateurs commençaient au même moment à  passer la main à la démocratie représentative. En Amérique centrale les guerres s'éternisaient. Mais on avait la certitude que, d'une manière ou d'une autre, la CIA ne lâcherait jamais prise. Il n'y avait plus de place pour des hommes aussi dérangeants que Claude Cheysson. Après juin 84 on n'entendit pratiquement plus sa voix et ses indignations.

Et voilà que, désormais, il est parti pour de bon.

Antoine Blanca

* 'Tout s'arrangea', c'est ce que croyait Cheysson qui avait donné des ordres en conséquence. En réalité je ne devais disposer ni de bureau, ni de secrétariat au Quai. Mais qu'on se rassure: en tant que conseiller du Premier Ministre, j'étais très bien "logé" à Matignon.
** TD, télégramme diplomatique, généralement chiffré.

 

 

 

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 10:47

Aujourd'hui encore le péronisme joue un rôle politique et social dominant en Argentine. Je dirais même que tout se passe comme si, dans les faits, les citoyens argentins devaient inévitablement se partager entre péronistes et anti-péronistes. Sachant que la pensée du fameux, ambigu général, décédé en juillet 74, permet de donner libre cours à toutes les interprétations. On peut se réclamer du péronisme en se disant (voire en se croyant) de gauche ou de droite, ou encore d'extrême droite. En vérité le péronisme est né avant tout d'une remarquable exploitation, par un officier supérieur, manipulateur génial, d'une situation particulièrement confuse. Sur fond de guerre mondiale et de profitable neutralité argentine. Le grand pays du sud avait alors accumulé des richesses à l'infini.

Le jeune colonel Juan Domingo Peròn avait gagné la confiance du commandant en chef de l'armée qui venait de réussir un putsch, La préoccupation principale du nouveau général/président de facto consistait à distribuer équitablement les postes de bon rapport entre officiers généraux pro-Axe et pro-Alliés. Tout en vendant au prix fort, aux uns et aux autres béligérants, viande, céréales, coton, laines. Peròn s'adapta très bien à ce système. Aussi se vit-il confier par les militaires des postes de plus en plus importants. Jusqu'à devenir Vice-Président du régime dictatorial. Après la victoire alliée, le pouvoir militaire commença à évaluer d'un oeil neuf la situation. Il fallut organiser d'urgence de vraies élections et rétablir les droits constitutionnels. Il fallut aussi, dans le même mouvement, se débarrasser des officiers les plus pro-nazis. Dont Peròn, qui passait pour admirateur du fascisme italien et de son Duce. Le vice-Président Peròn fut chassé du gouvernement et mis en résidence surveillée.

C'est là que l'on put apprécier la capacité du chef à se constituer un réseau populaire puissant, en dehors des cercles uniformés et de la Sociedad Rural (surnommée aussi 'aristocratie de la vache'): Peron avait su s'attacher le soutien fidèle du million de nouveaux salariés de l'industrie, hâtivement venus des campagnes, qui devaient préparer le pays à vivre en autarcie. Ils avaient bâti de nouvelles villes dans la proche banlieue de la capitale et des grandes villes. Avec les coffres du Banco Naciòn débordant d'or et de devises fortes, Peron avait  créé de nouveaux syndicats, de nouveaux cadres pour les diriger, de nouvelles prestations en matière de sécurité sociale, des congés payés, un système de primes pour l'éducation des enfants! Quand ce petit peuple des nouvelles banlieues populaires de Buenos-Aires, de Rosario et de Cordoba apprit la disgrâce de leur Grand Bienfaiteur, il se souleva. C'était le 17 octobre 1945. Peròn fut libéré et, dans la nuit, il s'adressa depuis le grand balcon de la Casa Rosada (l'Elysée argentin) à une foule de 100000 travailleurs. Le péronisme était né. Pour les péronistes la date du 17 octobre devint 'le jour de la loyauté'. Loyauté envers le Chef et avec son héritage.

Antoine Blanca

NB: je ne peux être plus complet dans cet article; mais je tiens à démolir en deux mots le mythe d'une Evita soulevant les masses pour faire libérer son mari le 17 octobre 1945. Incapable de parler, elle vivait avec le général dans une chambre d'hôtel, tremblante de peur. C'est le petit peuple et des meneurs spontanés qui firent tout. Ce n'est qu'une fois convaincu que la situation était irréversible en leur faveur, que le couple gagna la Casa Rosada, sans prendre de risque. Evita ne prit pas la parole à cette occasion. Chargée plus tard des oeuvres sociales, disposant de tous les moyens, l'ancienne starlette en échec professionnel, commmença à jouer un rôle personnel important au fur et à mesure que le prestige du Président Péron se détériorait (au rythme de l'économie). Se consumant victime d'une leucémie foudroyante, Evita se transcenda dans les dernières semaines de sa courte vie. La propagande du régime aidant, elle devint une véritable madone de peuple. Le mythe de Santa Evita était né.
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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 14:54

Je ne sens pas beaucoup d'inquiétude, chez nos compatriotes, à propos de la situation en Afrique. Laquelle nous concerne, pourtant,  tous, en tant qu'appartenant à une même grande nation. En tant aussi que citoyens (plusieurs de nos compatriotes sont prisonniers de fous d'Allah dans le nord du Mali). On n'échappe pas à son passé colonial. Les pays francophones de ce continent sont devenus indépendants dans des conditions qui faisaient de nous des membres un peu particuliers d'une même famille  unie par le sang et la mémoire. Avec des obligations mutuelles inhérentes. Dans la culture par exemple. La francophonie est incarnée avant tout par l'Afrique et les Africains. Un lien vigoureux.

Chaque nouveau président de la République est attendu, observé à la loupe lors de son premier voyage officiel, à caractère initiatique, dans les pays amis de là-bas. Chirac y comptait nombre de copains et de coquins. Et il devait traîner pas mal d'encombrantes casseroles. Celles, surtout, héritées du sulfureux Jacques Foccart, prince douteux de la françafrique. Mais, comme à son habitude, l'ancien maire de Paris sut manoeuvrer habilement et réussit un sans faute. Grâce surtout à l'inconsistaance de son discours. Ce ne fut pas le cas de Sarkozy. Lui et son entourage ne parvinrent pas à dissimuler le mépris qu'ils  ressentaient vis à vis de peuples dont l'histoire et la démarche étaient hors de portée de leur sensibilité, hors de portée de leur entendement. Ce n'est pas en Afrique que l'on regrettera l'ancien maire de Neuilly...

Avant de partir, le Président n'a pas eu besoin de consulter le dossier 'Mitterrand l'Africain'. C'est l'un de ses préférés. Mitterrand avait été l'ami et souvent le collègue, parlementaire ou ministre, de nombre des Présidents africains. Houphouêt était un associé politique. Senghor un complice de dîners amicaux entre intellectuels, Abou Diouf, un neveu à qui on avait mis le pied à l'étrier. Notre Président se comporta alors en ami, un peu en complice au cours de ses voyages. Mais surtout pas en innovateur. Il ne se sentait pas prêt pour une aventure à haut risque politique. Connaissant bien les fragilités de l'échafaudage.

Si le discours hollandais en Afrique pouvait être mitterrandien dans le ton, il a surtout été clair et résolu dans son implication. Les sujets à traiter étaient divers. Tous délicats. Je pense qu'en faisant le bilan à son retour, il avait lieu d'être satisfait. Je pense, pour ma part, que partout il a frappé juste. Car il a regardé l'Afrique au fond des yeux. Et il semé la graine de la fermeté au Mali, dont le nord sera bientôt libéré des envahisseurs étrangers et fanatiques, de la solidarité dans les progrès vers la connaissance commune, à l'Assemblée générale de la francophonie à Kinshasa. Où il a aussi parlé démocratie et tolérance devant le Chef d'Etat mal élu qui venait de l'accueillir.

La trivialité du quotidien l'attendaient à Paris, avec les petits jeux narcissiques que les socialistes adorent. Mais cela est une tout autre histoire....

Antoine Blanca

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 10:03

Je le dis sincèrement, je ne m'attendais pas à recevoir tant de critiques défavorables à mon article d'hier dimanche 14 octobre*. Bien entendu les Norvégiens auraient eu l'embarras du choix pour décerner cette récompense enviée. D'avance ils savaient que leur décision, quelle qu'elle fût, déplairait à une partie de l'opinion mondiale. Alors, pourquoi ne pas se tourner vers une institution fondée sur l'Histoire: la fin de la guerre mondiale, la plus destructrice qui ait  jamais existé, avait provoqué, dans l'Europe occidentale, un besoin d'unité à la fois émotionnelle et institutionnelle. Ce projet a porté ses fruits. La région connaît désormais la paix et une prospérité, aujourd'hui freinée dans son élan, mais incontestable**.

Alors on me dit que le moment était mal choisi pour lui attribuer un tel prix, que ce n'était pas opportun alors que l'UE, et la Commission, étaient en train d'imposer leur loi hyper-libérale, que des nations du sud se sentaient étouffer sous le poids du système et que, affranchies de l'Europe, elles auraient bien fini par trouver leur propre voie de sortie de crise. Sans avoir à consentir tant de sacifices socialement mal répartis. On peut comprendre l'exaspération de beaucoup: pourquoi récompenser, en ce moment, les institutions européennes?

Parce qu'elles représentent ce qui s'est fait de plus positif pour la consolidation de la paix par le dialogue permanent, parce que le chemin a été long pour parvenir aux consensus nécessaires, parce que les Etats membres n'ont jamais adhéré sans consultations préalables, souvent pénibles, des peuples concernés. Je me souviens*** des fiévreuses négociations avec l'Espagne (1982), des pressions portugaises ('nous pouvons aussi nous tourner vers l'Amérique, avec notre position stratégique aux Açores'). Les socialistes gouvernaient alors à Paris, Madrid et Lisbonne. Ils étaient très influents en Italie. Malgré de fortes résistances intérieures les Français préférâmes choisir l'ouverture au sud. Pour les deux pays ibériques ce fut un triomphe...Aujourd'hui on découvre que l'Europe Unie ne peut pas se développer dans l'euphorie permanente. En temps de crise mondiale, il faut tous nous adapter. Et ce n'est pas rien que d'avoir à subir les affronts et l'arrogance des égoïsmes allemand et britannique. Berlin vient encore hier d'imposer la fin, dès 2014, de l'aide alimentaire communautaire aux pays membres, aide qui permettait aux grandes organisations humanitaires, comme les restos du coeur, ...de servir des dizaines de millions  de repas aux plus démunis. Que chaque Etat se débrouille avec ses pauvres, a dit en substance Mme Merkel.

La rupture étant inenvisageable, préparons ensemble des jours meilleurs. En disant "vive l'Europe", nous ne saluons pas Mme Merkel, Mr. Cameron et leurs alliés eurosceptiques bien douteux. Mais nous restons fermes dans notre détermination à continuer de construire la maison commune. Même quand le mauvais temps contrarie nos projets...et qu'il y des fuites dans la couverture. 

Antoine Blanca

* article intitulé: 'Juste reconnaissance: l'Europe et la Paix'
** Grâce à leur admission dans la Communauté l'Espagne, le Portugal,, tout comme la Grèce entrèrent dans le monde restreint du 'développement'. Ce fut vraiment spectaculaire.
*** J'accompagnais plusieurs fois le Premier Ministre Pierre Mauroy à ses réunions privées avec Felipe Gonzalez et Mario Soares. Chacun savait alors quels étaient mes liens personnels avec ces derniers, tissés au cours des luttes contre la dictature franquiste et salazaariste.
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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 09:46

Le Parlement norvégien aime bien surprendre. parfois avec un brin de malice. Un clin d'oeil à la planète comme pour lui dire: vous voyez que nous ne sommes pas si  lourdauds que ça ! Ils avaient déjà réussi à faire un 'coup' en attribuant le Pris Nobel de la Paix à un Chef d'Etat qui venait à peine de commencer à gouverner. La décision inspira des centaines d'éditorialistes. D'aucuns cherchaient un message caché. Obama se demande toujours  si on avait voulu l'honorer ou l'embarrasser...

Parfois ces bons Scandinaves veulent distinguer telle ou telle civilisation, manifester leur volonté de tirer de l'oubli tel peuple dont le martyre à travers les siècles est, en partie, occulté. C'est ainsi que Rigoberta Menchù reçut la fameuse récompense: on ne s'était pas attardé sur l'exactitude de sa biographie. On voulait une héroïne et on l'avait trouvée. Je ne me plains pas, car le but était atteint. Depuis que la petite, ronde et dynamique indienne maya du Guatemala a été distinguée, la cause de toutes les minorités indiennes à travers les Amériques* est soutenue par de nombreux intellectuels, journalistes/reporters  et par la jeunesse du monde entier. Du coup, les gouvernants du Guatemala, du Honduras et du Mexique (pour le Chiapas) sont en alerte permanente, craignent 'une mauvaise publicité'.

Cette année la question de la pertinence du choix ne se pose pas. Seuls les esprits chagrins, les "nonistes" encouragés par la crise, et retranchés dans leurs casemates de 14-18, se disent 'scandalisés'. Les commentateurs des médias s'interrogent gravement sur cette question essentielle: qui recevra le Prix au nom de l'Europe Unie?

Une question bien secondaire au regard de la signification profonde de la décision norvégienne. 'Nous avons refusé d'être membres de votre Union, mais nous vous rejoignons avec la raison et avec le coeur. Car votre message est celui de la Paix et du Développement. Nous ne sommes pas sur le terrain mais, depuis les tribunes, nous vous encourageons avec force et vigueur'. Qui a dit ça? moi seul, qui sais lire dans les pensées des gens du Nord. Nous sommes comme nous sommes, les gens du sud. Fauchés, mais intuitifs...Faites-nous confiance!!!

Antoine Blanca

* Sauf aux Etats-Unis où ne restent que des figurants, cavaliers si possible, pour faire plus vrai dans les westerns. Ce pays avait choisi la 'solution finale'.
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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 17:58

Le roi Juan-Carlos 1er serait-il le seul homme sur terre à avoir préservé une réserve suffisante d'enthousiasme pour maintenir en vie le sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement des pays ibéro-américains? Cette année il sera célébré à Cadix, le grand port andalou d'où l'on regarde toujours au-delà de l'océan. Le peu de ferveur manifesté par ses collègues à participer à la réunion-phare (fin octobre), a obligé le monarque à passer des heures pendu au téléphone, pour convaincre les plus réticents de faire le déplacement. Cadix est marquée par trop de symboles pour qu'un échec patent soit admissible.

Non seulement la ville respire l'air marin venu du "continent d'en face", mais encore y célèbre-t-on cette année les 200 ans de la constitution démocratique qui fut adopté par les fameuses "Cortes de Cadiz". Ce texte libertaire devait guider les premiers pas des nouvelles républiques indépendantes alors en formation. Quand se tint le premier sommet dans la ville mexicaine de Guadalajara, l'atmosphère était encore à une authentique fraternisation. Seuls les 'lusophones' (Brésil et Portugal) boudaient un peu, mais se gardèrent de gâcher la fête. Les dictatures avaient été bannies partout (y compris au Chili). Confortée par la solidité de sa démocratie et par ses succès économiques, l'Espagne paradait littéralement: avec son entrée dans l'UE le pays tout entier était un immense chantier. Une marche triomphale vers le progrès et le développement. Quant au Roi lui-même, son intervention décisive pour liquider la tentative de golpe du 23 février 1981, lui valait de jouir d'un appréciable prestige international.

Le moins que l'on puisse dire c'est que beaucoup de choses ont changé, 22 ans après Guadalajara. La composante américaine du sommet s'est notablement renforcée, tandis que le partenaire ibérique croule sous les effets négatifs de la crise. En vérité les espoirs des amis des deux grandes langues ibériques, de la culture géniale qu'elles ont su promouvoir tout au long des siècles, se portent sur les colloques et conférences annexes au Sommet. Les pas en avant viendront de là. Quant à la formule ibéro-américaine de consultations politiques annuelles, elle est insoutenable alors que les latinos ont reforcé leurs propres résseaux, que Mercosur préoccupe davantage que les humeurs du gouvernement de Madrid et  que la sympathie personnelle de Juan-Carlos 1er a perdu toute sa magie.

Antoine Blanca

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 16:12

Même si l'enquête est loin d'être close, une cellule terroriste "d'une grande dangérosité" (selon le Procureur) a été mise hors d'état de nuire. La prévention, qui avait cruellement fait défaut lors de l'affaire Mérah, semble avoir, cette fois, parfaitement fonctionné. Nous devrons sans doute encore attendre pour tirer des enseignements plus complets qui nous aideront à parfaire notre système de vigilance. Mais nul ne doute qu'un pas a été franchi par notre police, cette fois dans la bonne direction.

Tout indique que la préparation du passage à l'acte était à ses tous débuts. Le 11 mars 2004, en Espagne, c'est une fois l'attentat consommé que les bilans commencèrent à être dressés. Souvenons-nous: matinée du jeudi 11 mars, les trains arrivent sur toutes les voies qui conduisaient les banlieusards à la capitale, Madrid, leur lieu de travail. Une première bombe explose. Premières scènes de panique, puis, au milieu des cris des alarmes de la police et des pompiers, une seconde et une troisième. Dix engins explosifs vont semer la mort, presque deux heures durant, parmi les travailleurs innocents. Trois bombes n'avaient pas explosé. On compta environ 200 morts et des milliers de blessés. Le plus abominable attentat commis par des disciples d'Al Qaïda en Europe. A moins que l'on ne compte dans la même catégorie le missile qui détruisit un avion de passagers au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, et qui avait fait, le 21 décembre 1988, 271 victimes. En cette funeste occasion le chef terroriste a été identifié: Mouammar Kadhafi et ses services.

Sur notre sol la vigilance a payé. En Espagne, alors gouvernée par le chef de la droite, Manuel Aznar, on avait fait preuve du laxisme le plus total. Treize bombes avaient pu être véhiculées sans attirer l'attention des services de sécurité. Aznar le paya très cher: les élections législatives ayant lieu trois jours après l'attentat, le gouvernement jugea électoralement habile de dénoncer, alors que des bombes explosaient encore, un attentat perpétré par ETA. Gigantesque tentative de manipulation heureusement dénoncée à temps. Par la police d'abord, qui refusa  de céder aux pressions politiciennes. Par l'opposition et toute la société civile ensuite. Le samedi, des centaines de milliers d'Espagnols descendirent dans la rue. Le dimanche la gauche, avec Zapatero à sa tête, gagnait trimphalement et devait gouverner pendant sept ans et demi...

Antoine Blanca

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 12:43

En Europe occidentale les groupes terroristes ont fait retraite. Quand ils n'ont pas simplement déposé les armes. IRA au Royaume Uni, ETA en Espagne pour les indépendantistes de tout poil. Les 'brigades rouges' italiennes, la 'fraction armée rouge' ou le 'Rotte front' en Allemagne, 'Action directe' en France: l'extrême gauche armée est aussi passée de mode. Qui le regrettera ? Mais il y a toujours, hélas, des vocations pour participer à des combats sacrificiels. Il faut, pour être admis dans cet univers de l'irrationalité et de l'hallucination collective, être de confession musulmane, de naissance ou par conversion. Et il ne s'agit plus des conversions d'antan, résultant d'un processus intellectuel. Mais d'un mouvement primaire d'aspiration à la violence. Cela paraît être le cas pour le seul mort dans la récente opération anti-terroriste dont l'enquête est toujours en cours...

Elle a en tout cas alimenté le courant anti-musulman qui nous pourrit la vie,  et ajouté à la confusion des esprits. Tout le monde se met à parler, d'un seul trait, d'Islam, de voile, d'imams, de halal, de signification supposée du port de la barbe ou de son rasage*. Des experts se révèlent soudain. Or, justement, se sont les experts qui font défaut. Manuel Valls, avec beaucoup de lucidité, a évoqué la nécessité de recruter des aumôniers musulmans (il les a appelés imams) susceptibles de répondre aux interrogations des prisonniers concernant la religion de Mahomet. Bon courage et...prenez garde. Il en existe peu, ne sont pas tous en recherche d'emploi, et les fourbes, par calcul ou par ignorance, peuvent se cacher parmi les hommes probes.

Je conseille, pour ma part, à tous ceux et à toutes celles qui veulent en savoir plus sur la question, de lire des choses claires et simples, type Que sais-je? ou l'Islam pour les nuls. Ils pourront toujours passer à des lectures plus érudites,  s'ils veulent progresser dans leur recherche de vérité. En attendant, faisons cesser ces brouillons de débats qui ne cherchent qu'à vilipender nos compatriotes musulmans ou ceux qui résident et travaillent sur notre sol.. Ce sont en général des gens de bien.

Antoine Blanca

* des journalistes ont interrogé des voisins du supposé djihaddiste de Strasbourg, et certains proches leur auraient confié que, s'étant rasé la barbe, adopté un look vestimentaire plus mahométan, le terroriste se préparait ainsi à entrer dans l'armée des ombres al-qaïdiste. Je pense plutôt qu'il se préparaît à la 'mort en martyr' et qu'il préparait son futur cadavre à être enseveli rituellement.
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Présentation

  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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