La présidente du FN n'est passé à la vitesse supérieure, dans sa marche vers la marginalisation définitive du père fondateur, qu'après avoir pris connaissance d'un sondage. Lequel nous apprend que la polémique familiale, loin de lui nuire, lui pronostique un avantage électoral supplémentaire. La Marine a mis définitivement le cap sur le rivage 1917. Sa stratégie est, pour le moment, payante: une grosse cuillerée de xénophobie, surtout anti-musulmane, une autre anti-Bruxelles, une troisième anti-système...tout cela emballé dans un papier gras aux couleurs de la droite facho. Cela fait un bon poids à la pesée.
Le papa, lui, reste dans le facho-facho. A l'héritage traditionnel de la droite extrême (cagoulards, pétainisme, Tixier-Vignancourt, Occident, Jeune Nation...), peut s'ajouter, oui ou non, la composante poujadiste (en 56 Jean-Marie avait été député de cette mouvance) et les 'intellectuels' de NCPT (Nature, Chasse, Pêche, Tradition). Dans les urnes les résultats peuvent varier entre 5 et 17% selon les scrutins et le taux d'abstention.
Il n'est pas étonnant que, dans ces conditions, l'électorat tenté par ce front du refus choisisse l'agressive blonde, encore plantureuse, flanquée d'un conseiller retors, costumé, cravaté, ex-chevénementiste, de préférence aux rodomontades musclées, plus traditionnelles, d'un vieillard de 87 ans.
La manipulation "bleu marine" apportera ses fruits tant que les électeurs se situeront dans la pure contestation. Que sa victoire devienne crédible, que le bord du précipice programmatique apparaisse, et il est fort à parier que la reine serait nue comme 'femen' au balcon. Après ses succès en voix aux municipales (15 mairies sur 36000), et aux départementales (62 conseillers sur 4000) il est clair que ce parti est incapable de produire massivement des personnalités présentables. En cas de malheur extrême (la chef FN élue en 2017), il est aussi certain que la présidente ne disposerait pas de majorité pour gouverner.
C'est sur cette noire perspective d'improbable avenir que la gauche doit situer ses prochaines campagnes: régionales de décembre 2015 et générales deux ans plus tard. Sans minimiser le danger, il conviendra de rendre attentif les citoyens à l'irréalisme d'un vote pour une force politique sans programme, foncièrement anti-patriotique puisqu'il mettrait notre pays au ban des nations démocratiques. Hollande et Valls, chacun à sa manière, commencent à se situer dans cette perspective de campagne.
Antoine Blanca