24 mai 2012
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C'était chose entendue depuis le 6 mai 2007: Sarkozy ne libérerait la place qu'au terme de son deuxième mandat. En 2017. Les aspirants à sa succession, Jean-François Copé en tête, raisonnaient en
fonction de cette date. Quand ils ont fini par réaliser que la gauche pouvait l'emporter il était trop tard pour changer une stratégie étalée sur dix ans. Ils ont dû se raccrocher au train de
leur chef. Lequel ne cessait de changer les aiguillages, improvisant, au gré des circonstances, les idées les plus contradictoires. Au lendemain de la défaite, et alors qu'il faisait son premier
footing de jeune retraité, chacun s'aperçut que l'héritage était un champ de mines. Le gagnant du jack-pot de la droite serait celui qui aura su le mieux négocier son chemin entre deux
explosions.
Mais l'actualité commande. Les législatives sont pour demain et il faut que l'UMP réponde à l'urgence. Autrement dit continuer sur la lancée de la ligne politique qui a marqué, à droite, la
campagne présidentielle. Coller au plus près aux thèmes chers au FN, laisser le moins de place possible à la Marine. Facile à dire. Certains, sûrs de leur circonscription ancienne ou nouvelle
(Fillon*), ou encore protégés par un siège sénatorial (Raffarin), vont se réfugier dans les valeurs traditionnelles de la droite parlementaire. En revanche la "droite populaire" exulte. Ses
dirigeants vont pouvoir librement donner cours à leur tendance naturelle. Immigrants, assistés, racines chrétiennes, musulmans...Etre toujours en bordure du racisme, frôlant le précipice. Une vie
d'enfer...
Ces héritiers politiquement heureux ont été rejoints par Copé et ses associés. Sans grand scrupule moral. Et ils se sont donnés Christiane Taubira pour première cible. Nous avons bien peur de
comprendre pourquoi. Et il est consternant de voir comment on fabrique de toutes pièces des arguments, quand on n'en a aucun.
Mais la Garde des Sceaux a la peau durcie par les difficiles combats politiques et les longs voyages transatlatniques pour répondre à ses obligations d'élue d'Outre-Mer. Ce ne sont pas les cris
d'orfraie de Madame Dati qui vont renforcer le poids de la critique: de l'avis de tous les juristes indépendants celle-ci a été sans doute la plus désastreuse des ministres de la Justice de
l'histoire de la République.
Antoine Blanca
*Fillon a décidé finalement de tirer le premier contre l'envahissement du territoire par le Secrétaire de l'UMP. On attend avec impatience leur congrès prévu en automne...
Antoine Blanca
23 mai 2012
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Visite du leader de Syriza à Paris, qui vient de rencontrer Mélenchon. Echange de compliments, promesse de soutien. Alexis Tsipras va jusqu'à affirmer qu'il souhaite que son pays reste dans la
zone EURO. On pourrait s'en réjouir si le jeune dirigeant précisait les contours de sa politique et les réformes qu'il serait disposé à contribuer à conduire. Mais arrivé à ce point, c'est la
panne sèche. Disons les choses clairement : la coalition de 13 partis ou groupes qu'il dirige se contente de réclamer la suppression des mesures d'austérité. Ce que les partenaires de la Grèce ne
peuvent accepter sans sérieuses garanties de changements structurels. Soyons francs: la "plus vieille démocratie du monde" n'est jamais entrée dans la modernité. Il n'existe, à Athènes, pas de
cadastre, pas de plans d'occupation des sols, pas de véritable administration fiscale. Sur les mers, ce sont les pavillons de complaisance, sur les quais, c'est la complète exonération impositive
des propriétaires de yatchs. La richissime église orthodoxe ne contribue en rien au budget du pays (en revanche ses patriarches président à la prestation de serment des gouvernants) et l'Armée
coûte une fortune au prétexte de la partition de Chypre et de la menace ancestrale turque.
Bien entendu la coalition Syriza a le droit de dire qu'elle n'est en rien responsable de la gabégie gouvenementale. Le PASOK et la droite, les Papandréou et les Caramanlis ont exercé
alternativement le pouvoir depuis l'admission du pays au sein de la Communauté en 1981. Mais tout le monde a accepté la mauvaise gouvernance, exigé davantage de Bruxelles sans jamais rien offrir
en échange. Bruxelles a, de son côté, très longtemps fermé les yeux sur les caprices, voire le chantage d'Athènes. Aujourd'hui les circonstances ont contraint tout le monde à réagir. On l'a fait
trop tard, avec trop peu de moyens. Il faudra bien pourtant que tout le monde s'y mette enfin, si l'on veut garder la Grèce dans l'Union et sauver sa place dans l'euro. TOUT LE MONDE, cela
signifie y compris la coalition Syriza. En lui accordant un bon paquet de suffrages, le peuple l'a aussi investie de grandes responsabilités. Mais ses solutions se font attendre. Et je pense même
qu'elles n'existent pas...
Antoine Blanca
Antoine Blanca
22 mai 2012
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Les accords PS/EELV, conclus très en amont de l'élection présidentielle, ont abouti à donner une place disproportionné à des écologistes sans véritable assise électorale propre. EELV rêve à haute
voix d'un groupe à l'Assemblée! Le désastreux résultat obtenu par Eva Joly n'a pas contribué à rassurer les troupes socialistes, appelées à abandonner des circonscriptions (qu'elles avaient
conquises à force de sacrifices et de dévouement), au profit de candidats Verts dont ils ont toujours jugé le comportement déroutant.
En fait les dirigeants PS étaient, lors de cette négociation, encore sous le coup du traumatisme causé par les élections européennes. Les écolos avaient alors fait presque jeu égal avec les
socialos. Et les avaient même dépassés à Paris. Bien entendu les explications à cet échec (c'était en 2009) sont nombreuses et, toutes, convaincantes. Fukushima en toile de fond des discussions,
taux d'abstention traditionnellement élevé, scrutin proportionnel, malaise encore sensible résultant du sinistre congrès de Reims... On se souvient que, dans d'autres circonstances, la liste
conduite par Michel Rocard n'avait réuni, en 1994, que 14% des suffrages alors que celle de Tapie (secrètement encouragée par le Président Mitterrand) obtenait un 12% plus que flatteur. Tout a
toujours été atypique dans ce genre de consultation...Dans une Europe des nations, le parlement de Strasbourg n'a pas encore trouvé sa vraie place. L'écologie politique a su exploiter un avantage
tout passager.
Une "bonne alliance" avec EELV valait donc mieux qu'une guéguerre d'usure, avec des concurrents difficiles, dont on n'a jamais vraiment compris la logique de la démarche. Jugée plutôt brumeuse,
mêlant exaltation romantique et arrivisme effréné. Il s'est, estime-t-on, agi en l'occurrence, de la neutralisation d'un danger potentiel. Coûteuse mais nécessaire, ont décidé les dirigeants, rue
Solférino. Un certain électorat de gauche, même s'il ne vote pour eux que dans certaines circonstances, sympathise in fine avec ce petit monde verdâtre aux contours politiques mal
définis. Dans les conseils municipaux des villes grandes et moyennes que le PS contrôle, EELV fait partie de la majorité, force d'appoint un peu rebelle et toujours encombrante.
Mais ces mariages politiques locaux n'ont rien de mariages d'amour. Nécessité fait loi, se dit-on. Ou plutôt, se résigne-t-on.
Désamour quand tu nous tiens!?
Antoine Blanca
Antoine Blanca
21 mai 2012
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En France nous sommes avant tout préoccupés de nous sortir du guêpier afghan. Nous y sommes allés par esprit de solidarité avec nos alliés. Mais aussi du fait de la juste répulsion
ressentie vis-à-vis de la criminelle bêtise des Talibans, révoltés enfin par l'assassinat de notre ami le Commandant Massoud. Aujourd'hui la donne est différente. L'OTAN a programmé le départ de
ses troupes, et François Hollande a décidé le retour anticipé, en bon ordre, des nôtres, fin 2012. Globalement c'est un aveu d'échec de l'Alliance atlantique, plus ou moins bien maquillé par
l'installation d'un gouvernement Karzaï légitimé officiellement par les urnes, et par la formation d'une armée que renforcent des unités de police modernes. La fiabilité de l'un et des autres
reste cependant à démontrer. Une certitude prévaut dans tous les cas: une démocratie équilibrée et (plus ou moins) laïque ne pourra pas être imposée par la seule présence massive de militaires
étrangers.
Il ne s'agira pas, pour autant, de nous désengager stratégiquement. Mais bien de reconnaître, une fois pour toutes, que les affaires des pays musulmans ne seront pas résolues par nos démocraties.
Les soviétiques nous avaient entraînés, en pleine guerre froide, dans un engrenage diabolique, qui a eu pour effet non désiré la naissance d'une internationale djihadiste. Celle-ci est devenue
incontrôlable. Les Américains disposent d'une haute technologie militaire, très coûteuse, de drones qui peuvent atteindre leur cible...mais aussi de soldats primaires qui urinent sur des cadavres
de combattants afghans ou organisent des bûchers alimentés par des corans.
Gestes déplorables qui ont pour effet la neutralisation de tous les succès précédemment obtenus. La place de cette soldatesque n'est pas sur des terrains politiquement délicats. La présence de
bases US au Pakistan peut même se trouver compromise. Que les républicains gagnent les élections et le pire peut se produire: n'oublions pas qu'Islamabad dispose de l'arme atomique. La
diplomatie occidentale dans la région doit être maniée avec délicatesse et compétence. Cette préocccupation correspond bien à la vocation de la France. A condition de rapatrier nos hommes et nos
armes.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
19 mai 2012
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La première rencontre entre les présidents Obama et Hollande ne pouvait que bien se passer. Certes, le premier est en campagne quand son visiteur l'a laissée victorieusement derrière lui. Mais
l'un et l'autre incarnent ce que j'appelerais le même possibilisme (un vilain mot pour les socialistes, mais...), le juste dosage politique susceptible de permettre à un homme de gauche
contemporain d'être élu dans une démocratie occidentale. Même s'ils évoluent dans des univers très différents (historiques, sociaux et humains), les similitudes, les compatibilités l'emportent,
quel que soit le point de vue de l'observateur.
Obama a accueilli avec satisfaction l'élection de François Hollande. Le prédécesseur de ce dernier a toujours été ménagé pour une raison évidente: Sarkozy était toujours, par avance, d'accord
avec toute initiative de Washington. En témoigne sa décision, contestable entre toutes à mes yeux: celle de retourner dans le giron militaire de l'OTAN, mettant ainsi, d'une certaine manière nos
armées sous les ordres des Etats-Unis en cas d'opérations conjointes. Le Commandant en Chef de la première force militaire de monde ne pouvait qu'apprécier un tel esprit d'allégeance. Il sera
désormais difficile de se libérer de ce carcan. Je suis toutefois persuadé de ce que le président américain préfère une alliance faite de sincérité, de réflexion et de franchise à
l'inconditionnalité futile. Le changement intervenu en France devrait lui convenir. Et nous espérons qu'il sera bientôt investi d'un nouveau mandat de quatre ans, pendant lesquels une
relation de confiance s'affirmera et contribuera au renforcement des démocraties occidentales.
On n'ignore pas que la déception de certains est à la mesure des espoirs disproportionnés qu'ils avaient placés dans la victoire de l'ancien sénateur de l'Illinois. On espérait, à gauche, de
véritables prouesses: sur la scène internationale (au Moyen-Orient, une véritable ouverture en direction de Cuba...), comme dans les domaines sociaux et culturels. Cette déception doit être
relativisée: la marge de manoeuvre dont le Chef de l'Etat US disposait au Congrès s'est trouvée rapidement réduite. La prudence dans sa démarche, qui lui est généralement reprochée, s'explique
par la constante préoccupation de ne pas compromettre définitivement l'avenir.
A sa manière et à la place qui est désormais la sienne, François Hollande a lui aussi pleine conscience de tout ce qui limite ses ardeurs réformistes. Aussi ne s'est-il engagé devant les Français
et les Européens que pour ce qu'il peut tenir pendant la durée d'un mandat de cinq ans.
Sans être dans le secret des conversations de la Maison Blanche, j'ai le sentiment que les deux hommes se sont compris et appréciés.
Nous savons bien, au fond de nous-mêmes, que l'un et l'autre représentent la solution la plus progressiste d'exercice du pouvoir, celle compatible avec les dures réalités, dans un
environnement global hostile.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
18 mai 2012
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Anciens colonisés et colonisateurs de temps anciens parlent la même langue, partagent une partie de leur histoire moderne, ont longtemps vécu sous le même drapeau et se sont opposés par les
armes. Guerre civile pour les uns, guerres de libération pour les autres...Arrêtons-là le raccourci qui facilite la tâche du rédacteur, mais ne correspond qu'imparfaitement à la vérité
historique. Les possessions espagnoles d'Amérique se sont éméncipées depuis près de deux siècles, le Brésil n'a quitté la famille royale portugaise des Bragance qu'en 1882. Mais le Portugal avait
aussi bâti un immense empire en Afrique. Tous les pays qui en étaient partie sont devenus indépendants en 1975, la Révolution des oeillets dans la métropole(25 avril 1974) ayant accéléré le
processus de libération qu'ils étaient en train de conquérir par les armes.
Péninsule ibérique, Afrique et Amériques ont une communauté de destins. Pendant longtemps elle a été surtout culturelle. Depuis que l'Espagne et le Portugal ont été durement frappés par la crise,
elle est devenue économique et sociale. Au temps de la splendeur de la nouvelle Europe en plein développement, les latinos et les africains lusophones débarquaient en masse à Madrid, Barcelone,
Lisbonne et Porto. Aujourd'hui les flux se sont inversés. C'est Saõ Paulo qui devient le nouveau centre ibérique du monde, l'Eldorado espéré. Mais c'est le Brésil tout entier, organisateur de la
Coupe du monde de foot en 2014 (12 cités concernées), et des Jeux Olympiques (Rio) en 2016 qui fascine cadres et artisans par toutes les opportunités que l'immense pays offre aux nouveaux
aventuriers du travail et de la création.
Les riches angolais, eux, se sont lancés à la conquête de l'ancienne "mère-patrie". L'Angola est riche en pétrole, en gaz, en minéraux rares, en pierres précieuses. Si son peuple ne récolte que
des miettes de cette manne de la nature, les dirigeants (à commencer par le Président Dos Santos et ses enfants gloutons) se régalent au Portugal, achetant banques et entreprises, se gavant de
tout ce qui est à vendre. Les nouveaux chefs de ce qui fut un "mouvement de libération" socialiste ne pensent qu'à s'enrichir et à piller. Et le Portugal à la peine est heureux de les accueillir
en déroulant le tapis rouge sous leurs pieds.
Voilà une conséquence de la crise de l'euro que l'on connaît mal en France, mais qui mériterait attention de la part du nouveau gouvernement.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
17 mai 2012
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Par ses choix et ses arbitrages le Président Hollande a privilégié la compétence sur l'opportunisme politicien. Les dosages, la représentation équilibrée des courants de pensée existant dans la
famille socialiste (et alliés), n'ont pas pris le pas sur la connaissance préalable des dossiers par les personnalités qui devaient les prendre en charge. Bien entendu, nous nous apprêtons à
entrer dans le coeur du sujet en affrontant les défis qui sont devant nous. Mais il apparaît que nous nous sommes donnés les meilleurs atouts pour commencer à les surmonter.
Les fameux éléphants, cible bien facile, par nature, pour les observateurs de notre vie politique, se sont faits discrets. Une nouvelle génération est apparue. Je ne connais ses représentannts
que de visage et de nom. Eux, elles, m'ignorent complètement. Tant pis pour mon ego. Tant mieux pour une force politique qui étale son renouvellement, sa vitalité retrouvée. Bien entendu
certains, certaines, me sont plus sympathiques que d'autres. Je trouve Montebourg insupportable de suffisance mal placée et Najat Belkacem rayonnante d'assurance communicative. Deux exemples
contraires pour illustrer mon propos.
Tout va très vite. Le Conseil des Ministres s'est réuni et les premières décisions ont été prises avant que le Président ne reprenne l'avion, cette fois pour les Etats-Unis. Toujours pas de
pause. Je viens d'entendre la présentatrice du JT de Canal+ dire que, dans le gouvernement, toutes les régions, ou presque, étaient représentées. Pas la Corse, précise-t-elle, sans doute parce
qu'elle a voté à droite. Faux. Des régions de gauche sont absentes: le Limousin par exemple, terre d'élection de Hollande, ou encore le Languedoc-Roussillon...En fait le critère régional n'a pas
été retenu.
Je ne résiste pas à une petite méchanceté pour conclure. La nouvelle majorité a résisté à l'invasion Jack Lang. Il s'était pourtant beaucoup appliqué, pendant la campagne, à se montrer en
militant exemplaire. Il n'est pas parvenu, malgré tout, à faire oublier sa conduite de lèche-bottes pour se faire adopter par Sarkozy. En fait il n'a été invité ni à l'Elysée pour la cérémonie
d'investiture, ni à la réception historique à l'Hôtel de Ville. Il lui reste à se faire élire dans la circonscription réputée sûre où il a réussi à se faire parachuter (à Saint-Dié, Vosges).
Après avoir été ambassadeur itinérant de la droite, il va continuer son itinérance parlementaire: ce sera sa troisième circonscription (le Centre, avec Blois; le Nord, avec Boulogne-sur-Mer; et à
présent l'Est). Bravo l'artiste. Et grand merci au PS pour sa largeur d'esprit géographique.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
16 mai 2012
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J'appartiens à une classe privilégiée, celle des retraités au statut confortable. Passionné de vie politique, j'ai regardé, ces derniers mois, avec une assiduité inhabituelle, les chaînes dites
"d'information en continu" et pu ainsi mesurer, avec consternation ou commisération, les journalistes souffrir en direct pour remplir les longs vides entre deux événements attendus, vides que
l'apparente placidité horaire de François Hollande contribuait à élargir encore et encore. Aujourd'hui c'était le show "composition du gouvernement". D'heure en heure BFM-TV et ses commentateurs
vedettes, Olivier et Ruth, tentaient de nous maintenir en haleine, spéculaient sur des noms, sur les affres imposées par l'indispensable parité hommes/femmes, la présence souhaitable de figures
issues des "minorités visibles" (que l'expression est détestable!), sans oublier les sensibilités au sein de la gauche. Une fois le nom du Premier ministre formellement proclamé, le Président,
revenu de Berlin au terme d'un voyage foudroyant, la presse n'avait rien d'autre à offrir que ses spéculations sur les ministrables.
La copieuse journée du 15 mai n'avait, déjà, pas manqué d'événements, d'émotions et de discours historiques. Celle d'aujourd'hui a été une longue attente. Et quand on a choisi "la priorité au
direct" comme emblème publicitaire, le métier a été dur. Heureusement pour les informateurs il y a eu rapidement une grande nouvelle annoncée par l'intéressée elle-même: Martine Aubry ne
figurerait pas dans la liste du gouvernement. Du coup on s'est acharné à détailler les raisons, forcément hypothétiques, d'une telle absence. On s'est aussi hâté de demander l'avis de la défunte
sarkozie, qui a tenté d'exploiter l'improbable filon politique avec une voracité de fauve privé de proie.
Pourtant tout était dit dans la déclaration de la Maire de Lille et de ses porte-parole habituels: "François Hollande est dans la cohérence en désignant Ayrault. Je le comprends et je vais
pouvoir me consacrer au Parti que je dirige et à ma ville". Alors que l'on est de nouveau en campagne cet engagement est vital. Après le 17 juin (date du 2e tour), il y aura un nouveau
gouvernement. Si la gauche l'emporte, ce qui est probable, logique même, il y aura certaines corrections en fonction des résultats.
Naturellement la clarté d'une telle réponse ne faisait l'affaire de personne dans l'univers des médias. On ouvrit le dossier des primaires, on interrogea des passants dans les rues de
Lille, on prêta mille arrière-pensées aux uns et aux autres. Tant de bruit pour conclure que François et Martine ne s'étaient jamais beaucoup aimé...Grande nouvelle en vérité. Qui masque
l'essentiel: la contribution débordante de la chef du PS à la victoire à la présidentielle, et le nouveau regard qu'elle porte désormais, après une dure campagne menée en commun, sur la
personnalité de son camarade devenu Chef de l'Etat pour les cinq ans à venir.
Si l'amour ne se décrète pas, surtout dans le combat politique, la communauté d'objectifs est un moteur suffisant pour faire avancer la machine qui vient de se mettre en route. Je pense que
chacun occupe désormais le poste de commandement dans lequel il sera le plus efficace, en appui d'un gouvernement dont la compsition a reçu un accueil plus que favorable.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
15 mai 2012
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Je crois ne pas mentir en affirmant que jamais depuis la libération de Paris, et la visite historique qu'y fit le Général, l'Hôtel de Ville de la capitale n'avait connu une telle cohue joyeuse,
bruyante et bon enfant. Avec, bien entendu, ce brin d'exaltation qui est le sel des moments d'exception. L'Histoire était-elle au rendez-vous, ce 15 mai, qui voyait Bertrand Delanoë recevoir
solennellement François Hollande? Sans aucun doute était-ce bien le cas pour le peuple socialiste, la première fois qu'un maire de la capitale donnait la bienvenue fraternelle à un camarade du
parti de Jaurès qui venait d'être investi Chef de l'Etat. Les plus anciens des militants présents à la cérémonie sentaient, comme moi-même, qu'ils n'assisteraient plus jamais à pareil
spectacle. Et ils voyaient, dans le regard un peu trop brillant du premier magistrat parisien, qu'il partageait leur émotion. C'était, pour lui, une manière d'apothéose d'un mandat exceptionnel
marqué par la plus complète des réussites.
Et puis, bien entendu, d'autres sentiments et d'autres inquiétudes. Celles des amis ministrables, assis côte-à-côte au premier rang, mais échangeant peu entre eux, le regard tourné vers
l'intérieur. Les intimes qui osaient venir interrompre ce dialogue silencieux, émettaient tous le même type d'interrogation. Alors? Quel ministère? Je n'en sais rien! Et le plus dur à croire,
c'est que c'était vrai!
Seul Jean-Marc Ayrault avait le sourire entendu et modeste de celui qui connaît son destin. Et s'y prépare dans le secret de ses pensées.
Personne ne s'autorisait à dire son épuisement. L'esprit impose au corps une capacité de résistance insoupçonnable. Et puis voilà qu'il faut déjà retrousser encore ses manches pour les
législatives et pour diriger le pays. Que dire de François Hollande, en apparence toujours d'humeur égale, souriant à l'un, un clin d'oeil complice à l'autre, quelques accolades et de multiples
bises...Quelle journée inénarrable. Avec averses et discours chargés d'émotion, d'histoire.
Et le tonitruant point d'orgue dans le ciel, la foudre frappant l'avion. Pain béni pour les commentateurs qui trouvaient là matière à inspiration: présage d'un coup de foudre avec Angela Merkel?
Ce qui est certain: le nouveau Président que se sont donnés les Français a bien le feu sacré.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
14 mai 2012
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Demain, en recevant le Président Hollande, Angela Merkel devra la jouer modeste. Dans l'affaire du nouveau traité que les Français demandent à renégocier, il lui sera difficile de jouer
l'intransigeance. Tous les faits intervenus ces derniers temps lui recommandent de faire preuve de souplesse et de compréhension. D'autant plus que l'interlocuteur avec qui elle dînera demain est
homme de dialogue et d'ouverture. Mais les réalités sont têtues qui démontrent que l'orthodoxie ultra-libérale a trouvé ses limites. On ne pérennise pas une politique qui perd. Des corrections
significatives sont indispensables si l'on veut éviter la débâcle dont la possibilité met les Européens en alerte, tout en secouant les marchés. Les mesures fortes capables d'impulser un retour à
la croissance sont dans les cartons de la Commission à Bruxelles. Il convient de les étudier d'urgence. Tout le monde attend, anxieusement, des signes dans ce sens.
La position de la France n'est pas échevelée. Elle est au contraire celle de la resposabilité, de la sagesse. L'écouter, puis l'entendre, évitera l'extension de mouvements incontrôlés qui ne
seront pas uniquement électoraux dans un proche avenir. Le désespoir de fortes minorités pourrait conduire à des comportements irrationnels, préjuditiables pour tous. Pour le moment les
Espagnols, les Portugais défilent, derrière leurs syndicats ou à l'appel de groupes informels invertébrés comme les indignados. Dans l'ordre un peu bon enfant.
En Allemagne même les partis traditionnels ne savent pas comment dialoguer avec les pirates qui viennent encore d'obtenir une repésentation dans le Land le plus peuplé et le plus riche
de cette grande démocratie. Ces gens-là disent ce qu'ils ne veulent pas. Mais pas vraiment ce qu'ils souhaitent. En Grèce l'alliance la plus à gauche (dont les PC) s'est enfermé dans une sorte de
"front du refus"qui ne peut conduire que vers l'impasse totale: de nouvelles élections leur seraient pourtant favorables. Leurs électeurs savent (et le disent aux sondeurs), qu'ils engagent ainsi
le peuple hellène sur le chemin de la désespérance. "La raison de la sans-raison qui en moi se fait raison" disait Don Quichotte à Sancho. Avant de foncer sur le moulins à vent.
Reste à prendre en compte le message de Hollande et de tous ceux qui soutiennent (avec plus ou moins de discrétion, mais avec un espoir réel) son argumentation frappée au sceau du bon sens. La
Chancelière n'a plus les moyens de l'arrogance qui a été la sienne, et a déjà causé bien de dégâts.
Antoine Blanca
Antoine Blanca