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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 12:13

Dans les rédactions de la presse internationale, consigne avait été donnée d'accorder enfin une juste place à l'élection présidentielle au Venezuela. Il était temps. Les enjeux n'étaient pas sans importance: enjeu économique dans un grand pays pétrolier, enjeu politique avec, en outre, la personnalité la plus pittoresque, parfois même imprévisible, du monde latino-américain moderne. Un animateur né, un acteur qui sait donner l'impression de toujours improviser, alors que le moindre de ses bons mots a été médité, la moindre de ses phrases évaluée,

Mais pour que les lecteurs s'intéressent à un débat électoral qui leur paraissait, en Europe, si éloigné de leurs préoccupations quotidiennes, il était indispensable de créér un certain suspens. On ressortit donc à la va-vite les vieux dossiers sur le mini-coup d'Etat initial, le complot qui causa sa chute (brève dans la durée), sa complicité affichée avec l'Iran et, sutout sa relation  affective avec Fidel dont il continue, jour après jour, à solliciter le conseil. Au point de confier sa vie aux Cubains quand le cancer se déclara. Qui devait exiger plusieurs interventions chirurgicales, et un traitement, sans doute, de longue durée.

En laissant entendre que Chàvez pouvait être battu par le candidat unique de l'opposition, la presse internationale savait que dans beaucoup de capitales, et pas seulement aux Amériques, on allait retenir son souffle. Mais ça c'était pour le grand public. Dans les chancelleries on savait que, avec 10 points d'avance dans tous les sondages, la mauvaise surprise était impossible. 'Mauvaise surprise' parce que ni à Washington, ni au Mexique, ni à Brasilia, ni à Bogotà, on souhaitait sincèremment la victoire de l'opposition, même momentanément unie. Trop de bouleversements se seraient annoncés, dans une région sensible, alors que l'on va voter dans trois semaines aux Etats-Unis, que la Colombie négocie avec les FARC*, que le Brésil veut de la stabilité autour de lui...Après sa réconciliation spectaculaire avec J.M. Santos, le président colombien, Chàvez ne compte que des amis ou des alliés dans la région. Sa défaite aurait causé une grande confusion. Et cela, chacun le redoute.

Aujourd'hui la seule véritable inconnue touchant au Venezuela est l'état de santé de son président, la vraie nature de son cancer. Et c'est bien la première fois qu'un secret est bien gardé au pays qui vit naître Simon Bolivar.

Antoine Blanca

* Les négociations se déroulent simultanément à Oslo et à Cuba.
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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 10:29

Personnellement je préfère que le Ministre de l'intérieur garde, seul, le contrôle des informations qu'il reçoit en matière de terrorisme, de la communication fournie aux médias, des échanges  avec les services de renseignement des pays amis. Et quand dans un gouvernement de gauche, on a en charge la sécurité  de ceux et de celles qui vivent sur notre sol, il faut veiller à n'utiliser qu'un vocabulaire compatible  avec celui de la République.

Je comprends que Manuel Valls n'a pas la tâche facile. Il sent bien que la gauche sera toujours, quoi qu'elle fasse, accusée d'angélisme, de faiblesse vis à vis des criminels, grands et petits. Alors, comme pour se faire pardonner, par avance, leur laxisme supposé, des élus de gauche se laissent aller à une démagogie sécuritaire choquante. Il ne faut pas tolérer ce type de dérive dans lesquelles on abandonne toujours un peu de son âme. Car, enfin, nous pouvons parfaitement faire montre de compétence et d'efficacité, sans flirter pour autant avec la  xénophobie et le discours islamophobe ou arabophobe.

Un type de discours dont l'application a toujours conduit les gouvernements français droit dans le mur. De Marcellin à Pasqua, de Sarkozy à Guéant les ministres de l'intérieur de droite ont non seulement échoué, mais ont encore introduit  des pratiques condamnables. Valls doit regarder la France de gauche au fond des yeux, et savoir se montrer ouvert et généreux, tout en durcissant son action contre les criminels, et en intensifiant nos moyens de vigilance contre la potentialité du terrorisme inspiré par les extrémistes religieux.

Marine Le Pen se demandait récemment: "combien y-a-t-il de Mohamed Merah dans chaque bateau débarquant des étrangers sur notre sol?". Je la renverrai, pour ma part, à une autre question, bien plus conforme à la réalité: "combien de jeunes français, de religion musulmane, se sentent-ils marginalisés, dans leur propre patrie, par des propos insultants comme ceux de Mme Le Pen ou de J.F. Copé, et dûment chapitrés par des barbus, décident d'adhérer au nouveau djihad prêché par Al Qaïda? *

Antoine Blanca

* Rappelons que Mohamed Merah n'avait débarqué de nulle part. Il était né en France et avait la nationalité française. Il n'avait assassiné que des compatriotes, dont deux soldats de confession musulmane. Il demeure, selon la mère de l'un de ces derniers, que de  jeunes voisins de Mérah persistaient à le présenter à de visiteurs du site comme un 'grand' musulman, un martyr de l'Islam.
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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 11:51

François Hollande parlait avec une passion contenue. Un parterre choisi l'écoutait, qui ne perdait pas un mot de son discours dans ce lieu chargé de symboles qu'est la Sorbonne. Il ne s'agissait pas d'un thème léger a priori: ces Etats Généraux doivent préparer la grande loi sur les nouvelles dispositions destinées à faire revivre, revisiter, la démocratie dans les régions, les départements et les communes. Mais il était évident qu'une sorte de foi profane habitait le Président. C'est à la base, comme maire, conseiller général, président de l'assemblée départementale qu'il avait tenu à faire ses classes. Enarque brillant, jeune conseiller de l'Elysée, il aurait pu survoler ce monde du quotidien provincial. Il voulait, au contraire,  en faire partie, s'en imprégner. Ce n'est pas pour rien que sa victoire présidentielle fut saluée au son de l'accordéon, le président du Limousin étant lui-même à la manoeuvre. A Tulle où prospère encore la dernière manufacture française de production d'accordéons.

Alors la démocratie de terrain, il connaît. Et il aime. Tout discours jugé important est réécrit par François en personne. Entre la remise du projet par ses collaborateurs et le texte final, la différence est sensible, sur le fond comme dans la forme. Mais en l'occurence, à la Sorbonne, le Président de la République était, davantage encore, dans son élément. "En France, aime-t-il à commenter, le pouvoir central peut se permettre de promouvoir lui-même la décentralisation. Depuis des siècles les seigneurs des provinces n'ont fait, par la contrainte ou par la ruse, que céder du terrain politique à la capitale. Avec Richelieu cela constituait l'axe de la politique d'Etat. La Révolution et les deux empires ont définitivement mis à genoux les tentations autonomistes, qu'elles fussent politiques ou culturelles. Depuis 1981 nous avons estimé qu'il était temps de desserrer l'étau". Mais le chantier de la décentralisation est à peine commencé...

En tout cas ce que le nouveau président est en train d'échafauder a de l'allure. Le sarkozysme s'était engagé sur la voie bâclée de la facilité. Il a bien fallu effacer tout cela et repartir à zéro. Cela engage l'avenir des deux générations à venir. On en débat en ce moment même.

Antoine Blanca

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 11:44

Chacun le sait depuis longtemps: la discipline militante n'est pas la première vertu des socialistes marseillais. Encore faut-il que certaines limites ne soient pas franchies. Or elles l'ont été, et avec des chars d'assaut, par une leader locale, multi-cumularde par ailleurs, des quartiers Nord de la 2e ville de France. Le PS a, depuis sa première fondation en 1905, une position limpide concernant la défense et la sécurité  du territoire. Police nationale, police militatisée (gendarmerie) et forces armées appréhendent bien quel est le sens de la mission confiée à chacune de ces forces.

Or l'élue dont il est question plus haut  vient de demander publiquement que les militaires soient appelés en renfort de la police pour exercer un pouvoir de maintien de l'ordre dans certains arrondissements de la cité phocéenne. Imaginons la suite: les blindés Leclerc patrouillant, tous canons dehors, dans les rues de la capitale provençale, des sous-officiers demandant à des citoyens ordinaires de présenter leurs papiers et, s'il le faut, interpellant les récalcitrants. A la recherche de qui? De quoi? De gangsters grands et petits, de truands professionnels, de jeunes voyous en quête de mauvais coup à perpétrer. Une proposition digne d'une république bananière.

Exiger des forces de police plus nombreuses, mieux préparées parce que mieux formés est une chose. Les faire suppléer par des paras, des Chasseurs alpins ou des commandos de marine sent trop la mauvaise blague électoraliste. Ce qu'elle est sans doute. L'élue des quartiers nord a sans doute été inspirée par la mobilisation de militaires, équipés d'armes de guerre, patrouillant dans le cadre de l'opération Vigie/pirate. Une opération de prévention du terrorisme. Nullement une opération de police. En Amérique latine, aux temps pas si lointains des dictateurs en uniforme, l'armée assurait le "maintien de l'ordre", considérant les citoyens comme des hors-la loi potentiels("ennemis de l'intérieur", disaient-ils).

Le PS devrait convoquer l'élue en question et lui assigner, pendant un trimestre, un travail d'intérêt général: assimiler les bases de l'instruction civique républicaine. Après examen en fin d'année, on pourrait de nouveau la relâcher dans la nature. Si elle a bien fait ses devoirs...

Antoine Blanca

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 11:37

La presse est parvenue à imposer cette idée comme allant de soi : la sécurité citoyenne serait avant tout une spécialité de la droite conservatrice. Franchissant un pas supplémentaire dans cette direction, on vous expliquera doctement que la réussite du ministre Valls, tant auprès de l'opinion publique que d'une bonne part des élus de la République, est le résultat de son positionnement supposé à  droite, au sein de son propre parti.

Une manière indirecte d'accepter que la notion de 'gauche' est fatalement liée à celles de laxisme, voire d'angélisme. Rien n'est plus artificiel. La droite, il est vrai, a monté une machinerie médiatique pour faire mousser les rodomontades stériles de ses ministres de l'intérieur, à commencer par Sarkozy lui-même, au point de les faire passer pour des réussites en matière de sécurité. Or le résultat est bien là, quand on regarde les chiffres calmement. La droite a presque toujours échoué. Mais la presse a surtout retenu des mots et des défis verbaux très forts. Du type 'karcher', outil ou produit avec lesquels on comptait nettoyer les banlieues...

En revanche des grands ministres socialistes ont, eux, durablement marqué la Place Beauvau de leur empreinte, par des réformes profondes. Sans remonter à l'immédiate après-guerre (Jules Moch, Edouard Depreux), des hommes comme Gaston Defferre, Pierre Joxe et, dernièrement Daniel  Vaillant (police de proximité) ont mérité le respect de tous les fonctionnaires qu'ils avaient sous leurs ordres. A commencer par les Préfets et les grands policiers.

Manuel Valls ne doit donc nourrir aucun complexe. Rassurons-nous dès à présent : ce n'est pas son genre...L'actuel locataire de l'Hôtel de Beauvau s'est préparé, depuis belle lurette, à exercer les fonctions qu'il occupe. On dit 'premier flic de France', mais on oublie qu'il a en charge, aussi, les collectivités territoriales, les préfectures...Après avoir gagné ses galons dans les grands cabinets ministériels (gouvernement Jospin), il a affronté avec succès le suffrage universel (maire d'Evry, député...).

Alors? PS de l'aile droite? Sans doute: il le revendique d'ailleurs. Ce qui n'est pas en cause c'est sa compétence et, que je sache, sa loyauté vis à vis du Président et de Matignon. Mais déjà des journalistes impatients instruisent un autre procès: faire du jeune ministre un nouvel Iznogoud, ce personnage de bande dessiné, Grand Vizir de son état, qui veut à tout prix 'être Calife à la place du Calife'.

Antoine Blanca 

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 11:51

On me reproche ici et là l'espace, jugé excessif, que j'aurais accordé au Venezuela et au "chavisme" dans mes articles. Après tout, m'écrit-on, il s'agira dimanche 7 octobre de renouveler le mandat exercé jusqu'ici par le lieutenant-colonel Hugo Chàvez, ou d'élire un nouveau Chef de l'Etat. Rien de plus normal dans une démocratie fondée sur la libre expression du suffrage universel. Voilà qui relève du domaine de la théorie. Que l'on passe à la pratique, et ce sera une tout autre paire de manches.

C'est que Chàvez n'est pas un président ordinaire. Pendant ses 13 ans de pouvoir cet officier, qui revendique avec aplomb l'héritage du Libertador de las Américas, Simon Bolivar, Chàvez s'est comporté essentiellement  en leader d'une nouvelle révolution politique, économique et sociale. Il rêve à haute voix de dialogue direct avec les "masses''. Et il s'avère que le paysage a déjà beaucoup changé sur tous les terrains: constitutionnel, médiatique, militaire, diplomatique...Si bien qu'aujourd'hui personne n'est en mesure de prédire ce qui ce passerait dans le pays (et, au-delà, dans la région), en cas de défaite du leader bolivarien. A Washington, en pleine campagne électorale, on se contente apparemment d'observer. mais les notes d'analyse (no papers) s'accumulent qui envisagent les différents scénarios possibles. L'opinion qui prévaut au Département d'Etat est, cependant, que le 'comandante' et ses bérets rouges l'emporteront une fois encore. Et de se préparer, sans inquiétude majeure, à six nouvelles années de cohabitation. Avec toutes les inconnues qu'implique une telle perspective.

Pour beaucoup d'ailleurs, dans les pays industrialisés, les Amériques latines sont devenues terrae incognitae. Le Mexique aura un nouveau président à compter du 1er décembre (il est élu depuis 3 mois déjà...), et il penchera plutôt vers une gauche modérée. La Colombie de J.M. Santos (lui même attendu en salle d'opérations pour un cancer de la prostate) conduit une politique de dialogue avec tous ses partenaires. Le gouvernement de Bogotà négocie, en ce moment précis,  avec les FARC à Oslo et à La  Havane. La paix est peut-être pour demain. Le Brésil est en plein nettoyage de ses plantes pourries, aussi haut placées fussent-elles (aux dernière nouvelles le candidat unique anti-Chàvez se réclame de la présidente Dilma). Invraisemblable mais vrai!  Cela fait en tout cas beaucoup rire les latinos...

 Arrêtons là le voyage: beaucoup de confusion dans un monde déjà bien confus...Quels seraient alors les effets d'une défaite du bolivarisme à Caracas dans un tel contexte?

Premiers éléments de réponse: la semaine prochaine après le dépouillement des bulletins de vote. Et l'étude des derniers bulletins...de santé provenant des médecins cubains qui paraissent avoir sauvé l'hôte du palais de Miraflores*.

Antoine Blanca

* Palais présidentiel vénézuélien

 

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 11:12

L'UMP s'est voulue, dès sa création, force de rassemblement et d'unité de la droite. Quand celle-ci exerce le pouvoir la vocation unitaire s'exprime d'autant plus facilement que le 'chef' du moment sait jouer avec habileté des faiblesses et des ambitions des hommes. M.Sarkozy a su bien gérer ce type de situation. Au cours de ses cinq ans de mandat il a neutralisé le centre, avalé les admirateurs de Villepin, conquis ceux qui se reconnaissaient comme la droite de la droite. A la fin, l'UMP n'admettait plus qu'un 'sauveur suprême', le Président de la République lui-même.

A la veille d'un vote interne décisif pour désigner le patron du Mouvement, alors que Sarkozy a été mis de côté par l'électorat, la droite n'a pu empêcher la réapparition de ses multiples visages. Bien entendu, il y aurait aussi pu y avoir une scission, au moins provisoire. Mais le nouveau système de gestion des partis les plus représentatifs a enfanté aussi d'une nouvelle logique. Le mode de financement de la vie démocratique ne facilite guère la division. Allez donc demander à Hervé Morin, ou à Jean-Louis Borloo ce qu'ils en pensent ! Ils vous répondront la même chose, ensemble ou séparément: avant de discuter idéologie, il est devenu vital de régler les problèmes de financement, de l'attribution des postes de permanents, de locaux et de bureaux, etc... Or l'UMP va tout rafler au moins jusqu'aux prochaines élections nationales. L'indépendance a un coût que les centristes n'ont pas les moyens de s'offrir.

Dans l'immédiat, à travers la compétition Copé/Fillon ce sont les deux branches classiques de la droite qui livrent combat. C'est la loi de la nature politique. L'actuel Secrétaire général de l'UMP s'est positionné comme leader du populisme droitier, celui qui lorgne sur l'électorat FN. Logiquement Fillon, lui, fait appel à la tradition du conservatisme parlementaire, celle qui aspire à une certaine respectabilité, la droite qui répugne à s'éloigner d'un "centrisme" mythique, presque insaisissable, souvent pathétique dans son impuissance. A rester proche enfin des valeurs de la démocratie chrétienne d'après guerre.

Et, c'est inévitable, la lutte entre les deux compères de l'UMP, a conduit Mme Le Pen à durcir son discours pour ne pas permettre le pillage de son patrimoine idéologique: non à l'Europe et à ses institutions, non à la monnaie unique, davantage de xénophobie, quitte à prendre le risque de se voir qualifier d'anti-sémitisme. L'élection du futur président de l'UMP produit des effets en chaîne. Pas forcément prévus ou prévisibles.

Antoine Blanca

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 17:28

Neuf contribuables sur dix échapperont à la hausse des impôts. Un changement radical en France par rapport aux gouvernements précédents. Une singularité aussi par rapport à tous nos partenaires européens. La majorité présidentielle, animée par Jean-Marc Ayrault montre le bon chemin. Et pas seulement aux amis de l'Europe du sud. Le dandy, prétentieux jusqu'à l'insupportable, David Cameron, noyé sous le poids des mauvaise dettes et des gestions déplorables de ses prédécesseurs, ne se consacre, lui aussi, qu'à épargner les privilégiés de la Finance internationale. On peut le comprendre: si le Royaume Uni n'est pas dégradé durement par les fameuses   agences de notation, c'est parce qu'une complicité avérée au sein du monde anglo-saxon est parvenue à atténuer la dure noirceur des réalités. Sans compter que c'est à la City de Londres que se trouve le Graal de l'argent-roi. Avant que l'on ose toucher au gouvernement de sa Gracieuse Majesté, on aura coupé bien de têtes espagnole, grecque, portugaise, voire italienne. 

Quant à l'Allemagne merkelienne, quand on y regarde de plus près dans ses projections productives à court et moyen terme, on constate aussi que son exemplarité tant louée résulte, avant tout, de la surexposition  des plus pauvres (il n'y a pas, en RFA d'équivalent de notre SMIC), et des faciltés données aux fortunés. Nous verrons bientôt, avec regret, que les entreprises allemandes vont être (sont déjà?) durement frappées par la crise.

L'espoir de reprise, de retour à la croissance n'est fondé, dans l'Union européenne que sur la manière française de pratiquer la rigueur et de dire la vérité. Avec un projet de gauche audacieux dans l'actuel contexte économique et social. Pas de démagogie, pas de promesse intenable, pas de fuite en avant vers l'inconnu. Les temps vont être durs, mais toute l'action collective du gouvernement Ayrault démontre que l'on se battra pour chaque emploi menacé, pour soutenir les chefs d'entreprise capables d'esprit d'initiative, pour préparer l'avenir en donnant, par exemple, la priorité à l'Education et aux industries d'avenir. Avant deux ans on pourrait bien voir les premiers signes significatifs de la reprise. Et la majorité des Français aura été épargnée. Mais les vrais messages annonciateurs d'un avenir européen, celui qui  refuse de s'enfermer dans le cercle limité de l'austérité, sont déjà contenus dans le projet de loi qui a été présenté ce matin en Conseil des Ministres.

L'Exécutif français ne fait pas dans l'optimisme béat, mais bien dans l'optimisme raisonné, chiffré, argumenté. Dans le camp d'en face la haine des uns contre les autres est désormais pleinement audible. C'est la limite de sa capacité à débattre des vrais problèmes. Les Français n'en attendent rien de prometteur.

Antoine Blanca

 

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 17:32

Techniquement Hugo Chàvez n'est pas un dictateur. Il a toujours été élu à la régulière, même si c'est dans le cadre d'institutions qu'il a façonnées un peu à sa guise. Dimanche 7 octobre les électeurs devraient lui accorder un nouveau mandat de six ans. En dépit de la présentation d'un candidat unique, l'opposition (droite, centre-gauche, extrême gauche classique), son avance, selon tous les instituts de sondage, devrait être d'au moins 10 points. Il a su utiliser à son avantage l'épisode, toujours ouvert, de ses opérations chirurgicales et la chimio à Cuba. Un cancer qui aurait pu le terrasser définitivement. Je crois que Chàvez a un sens exceptionnel de la communication. D'autant plus productif qu'il y a une grande part de sincérité dans sa relation privilégiée avec les petites gens. Si l'on ajoute le goût pour la mise en scène colorée, on peut conclure que le 'comandante' ne gouverne pas, depuis 13 ans, par effraction.

Mais il n'aime pas être soumis, limité dans l'expression de sa volonté 'révolutionnaire', par des règles qui, estime-t-il , ont été mises en place pour la défense des intérêts des puissants. C'est par réalisme qu'il ne bouscule pas davantage, plus fort, l'aristocratie de l'argent et les représentants des partis traditionnels (Action démocratique, sociale-démocrate, et COPEI, chrétien-démocrate par exemple) qui ont occupé le pouvoir de 1959 à 1999, sans effectuer les réformes économiques et sociales indispensables. Ils avaient pourtant les moyens matériels et politiques de les mener à leur juste terme.

A sa manière Hugo Chàvez a conduit des changements révolutionnaires. Education, santé, logement social. Il contrôle personnellement un vaste réseau de médias sans avoir pour autant touché aux 'fondamentaux' de la liberté de la presse.  Pas plus qu'il n'a pris le pouvoir sur tous les moyens de production et d'échange. Il s'appuie chaque jour davantage sur les forces armées. Et une unité spéciale ne répond qu'au Chef lui-même.

Je ne résiste pas au  rare plaisir de citer le Président vénézuélien, dans une homélie inattendue au cours de la messe télévisée du Jeudi Saint. En plein traitement intense contre son cancer, il s'adressa en ces termes à Jésus-Christ: "...donne-moi ta couronne pour que je saigne moi aussi. Donne-moi ta croix, cent croix, mais laisse moi la vie parce qu'il me reste encore des choses à faire pour ce peuple et pour cette patrie. Ne me prends pas tout de suite...Donne-moi tes épines, donne-moi ton sang. Je suis prêt à les porter le reste de ma vie..." Je relis encore ce bout de texte. Et il m'est toujours difficile d'accepter ces propos si peu 'bolivariens'.

Antoine Blanca

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 11:53

Si l'Espagne va mal dans son ensemble, la Catalogne, hier si prospère, est au bord du précipice. Et tout se passe comme si l'actuel chef de la Generalitat (parlement et exécutif autonomes) voulait accélérer sa chute dans le gouffre.

Artur Màs, après avoir lancé un appel au secours à Madrid et à Bruxelles (les finances de Barcelone sont en lambeaux), a encouragé les traditionnels manifestants de La Diada*, à exiger l'indépendance immédiate. Aujourd'hui il convoque un référendum sur la question, au mépris de la Constitution. Nous sommes nombreux à avoir éprouvé des difficultés à trouver un début de logique à cette démarche. Comme si M.Màs se disait: puisque cela va très mal dans les lignes arrières, faisons en sorte que la situation empire encore devant. Nous voilà en plein délire.

Le PSC (socialistes catalans), qui a longtemps présidé le Generalitat et, depuis le retour à la démocratie, la ville de Barcelone, a dénoncé avec véhémence une fuite en avant qui ne peut s'avérer que dommageable pour une population dure au travail et réputée pour la compétence de ses professionnels. Pour une partie importante de la gauche, il n'y a aucune urgence, face au  drame économique et social européen, à donner la priorité au séparatisme. Un parlementaire catalan de mes amis m'a confié: "Nous avons tout ce que nous souhaitions pour fortifier notre identité nationale et culturelle. Notre drapeau et notre langue sont partout. Les autres espagnols qui nous rendent visite se sentent presque étrangers dans nos villes et dans nos campagnes. Notre drame essentiel est la crise, comme pour tous les autres Européens. L'indépendance n'est pas une solution. C'est même devenu un peu ringard..."

Et il est vrai que les actuels dirigeants de la Generalitat sont observés, par leurs compatriotes, un peu comme de Marsiens. Qu'ils ne s'étonnent pas si on leur demande bientôt de repartir dans leur propre planète.

Antoine Blanca

* La Diada, journée traditionnelle au cours de laquelle les Catalans communient pour une Catalogne libre. Dans les temps de dictature en Espagne c'était une journée revendicative importante.
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  • : Le blog de Antoine Blanca
  • : Blog politique dans le sens le plus étendu:l'auteur a une longue expérience diplomatique (ambassadeur de France à 4 reprises, il a aussi été le plus haut dirigeant de l'ONU après le S.G. En outre, depuis sa jeunesse il a été un socialiste actif et participé à la direction de son mouvement de jeunesse, du Parti et de la FGDS. Pendant plusieurs années il a été directeur de la rédaction de "Communes et régions de France et collaborateur bénévole de quotidiens et revues. Il met aujourd'hui son expér
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