17 juin 2012
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Egypte: Une phase du printemps égyptien va s'achever demain lundi (les égyptiens votent sur deux jours) par la défaite des
révoltés de la place Tahrir. Se présentant comme seuls garants réels de la paix civile, de la réorganisation du pays, les militaires ont repris le contrôle des choses et, en premier lieu, du
processus électoral. Les hauts magistrats qu'ils ont nommés ont recommandé, et obtenu, la dissolution du parlement élu à la fin de 2011. Dominé par la seule force civile organisée, les 'Frères
musulmans', le parlement représentait un obstacle de taille sur le chemin de l'exercice d'un pouvoir totalitaire. Si le premier tour de la présidentielle n'a pas permis l'élection au premier tour
de l'une des personnalités en lice, j'ai toutes les raisons de penser qu'Ahmed Chafik, le dernier premier ministre de Moubarak, ancien Chef d'Etat-Major, sera proclamé élu. La manipulation des
urnes sera à peine nécessaire tant la majorité des citoyens aspire à la fin de ce qu'elle qualifie de désordre permanent. De toute manière, avec la validation de la candidature de Chafik et,
surtout, la dissolution de l'assemblée, le coup d'Etat a déjà eu lieu.
Comme le dit très bien l'éditorial du 'Monde' (16 juin), l'armée:"ne se résigne pas à perdre les privilèges financiers, économiques, sociaux et politiques qui sont les siens". Il s'agit d'une
caste de privilégiés (la même depuis le colonel Nasser), attachée à ses 'clubs de sport et à ses villas', autocrates par nature et par intérêt.
Il faut à présent que les démocrates tirent toutes les leçons de ce revers. Car ce n'est pas une déroute. La bonne graine a été semée. Il faut désormais favoriser avec patience son mûrissement.
Et d'abord en organisant l'unité et l'éclosion de nouveaux dirigeants reconnus.
Grèce: je ne veux rien prédire de définitif. Mais le plus vraisemblable est que la droite traditionnelle de la famille
Caramanlis, sans obtenir la majorité absolue, devienne dans quelques heures la force politique incontournable détenant les clés de toute solution. Le conglomérat de communistes et de gauchistes
qui lui dispute le leadership n'est pas parvenu à convaincre. Ni une majorité de Grecs, ni les grandes capitales européennes. Ni, naturellement, la Commission de Bruxelles. Entre le défi de la
gauche dite 'radicale', et le retour aux 'fondamentaux' les Grecs vont se résigner à remettre aux commandes ceux-là mêmes qui sont les premiers responsables du désastre. Ce n'est irrationnel
qu'en apparence, puisque l'opposition crie sa détresse, proclame son angoisse, mais ne propose rien de concret. Pas même de faire payer les armateurs et l'église orthodoxe grecque. Les très
riches, en parlant vrai.
Un bon signe du destin: l'équipe nationale hellène de foot s'est qualifiée pour le tour suivant de la Coupe d'Europe. Du coup, 'tout devient possible ici et maintenant' (comme le chantait l'hymne
du PS français en 1977 sur une musique composée par Théodorakis). Le sourire peut venir, après tout, des gradins d'un stade de foot polonais ou ukrainien. Quoi, je peux plaisanter aussi un peu,
d'une ligne à l'autre...!!!
France: ce sont des électeurs à bout de force qui vont aujourd'hui aux urnes. On sent bien qu'il était temps de passer du temps
de l'élection à celui de la construction. L'entre deux tours aura été particulièrement minable. Les vrais sujets, ceux chargés de signification réelle, ont été occultés par l'anecdotique. 'Jours
de France' et 'Paris-Match' ont pris le pas sur la presse sérieuse et les journaux de la terre entière ont parlé de nos débats un sourire ironique aux lèvres. Les militants de gauche, colleurs
d'affiches, distributeurs de tracts, animateurs de meetings, ne méritaient pas pareil traitement. C'est à eux, cependant qu'on va faire appel, des demain, à eux qu'on va demander de retrousser
les manches de chemise et de reprendre le porte-à-porte pour convaincre de la force et de la signification du changement.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
15 juin 2012
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Tunisie: mobilisation brutale de salafistes et de voyous ordinaires. Destructions. Autorités débordées. Saison touristique compromise. Situation
économique aggravée. A qui profite le crime? Qui finance ces violences? Les clans ultras sunnites sont très divisés. Grosso modo entre les admirateurs d'Al Qaïda et les partisans de la
prédication pacifique. Et qui manipule les délinquants? Les preuves s'accumulent: ce sont les anciens cadres du 'ben alisme' qui relèvent la tête et murmeurent à l'oreille du peuple ordinaire.
Sur le thème: vous voyez bien ce que cela donne, la démocratie...*
Irak: les fêtes chiites ont été ensanglantées par des attentats d'une ampleur nouvelle. La minorité sunnite, qui avait toujours gouverné jusqu'à
l'invasion américaine, est rendue responsable de ces assassinats massifs. En tout cas l'unité du pays est menacée. Encore une fois qui entretient cette guerre religieuse?
Bahrein: sur cette île-Etat, c'est un régime sunnite qui opprime les chiites majoritaires à 75%. Voilà 14 mois que les manifestations sont
quotidiennes contre le pouvoir. Les morts s'amoncellent. Quand la rue a été sur le point de l'emporter, les automitrailleuses venues d'Arabie saoudite sont arrivées et ont tiré à balles réelles.
Massacres. Retour au calme des cimetières dans les banlieues chiites.
Syrie: la tragédie continue et personne ne détient la clé de la solution. L'opposition n'a pas de visage et ne peut garantir un régime stable ni,
en cas de victoire des insurgés, que les massacres ne concerneront pas les minorités alaouites (secte chiite à laquelle appartient Bachar) et autres soutiens du régime des El Assad. Qui garantira
les énormes intérêts russes, la stabilité de la région? Personne. Donc pas de paix durable à l'horizon.
Liban: au sud, les chiites du Hezbollah possèdent les meilleures forces armées du pays et participent indirectement au gouvernement. Les autres
minorités disposent de milices motivées et bien entraînées. L'Armée officielle est en état d'alerte permanente. Qui tirera le premier?
En fait les rodomontades que l'on entend dans les cercles parisiens prétendent, à l'image de l'inénarrable BHL, simplifier le panorama. La référence à la Libye (où rien ne se passe bien
d'ailleurs) relève de l'absurdité. Les pays que je viens de citer ne sont pas des déserts avec quelques villes sur le littoral et des points d'eau dispersés dans les dunes. Derrière les guerres
de religion il y a d'énormes intérêts pétroliers, stratégiques, commerciaux. Il y a l'Arabie saoudite et ses puissants services secrets, Israël et son Mossad, l'Iran et sa capacité de tout
bloquer dans l'est de la Méditerranée.
Les puissants du monde sont les plus démunis dans cette guerre qui ne dit pas son nom et qui n'a pas de ligne de front. On n'y décerne que des ombres quand les vrais adversaires avancent, ou
reculent, toujours masqués.
Antoine Blanca
*En Egypte les électeurs s'apprêtent à élire à la tête de l'Etat le dernier Premier ministre de Moubarak. Au nom de la sécurité des biens et des personnes...
Antoine Blanca
14 juin 2012
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J'ai entendu des contre-vérités inacceptables concernant l'attitude de Danielle Mitterrand pendant les quatorze ans de présidence de son époux. La plus tristement notable est sortie de la bouche
d'une Ministre déléguée (aux Français vivant à l'étranger, je crois), Madame Yasmina Benguigui.
Se prévalant du fait qu'elle avait travaillé à France-Libertés (Fondation Danielle Mitterrand), elle a affirmé sur une chaîne de télé que Danielle "était en désaccord sur tout avec son mari, en
tout cas en matière de politique extérieure". Elle en concluait que Valérie Trierweiler n'avait fait qu'agir avec la même liberté de ton et de pensée. Absurde, car ce qui est cause de scandale
aujourd'hui ce ne sont pas les opinions, mais leur expression publique en contradiction avec la politique du Chef de l'Etat. Or Danielle Mitterrand gardait pour elle et pour son entourage intime
ses désaccords (essentiellement sur des thèmes de 'droits de la personne'). Elle ne faisait pas de communiqué (à cette époque les tweets n'existaient pas).
Et, même en privé, elle n'abordait jamais des sujets sensibles, susceptibles d'embarrasser son mari. L'Amérique latine, oui. Mais jamais l'Afrique de l'Ouest ou, d'une manière
générale les pays francophones et lusophones. Jamais non plus était-il question des pays nord-africains ou arabes en général. Là-dessus, jamais d'article dans ses bulletins ou sa revue. En
quatorze ans, donc, on n'a noté aucun geste de nature à fragiliser le Président. La politique intérieure n'était en aucun cas sujet de discussion.
Alors comparons ce qui est comparable. Sans compter que nous avions alors affaire à une vraie militante de gauche, ancienne résistante (dès l'âge de 17 ans) qui avait accompagné son mari dans
toutes ses traversées du désert et partagé les épisodes les plus douloureux de sa vie d'homme public.
Comme en outre Madame Benguigui est apparue bafouillante, incapable de construire une phrase, visiblement en contradiction sur un thème de brûlante actualité avec l'énergique appel à la prudence
lancé par le Premier Ministre, je recommande que l'on se passe de ses services si, comme il y a lieu d'espérer, la majorité de gauche est reconduite le 17 juin. Elle pourra ainsi continuer à
tourner de mauvais films et nous à ne pas les regarder.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
13 juin 2012
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Contre le gouvernement socialiste de M. Zapatero le parti unique de la droite, le Parti Populaire, n'avait pas de mots assez durs pour dénoncer son supposé manque d'efficacité, voire son
incompétence. Pourtant, quand vint le moment du renouvellement des Cortés (leur Assemblée Nationale), l'opposition d'alors, dirigée par Mariano Rajoy ne présenta aucun programme cohérent et
chiffré.
Certes, ses représentants firent des promesses générales:
Ils ne garantiraient pas les déficits des banques avec de l'argent public; ils n'augmenteraient pas l'impôt sur le revenu; ils ne faciliteraient pas les licenciements; ils ne diminueraint pas les
budgets sociaux (santé, éducation etc...); ils n'augmenteraient pas la TVA; ils ne réduiraient pas les traitements dans la fonction publique, les pensions des retraités, les allocations aux
familles.
Sur la totalité de ces points, ils ont failli. Après cinq mois de pouvoir conservateur, la preuve en est faite. Mais faute de programme électoral, le nouveau pouvoir peut aujourd'hui jurer qu'il
ne s'était engagé sur rien de précis. On tente de dissimuler, mais personne n'est convaincu par la manipulation. Surtout quand on apprend que cent milliards vont être apportés pour sauver les
deux plus grandes banques, assurant les citoyens, la main sur le coeur, que cet énorme accroissement de la dette publique ne coûtera rien au contribuable.
On peut, bien entendu s'interroger: pourquoi les électeurs ont accordé leur confiance aux amis de M.Rajoy, lui ont même signé un chèque en blanc. Besoin de changer? Besoin de croire dans les
recettes ultra-libérales en pensant que le réformisme social avait échoué? Ils affirmaient, il est vrai, avoir les recettes pour améliorer la situation de l'économie et faire baisser le chômage.
Mais dans le même temps ils avaient dirigé en maîtres 13 régions autonomes sur 17 (la droite nationaliste catalane est par ailleurs aussi au pouvoir avec une dette record par tête d'habitant)
avec des résultats désastreux que dénonce avec force, désormais, la Commission de Bruxelles.
On connaissait donc l'incapacité de ces gens à gouverner de manière responsable et honnête. Aujourd'hui les Espagnols, victimes des banques et de la grande finance vivent un cauchemar.
Il n'empêche que M.Rajoy persiste dans sa négation de la réalité. Affirmant même n'avoir appelé personne à l'aide! Chef désormais de l'opposition socialiste M. Rubalcaba a fait le choix de la
critique constructive, de la contre-proposition sur tous les thèmes en débat. Mais il du mal à masquer son désarroi devant l'aplomb dans le mensonge de la nouvelle direction du pays.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
12 juin 2012
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C'est entendu: tout citoyen est libre, dans la France républicaine, de manifester ses opinions et ses sympathies. Valérie Trierweiler comme les autres. Mais son statut a changé depuis le 6 mai.
Il est officiel et le moindre de ses gestes, de ses mots, de ses choix est susceptible d'être scruté et interprété. Elle l'a accepté de facto en se montrant aux côtés du Président dans toutes les
cérémonies de prise de fonction et dans son voyage aux Etats-Unis. Elle savait donc ce qu'elle faisait en apportant son soutien public, dans un duel électoral qui focalise l'intérêt de toute la
presse, à celui qui défie le choix institutionnel de son parti pour une circonscription deCharente-Maritime. Choix qui a été, rappelons-le, majoritairement ratifié le 10 juin par les électeurs de
gauche du premier tour. Madame Trierweiler est journaliste de profession et ne pouvait ignorer que sa démarche risquait d'avoir une répercussion négative, non seulement sur l'image de son
conjoint, Chef de l'Etat, mais aussi sur la campagne de tous les candidats de gauche en lice pour le tour décisif des législatives. Tout ce charivari pour donner le coup de pied de l'âne à
l'ancienne compagne de François Hollande (mère de ses quatre enfants). Elle a détourné le débat électoral de ses véritables enjeux. Pitoyable. Et, à mon sens, elle s'est disqualifiée pour occuper
une place aussi visible dans le protocole de la République.
Ce qui a les apparences d'un vaudeville que Feydeau aurait raté, est pourtant devenu une affaire politique d'actualité. La droite n'en espérait pas tant, à l'image des déclarations des compères
Raffarin et Bussereau qui se vengent sans doute d'avoir été, si souvent, électoralement humiliés en Poitou-Charentes par la candidate PS de La Rochelle.
Hollande jugera au moment opportun de la bonne décision à prendre. Il se serait bien passé d'un tel coup bas venant d'un être proche.
Le PS devra aussi, pour sa part, revoir sa copie concernant la méthode de désignation de ses candidats. Certains d'entre eux ont été choisis de manière jugée autoritaire par la base locale.
Certainement en contradiction avec l'esprit qui a présidé à la primaire citoyenne. Sinon pourquoi y a-t-il eu autant de "candidats dissidents"? C'était un peu le cas à La Rochelle. Mais comment
excuser le geste médiocre de Madame Trierweiler, expression même d'une sottise insondable, affection contre laquelle il a toujours été difficile de lutter.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
12 juin 2012
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La presse aime à parler de miracle en matière économique, quand elle veut frapper les esprits de ses lecteurs. Et qu'elle a du mal à expliquer rationnellement une situation nouvelle, et son côté
spectaculaire. En Europe, depuis la fin de la guerre, nous avons eu droit à une belle série de prétendus dons célestes.
Cela a commencé avec l'Allemagne. Presque totalement dévastée en 1945, son peuple affamée, son économie ruinée, elle était redevenue puissance dix ans plus tard. Ceux qui ont suivi l'événement
(jeunes, laissez-nous radoter un peu), se souviennent de la stupéfaction de l'univers sportif quand la RFA gagna la Coupe du monde de foot en 1956: cela donna prétexte à l'éclosion de mille
articles sur le thème du 'miracle allemand'. Il y en aura bientôt beaucoup d'autres, moins spectaculaires, mais tout aussi remarqués à l'échelle de notre continent. Italie, Irlande, Portugal et,
pourquoi pas, Espagne*. Tous ont connu, plus tard, des déchirements. Forcément douloureux. Même la glorieuse Allemagne a expérimenté ses périodes de remise en ordre dramatiques.
Il semble que le Très Haut n'autorise de miracle que passager. Sinon, où serait son omnipotence, son omniscience?! Alors, pendant que la Grèce essaie d'éviter le naufrage mortel, c'est
aujourd'hui l'Espagne qui est en haut de l'affiche. Avec le voisin portugais qui fait la g... s'estimant plus maltraité encore...alors qu'il avait fait preuve de davantage de prudence.
Morale de l'histoire, n'en déplaise aux amateurs de gros titres, les miracles n'existent pas. Pas plus à Fatima qu'à Compostelle. Ne comptons que sur nous, pauvres mortels, pour nous sortir des
pires embarras. Les Espagnols ont été pressés par leurs banquiers d'emprunter massivement pour devenir propriétaires de leurs logements. Et, pour les plus fortunés, de proposer leur hospitalité,
contre juste rétribution, à des millions de touristes. Aujourd'hui les banquiers vont être dépannés à coup de dizaines de milliards. Et les petits endettés paieront, comme toujours, la facture.
Double facture: car ils souffriront ( et avec eux tous les amoureux de la péninsule) en prime, de voir leur paysage maritime à jamais défiguré. Et, dans ce domaine, les miracles n'ont jamais été
même annoncés.
Antoine Blanca
* L'Europe n'est pas la seule concernée par la miraculite. Des miracles ont prétendûment illuminé le Brésil, l'Inde, l'Indonésie et, si on ose le dire pour un pays marxiste-léniniste, la
Chine Populaire. Au Brésil, les miracles sont récurrents. Ne dit-on pas:"le Brésil a été, est et sera toujours, un pays d'avenir!".
Antoine Blanca
11 juin 2012
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Officiellement le mot d'ordre au PS est: rien n'est gagné! Restons plus que jamais mobilisés pour le scrutin décisif. Cette préoccupation est légitime. Mais le petit correspondant de guerre que
je suis peut le dire à son petit groupe de lecteurs: non seulement la gauche l'a emporté d'ores et déjà, mais encore le PS disposera-t-il, à lui tout seul, de la majorité absolue. Les projections
ne peuvent à ce point se tromper qui lui donnent 283 sièges en fourchette basse et 315 au maximum. La réalité sera, au soir du 17 juin, autour de 300 députés entre socialistes et proches alliés.
Je sais que certains de mes amis le regretteront, ceux qui estiment qu'il ne faut pas donner trop de liberté à un seul parti. Je crois au contraire que, connaissant les difficultés qui nous
attendent et les adversaires que nous devrons affronter (en France, en Europe, à la City de Londres, à Wall Street...), il est vital pour le nouvel exécutif de ne pas avoir à batailler aussi dans
ses propres rangs.
Nous sommes bien conscients aussi de la bonne survie de la droite dite parlementaire. C'est une catégorie qui, dans le passé, n'a jamais été mise totalement en déroute. Battue plusieurs fois,
mais jamais éreintée comme le furent les partis de gauche à plusieurs reprises depuis 1958 (année où, avec 18% des voix, le PCF n'obtint que 10 sièges et le PS-SFIO, avec 15,5%, que 41, tandis
que les divers partis de droite se régalaient avec près de 500!). La droite et le centre, unifiés ou pas, n'ont jamais été plongés dans un tel abîme. C'est structurel, presque institutionnel.
Alors dimanche prochain ces dignes personnages pourront redire qu'ils ont "sauvé la face". 240 députés pour l'UMP et ses alliés, c'est convenable. On pourra tout de même rappeler que certains ont
eu vraiment chaud. Et souligner, à titre de symbole, la "fuite de Sarthe" de l'ex-Premier Ministre François Fillon. On sait aujourd'hui que ce qu'il fuyait, c'est une humiliante défaite dans sa
circonscription de Sablé où le nouveau ministre de l'agriculture a mis la droite en pièces. L'ancien occupant de Matignon avait fait procéder à un savant redécoupage, ce grand homme pieux, et
préparé son atterrissage sur une piste bien balisée: 5e, 6e, 7e arrondissements, bien ciselés pour n'inclure que les parties les plus sûres. Et malgré cela, il a été mis en ballotage....
Antoine Blanca
Antoine Blanca
8 juin 2012
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Tout se passe comme si la campagne présidentielle, plus longue que de coutume du fait, essentiellement, de la 'primaire citoyenne' de la famille socialiste, avait épuisé énergies et imaginations.
Finis les grands rassemblements en forme de shows gigantesques, les mises en scène hollywoodiennes, les face-à-face musclés et les audiences exceptionnelles des débats télévisés ou radiodiffusés.
C'est la logique de nos institutions. A tort ou à raison (et l'expérience tend à démontrer que c'est 'à raison') l'essentiel est joué une fois le Président installé à l'Elysée. Depuis que le
mandat du Chef de l'Etat a été réduit à cinq ans, sa durée coïncidant avec celle de l'Assemblée Nationale, une cohabitation signifierait que les électeurs désavouent leur propre vote à quelques
semaines d'intervalle. Tel ne fut pas le cas lors des trois cohabitations précédentes (86-88, 93-95 et la dernière, résultant d'une dissolution inattendue, à partir de 1997).
On sent aujourd'hui comme un besoin de pause électorale. Il y a un sentiment largement partagé de devoir donner priorité à la lutte contre la crise. Crise économique et crise européenne. La mise
en application du programme de François Hollande implique un énorme travail législatif. Accompagné d'une action diplomatique intense à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Europe. Les électeurs
ont fait leur choix principal le 6 mai. Et rares sont ceux qui pensent qu'ils vont se déjuger les 10 et 17 juin. Mais il faut avoir à l'esprit que, en ces deux occasions, ce sont 577
mini-élections présidentielles qui se jouent dans autant de circonscriptions. Avec une infinité de candidats et beaucoup d'inconnues.
Il est plus que souhaitable que la mobilisation soit forte dans les urnes.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
7 juin 2012
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Le Parti socialiste né au Congrès d'Epinay/s/Seine en 1971, non seulement mit François Mitterrand à sa tête, mais adopta une nouvelle stratégie de gouvenement: l'Union de la Gauche, c'est à dire,
pour l'essentiel, l'alliance avec les communistes. Depuis 1965 les socialistes avaient intégré, non sans douleur, la nécessité d'élaborer leur politique autour de l'élection présidentielle. Sans
le reconnaître explicitement le nouveau chef du PS avait renoncé aux théories par lui développées dans son ouvrage "Le coup d'Etat permanent". Il allait renvoyer la constitution gaullienne en
boomrang à la droite. Le programme commun de la gauche devait permettre, estimait-il, non seulement de rééquilibrer les forces, mais encore faire du PS le premier parti de France. Sa
démarche s'avéra être la bonne. En pleine guerre froide, il avait dû faire preuve de beaucoup de pédagogie à l'échelle internationale.
Aujourd'hui c'est une nouvelle stratégie qui s'est imposée sur le terrain, presque en catimini, du fait de l'affaiblissement accéléré du PCF. Les socialistes ont acquis la certitude que leurs
alliés traditionnels sont à bout de souffle électoral. Les résultats des européennes avaient mis par ailleurs en avant les écologistes. Et le PS, impressionné, a jugé indispensable de
signer avec les Verts un pacte de gouvernement. Selon les derniers sondages il devrait être suffisant pour donner à François Hollande les moyens d'appliquer le programme sur la base duquel les
Français l'ont élu.
Chacun sait (surtout les maires socialistes qui les ont intégrés dans leur majorité), que ce sont des 'clients' compliqués, souvent imprévisibles. Il faudra les surveiller comme le lait sur le
feu. Le PS a signé avec EELV un accord très élaboré qui pourrait permettre à cette formation composite de compter sur un groupe à l'Assemblée Nationale. Compte tenu du résultat de leur championne
à la présidentielle, les socialistes paraissent avoir fait preuve de beaucoup de mansuétude.
Et le Front de gauche PCF-Mélenchon? Je pense qu'il serait souhaitable de créer les conditions de leur intégration à la nouvelle majorité. Nous sommes habitués depuis longtemps à travailler avec
les communistes. Il reste que leur candidat présidentiel, tout venu du PS qu'il soit, est une sorte de parti à lui tout seul. Une inconnue explosive. Nous verrons bien ce qu'il en sera le 17 juin
au soir.
Antoine Blanca
Antoine Blanca
6 juin 2012
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Stéphane Guillon était pathétique, samedi dernier, dans sa pitoyable tentative d'imiter François Hollande. Excellent sur tous les autres sujets l'artiste manque d'inspiration avec les hommes et
les femmes du nouveau pouvoir. Ses confrères et consoeurs, de ce petit univers sympathique de l'humour vache, ne réussissent pas mieux leur adaptation. Les"Guignols de l'info" peinent
visiblement qui n'ont eu d'autre idée que de ressortir du placard Sarkozy et Chirac, illustres retraités, pour boucher leurs trous béants de créativité. Tous font partie de cette catégorie
professionnelle, animatrice parfois géniale de la vie démocratique. Elle est à la recherche d'un nouveau souffle. Sans oser le dire, ils sont, d'une certaine manière, orphelins de Sarko.
C'est qu'à lui tout seul il assurait le spectacle. Source inépuisable d'inspiration, il faisait et refaisait l'événement, inventait des polémiques comme il faisait voter des lois nouvelles à tout
bout de champ, pour les abandonner le plus souvent, en fonction de l'actualité. Ce temps béni est terminé et le travail de fond va vraiment commencer après les législatives. Ni le Président, ni
son premier ministre n'ont le goût du gadget. Les commentateurs ont tort, à mon avis, de croire que ces deux hommes font de la 'com' quand ils se comportent avec simplicité. C'est leur nature,
leur mode de vie. Il suffit d'aller à Tulle ou à Nantes pour s'en convaincre en interrogeant les citoyens qui les connaissent depuis des années.
Ce ne sont pas des bêtes de scène. Sarko manque même au 'Canard' qui se voit contraint, aujourd'hui, de faire sa "une" sur une Martine Aubry qui chercherait à saboter son propre parti par esprit
de vengeance, en parlant impôts...même si elle le fait dans les termes mêmes utilisés par François pendant la campagne! Nous avons connu notre palmipède préféré mieux inspiré.
Malheureusement pour tous ces amis talentueux, les hommes politiques n'ont pas pour seule vocation d'inspirer les humoristes. Les meilleurs d'entre eux trouveront vite leurs nouvelles marques.
Quant aux autres...ce sera la sélection naturelle des espèces qui rendra son verdict.
En attendant, reconnaissons-le, la campagne des législatives manque un peu de piquant.
Antoine Blanca
Antoine Blanca